Alors qu'il s'asseyait à sa place, un camarade se jeta sur sa table, le faisant sursauter. Ce dernier ria de sa réaction avant de repartir, sans rien ajouter. Encore surpris, le jeune homme sourit pourtant timidement, prenant cette blague avec amusement.
Le professeur arriva, la classe se calma puis le premier cours commença. Soudain, il sentit un coup dans sa chaise. Il se retourna, interrogateur.
-T'es trop près, grogna son camarade.
Complaisant, il avança légèrement sa table afin de ne plus gêner le garçon derrière lui. Il l'entendit rire mais ne releva pas. Puis, on frappa à nouveau dans sa chaise. Il se retourna une fois de plus.
-T'es pas assez loin !
Et avança donc de nouveau sa table. Le professeur le regarda de travers mais ne dit rien.
Il notait minutieusement les paroles de l'adulte lorsqu'un nouveau coup fit partir sa mine sur le papier, laissant un trait d'encre sur toute la longueur.
-T'es toujours près, râla-t-on dans son dos.
Il poussa donc sa table. Le professeur, agacé par son petit manège qu'il ne comprenait pas, se plaça devant lui.
-Tu avais l'air de vouloir à tout prix te rapprocher du tableau, laisse-moi t'aider.
Il attrapa alors le petit pupitre et le tira afin de le plaquer contre le mur. Alors que le pauvre élève désemparé portait sa chaise jusqu'à son autre moitié, les rires de ses camarades l'accompagnaient.
Dos à toute la classe, le cours repris. C'est alors qu'il vit une boule de papier rebondir contre le mur. Il se retourna pour voir le garçon qui avait tant voulu qu'il s'éloigne lever une feuille : « Même de là-bas tu pues ». Le professeur le vit et s'empressa de récupérer le papier. Après l'avoir lu à voix haute, il dit, l'air gêné.
-C'est vrai que tu devrais faire des efforts, au moins pour tes pauvres camarades.
Le concerné baissa la tête, honteux.
La pose sonna et les élèves se réunirent en bande pendant que le jeune homme contre le mur restait à sa table, n'osant pas se retourner. Puis, il entendit une conversation.
-A toi Mélanie ! Action ou vérité ?
-Action.
-Mmmmh... va embrasser Poisson !
-Quoi ? Mais t'es fou toi, il est trop moche.
-Justement c'est drôle !
-Hors de question, je ne veux pas avoir la même halène que lui.
Le surnommé « Poisson » se leva soudain, faisant racler les pieds de sa chaise contre le sol. Alors qu'il ouvrait la porte, il perçu des voix derrière lui.
-Bah tu vas où ?
-Tu nous aimes pas ?
-On n'est pas assez bien pour toi ?
Il partit alors en courant, l'adrénaline faisant frissonner son corps lorsqu'il entendit les pas que le suivait. Il s'apprêtait à rentrer dans un cabinet lorsqu'un bras passa à côté de lui et fit claquer la porte, l'empêchant de l'ouvrir. Un souffle lui caressa l'oreille et il ferma les yeux, horrifié.
-On voudrait jouer avec toi, lui chuchota-t-on.
Son corps se mit à trembler et si le garçon qu'il tenait la porte ne l'avait pas attrapé par le col pour le retourner et le plaquer à son tour, il se serait surement effondré. Son camarade lui cracha au visage et ceux qui l'avaient accompagné exultèrent. Après l'avoir frappé, il le lâcha et siffla, signal pour que les autres puissent à leur tour en profiter. Il se recroquevilla par terre, les yeux obstinément fermés, et se prépara aux coups qu'il allait recevoir. C'est alors qu'une voix fit silence.
-Qu'est-ce qu'il se passe ici ?
Soudain rempli d'espoir, il se releva et accouru vers le professeur.
-Ils s'apprêtaient à me frapper et...
-Tais-toi, ce n'est pas à toi que je parlais, répondis l'adulte en le giflant.
Cette claque le fit sursauter et il se redressa d'un coup, en sueur. Ne comprenant tout d'abord pas pourquoi il faisait si noir, il se rendit ensuite compte qu'il se trouvait dans son lit. Loin d'être rassuré de réaliser que tout cela n'était qu'un cauchemar, il se mit en boule sous sa couette, serrant son coussin, et se mit à pleurer.
Il pensa : « Je ne veux pas aller en cours demain... ».
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Dans ma tête
NouvellesMélange de toutes petites histoires plutôt sombres qui me passent par la tête. Tout et n'importe quoi s'y entrechoquent pour former ce livre aux multiples personnalités.