Je marchais dans la rue, calmement et indifférant à tous ces bruits caractéristiques des villes. Dans ma tête la dispute avec mon père se répétait en boucle. Pour la millième fois je lui avais reproché de ne pas se prendre en main, de ne pas essayer de survivre, de me laisser seul.
Depuis qu'il ne pouvait plus travailler à cause de sa maladie, il s'était mis à se droguer. Ma mère avait essayé de l'aider, de le raisonner, est même allée jusqu'à lui couper tout accès à son argent et l'enfermer. Malheureusement, il a toujours trouvé un moyen pour s'en procurer. Il passe toutes ses journées sur le canapé, à moitié lucide. Il me fait penser à un cadavre.
Bien que nos disputes soient devenues fréquentes, celle-ci avait été particulièrement violente. Je l'avais pas mal insulté, traité de bon à rien et de raté, j'avais beaucoup crié. J'avais même faillit le frapper...
A cause de lui, ma mère était partie. Je voyais que cette histoire la fatiguait de plus en plus, mais jamais je n'aurais pensé qu'elle m'abandonnerait. Elle était parti dans la journée, sûrement pendant que mon père était à demi conscient dans le salon, et avait laissé une ridicule lettre. Elle expliquait son choix, s'excusait et répétait un nombre incalculable de fois qu'elle nous aimait. Ca m'avait mis hors de moi.
Comme j'étais plus calme et qu'il commençait à faire nuit et à faire vraiment froid, j'avais décidé de rentrer chez moi. J'allais retrouver mon père complètement shooté, manger, aller dormir, me faire réveiller par cet ogre affamé, me rendormir pour aller en cours quelques heures après, puis j'allais rentrer chez moi et revivre tout ça. Encore et encore.
J'ouvris ma porte et entrai dans le salon avant de m'arrêter, pétrifié. Devant moi, le corps de mon père pendait. Je voyais cet amas de vêtements qu'il portait toujours depuis que l'on avait plus de chauffage et ses mains et son visage complètement blanc faiblement éclairés par la lumière extérieur. Je n'osais pas allumer la lumière, cette simple vue me terrifiait. Je ne pensais plus à rien. Je le fixais juste. Après un certain temps, peut-être juste deux minutes, peut-être une heure, je clignai des yeux comme si je me réveillais. Mes jambes me lâchèrent soudain et je me retrouvai à genoux sur le carrelage, une boule horrible dans le ventre et l'atroce envi de pleurer.
Maintenant, je suis seul.

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Dans ma tête
Short StoryMélange de toutes petites histoires plutôt sombres qui me passent par la tête. Tout et n'importe quoi s'y entrechoquent pour former ce livre aux multiples personnalités.