Chapitre 29 - Aramis

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Aramis ne perdit pas une seconde et se mit à la poursuite de Mayri. Elle courrait étonnamment vite pour une fée… bien trop vite… Mais il n’avait pas le temps d’y penser. Il l’entendait encore murmurer son nom contre ses lèvres.
– Mayri ?
Il cria, mais elle ne répondit pas. Il se guidait de sa magie et de leur lien pour la retrouver, mais elle était déjà loin. Elle ne courait aucun danger, en théorie, mais elle avait pris le chemin du territoire des loups, et certains étaient en plein entraînement. Il l’appela à nouveau, et cette fois-ci, elle lui répondit.
Par un cri.
Aramis poussa les branches qui barraient sa route en accélérant. Lorsqu’il fut enfin à son niveau, elle faisait face à un loup qui montrait les crocs. Il plongea dans son esprit. Louis… C'était Louis… Mayri devait seulement se calmer et…
Elle venait d’envoyer un jet de flammes à côté du loup. Elle ne pensait pas à mal, elle était terrifiée. Tout comme Louis. Il allait lui parler calmement, mais elle préparait déjà de nouvelles flammes et cette fois-ci, la trajectoire serait parfaite, et mortelle.
– Non ! cria-t-il en poussant Mayri.
Elle tomba sur le flanc, alors qu’Aramis réunissait toute l’humidité de la forêt pour projeter de l’eau sur le feu.
– Va-t’en Louis ! ordonna-t-il au loup qui gémit avant de s’enfuir.
Aramis se précipita vers Mayri après avoir vérifié qu’aucun loup susceptible d'être emporté par son instinct animal soit à proximité. Elle se frottait l’épaule mais n’était pas blessée. Le corps du penseur tremblait de peur à l’idée que Mayri ait pu se faire déchiqueter par les crocs acérés de Louis.
– Par la grâce de la magie personne ne t’a prévenu de ne pas dépasser la limite ? s’emporta-t-il.
Elle leva un regard furibond vers lui. 
– Qu’elle limite ?
– Celle qui empêche les loups qui s'entraînent à se balader partout ! Certains se contrôlent moins que d’autres ! Tu n’es pas la seule qui a du mal avec la magie dans cette école ! cracha-t-il.
Mais il le regretta aussitôt. Le regard de Mayri se vida, et elle se leva. Ses filaments s’étaient soudain affaissés. De rouge vif, ils avaient viré au gris. Aramis grogna. Il détestait ne pas savoir ce qu’elle pensait, et les filaments ne donnaient que des informations floues !
– Attends Mayri !
Il se plaça devant elle pour l'empêcher d’avancer, et elle détourna le regard pour qu’il ne voit pas les larmes qu’elle retenait.
– Je suis désolée. J’ai eu peur.
– Je savais pas que c'était Louis…
– Je sais.
– J’aurais pu le tuer…
Elle regarda ses mains comme si elles étaient couvertes de sang. Cette vision brisa le cœur d’Aramis et il la prit dans ses bras. Elle se laissa faire, et se blottit même davantage contre lui. Leurs magies vibrèrent en cadence, satisfaites et il passa sa main dans ses cheveux blond pour la rassurer.
– Je t’ai fait mal ?
Elle secoua négativement la tête contre sa poitrine et il soupira de soulagement.
– Je veux rentrer, murmura-t-elle.
– On va rentrer alors.
– Seule.
Aramis ignora la douleur dans sa poitrine, mais n’insista pas. Il la garda dans ses bras un long moment jusqu’à ce qu’elle se sente prête à partir. Il aurait tout donné pour savoir à quoi elle pensait lorsqu’elle s’éloignait entre les arbres. Il l’observa jusqu’à ce qu’elle ait disparu, et même après, il écouta le bruit de ses pas tant qu’ils lui étaient toujours audibles.
Un grognement bas résonna dans son dos, à la limite du territoire des loups et il leva les yeux au ciel.
– Tu aurais pu agir.
Il entendit Néra reprendre sa forme humaine et s’approcher de lui.
– J’étais curieuse.
Il lança un regard presque menaçant à sa meilleure amie.
– Ne fais pas cette tête. Je serais intervenue si tu n’étais pas arrivé à temps, tu le sais.
Il le savait. Il avait senti l’esprit de Néra tapis dans l’ombre à quelques mètres de Louis.
– Et à propos de quoi étais-tu curieuse ?
Elle lui accorda un de ses sourires parfaits qui rendait fou n’importe qui.
– Je voulais savoir si elle courait parce qu’elle t’avait embrassé, ou parce qu’elle ne l’avait pas fait.
Il leva à nouveau les yeux au ciel.
– Et à en juger par sa réaction, tes lèvres sont encore vierges.
Néra éclata de rire, et il la poussa du bout des doigts mais elle s’était déjà transformée.  Son rire se changea en un grondement sauvage joyeux et disparut avec elle entre les arbres. Il réfréna son envie d'utiliser sa magie pour se venger et la suivit jusqu’au château.

Le Temple de la Tryade - Tome 1 - L'HécatombeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant