Chapitre 9 : La sortie

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Je me réveille dans une pièce semblable à ma cellule de détention au centre. Le sol est couvert de moisi et de sang séché, la pièce est sombre et froide. On doit être le matin comme me l'indique la faible lumière du jour à travers une ouverture dans le mur qui laisse également passer le froid coupant de l'extérieur. Je viens de passer trois jours dans cette salle. Je n'ai pas mangé depuis mon attaque et pour boire, on me renversait le contenu d'un verre par terre une fois par jour que je devais boire à même le sol tel l'animal comme lequel on me considère. Je n'ai pas beaucoup de souvenir de mon isolement, ni des visites fréquentes des hybrides gardes pour me remettre à ma place. Juste les sensations... J'observe sans aucune émotion toutes les traces et les fentes rouges qui prennent place sur mon maigre corps. Je n'avais jamais pris le temps d'observer sa laideur. Je suis rayée de partout dorénavant et la majorité de mes os sont visibles à travers ma peau. C'est toujours comme ça après une sanction. Je suis ouverte partout à l'extérieur et complètement fermée à l'intérieur. Je baisse les yeux et vois la robe que Kira m'avait prêtée. C'est dommage, elle sera déçue de voir sa belle robe fichue... Je la serre contre moi. Une fois bien réveillée, je fais comme durant les trois derniers jours, je m'adosse aux murs et attend patiemment la visite d'un garde. Qui ne tarde pas à arriver. Je me prépare à subir encore une fois.

- Sors, dit-il finalement.


Je devrais être surprise et même un peu heureuse. Juste un petit peu. Mon corps ne ressent plus rien et mon esprit non plus. Je me lève donc et obéis sans un mot, la robe toujours dans mes bras. Un autre garde m'attend dehors. Le premier referme la porte à clé avant de me pousser pour que j'avance. Nous traversons le palais car cette salle est à l'exact opposé des appartements de la princesse, à côté desquels je loge. Il ne faudrait pas qu'ils entendent les hurlements des individus subissant des tortures. Nous arrivons au bout d'une dizaine de minutes dans le couloir dans lequel se trouve la chambre de Kira. Je ralentis le pas inconsciemment, me demandant si je serai toujours à son service après ça. Je dois admettre que dans la vie que j'ai eue, ça a constitué les seuls bons moment. Six mois durant lesquels j'ai été heureuse si je puis dire. Le garde, lassé de ma lenteur balaie l'air avec sa dague me coupant ainsi une partie du visage en passant par l'œil gauche.

- Je t'ai dit d'avancer ! crie le garde avec la dague sortie.


C'est alors qu'une vapeur bleue se forme devant nous et que la forme de la jeune fille de la pièce d'à côté apparaît au centre. Elle a dû être alertée par le bruit. Son visage semble refléter toute la tristesse et l'angoisse du monde. Ses cheveux sont emmêlés et attachés négligemment et elle porte un de ses pulls gris très confortables et un short. Ça me fait de la peine de la voir comme ça... Comme quoi il me reste une part d'émotion en moi. La jeune fille ouvre de grands yeux fasse à la scène devant elle : deux gardes avec de grands yeux surpris de la voir, l'un avec une dague à la main, et moi me tenant la partie gauche du visage avec la main de manière pathétique, tenant son vêtement dans mes bras et salissant le parquet avec mon sang. J'ai l'impression qu'une éternité passe avant que Kira ne s'adresse aux gardes.

- Dégagez, dit-elle tout bas.

- Votre Majesté, nous-

- J'ai dit DÉGAGEZ ! hurle-t-elle finalement.


Sur ces mots, elle sort ses ailes et déploie une énergie et une aura terrifiantes. Je commence à me baisser car mon instinct me pousse à me rapprocher le plus du sol afin d'éviter cette atmosphère. Les gardes déguerpissent et Kira se calme au bout de plusieurs minutes durant lesquelles je commence peu à peu à suffoquer allongée par terre. Lorsqu'elle cache de nouveau ses ailes et qu'elle se tourne vers moi, elle me prend aussitôt dans ses bras avant de nous emmener par ce moyen de transport spécial dans la salle de bain. Il faut dire que je ne suis pas bien lourde. Elle me laisse debout avant de se précipiter vers la baignoire et de faire couler beaucoup d'eau. Elle se redirige vers moi qui n'ai toujours pas pipé mot depuis. Elle m'aide à retirer mes sous-vêtements et à me mettre dans l'eau chaude. Comme elle s'est tachée à cause de moi, elle retire également les siens avant de venir me rejoindre. L'eau chaude me fait un bien fou par rapport à ces trois derniers jours. Mes yeux papillonnent de fatigue avant de se fermer pour de bon.

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