Léa&Kyle - 5

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Le monde avait arrêté de tourné dans cette allée où seul le brouhaha de la ville résonnait. Personne ne se calculait et la moitié d'entre eux se précipitaient vers une seule et même direction. Je m'étais allongée sur la voie d'accès et les voitures klaxonnaient, me menaçant de représailles. Il m'avait encore perdu, sans être à côté de moi il avait réussit à me perdre et je ne réagissais même plus aux conneries des humains qui me faisaient sortir hors de moi auparavant. Depuis combien de temps étais-je partie? Un jour, une semaine, trois mois, quatre ans? Le temps s'écoulait sans que je ne m'en rende compte, je n'étais plus maître de mes actes et ne réfléchissais plus avec mon esprit clair. Mon corps se leva seul sur le goudron abîmé, mes mains vacillèrent, mon majeur se leva suivit d'un de mes plus frustrants sourires. Quel âge avait ce message? Un millénaire, quelques jours, des décennies? Je n'en avais plus la moindre idée. Un homme sortit de sa voiture, leva sa main en l'air puis jura. Il pesait ses mots mais ils n'avaient aucun impact, je tournai la tête mécaniquement vers un magasin, l'ignorant complètement. L'obscurité lumineuse qui régnait autour de nous donnait une ambiance dramatique comme si la mort nous avait emporté et que nous attendions notre sentence. De lourds pas firent trembler le sol sur lequel je me tenais et une ombre se dressa devant moi. Ma peau se fendit sous la pression qui s'exerça sur mon faible épiderme. L'esprit me revint soudain, je fixai l'homme qui m'avait infligé ce bousculement, je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils sous la colère qui prenait le règne total de mon corps, la vie avait reprit son cours. Mes doigts s'entrechoquèrent aux paumes de mes mains en se repliant, mes dents grincèrent dans une symphonie assourdissante et ma vue baissa de niveau. J'aurais tant voulu aller lui régler son compte, il se tenait droit devant moi, le regard hautain, il attendait une réaction de ma part, qu'importe ce qu'elle aurait put être. Mais mon système moteur en décida autrement m'entraînant pleine de rage vers un canal où je m'accroupis devant l'eau polluée de la ville. Le soulagement se fit dans la rue d'au dessus et les voitures reprirent leurs directions diverses dans une cacophonie qui m'était insupportable. Mon reflet se créa à la surface du liquide verdâtre, j'eu un moment de recul tant la pitié avait envahit mon esprit à mon égard. Qu'étais-je devenu le temps d'un instant. Rien, strictement rien. Rien de plus qu'un stupide humain qui se tenait tout comme moi de l'autre côté de ce canal.

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