Chapitre 2

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La semaine avait été éprouvante, et j'aurais été ravie de voir arriver le week-end si ça m'avait permis de me changer un peu les idées. Mais c'était sans compter sur mes parents et leur obsession pour les mondanités.

Je me retrouvais donc, un vendredi soir, étouffée dans une robe de cocktail en satin violine qui laissait découverte mon épaule gauche. Je détestais cette robe, probablement uniquement parce que ma mère l'avait choisie pour moi. Objectivement je savais que je ressemblais à l'archétype de la petite fille riche.

– Pose ce verre Victoria, tu vas passer pour une ivrogne, ma rabroua celle qui m'avait donné la vie.

Margaret Nesori, Marge pour les intimes et mère en ce qui me concernait, m'avait transmis sa grande taille, ses beaux cheveux bruns et son goût pour le luxe. Elle était née dans l'opulence, y avait toujours vécu et s'était assurée que je marche dans ses pas. C'était à peu près tout ce qui nous rapprochait.

Elle me scrutait de son regard perçant, son visage si proche du mien que je pouvais discerner facilement les minuscules marques de piqure entre ses sourcils et sur le haut de son front impeccablement lisse.

J'avalai le restant de ma flûte de champagne d'une traite avant de poser le verre vide sur le plateau du serveur qui se tenait près de moi.

–Satisfaite ? l'interrogeai-je en plaquant le plus faux de mes sourires sur mon visage.

– Fais bien attention jeune fille, les enjeux sont essentiels pour toi ce soir.

Je levai les yeux au ciel en soupirant. Les enjeux de la réception grandiose que mes parents avaient organisée n'étaient pas importants pour moi, ils l'étaient uniquement pour eux et leur place dans la bonne société du Nord des Etats Unis. Ça s'arrêtait là.

– Détends-toi mère, tu vas foutre en l'air tout le travail de ton merveilleux chirurgien, minaudai-je pour la faire enrager.

J'avais fait mouche. Avec ma mère c'était beaucoup trop facile.

– Ton langage jeune fille, gronda-t-elle.

– Je t'en prie arrête avec tes « jeunes filles », j'ai plus de 24 ans et ça a cessé de m'impressionner il y a environ dix ans.

Je n'attendis pas sa réponse et me dirigeai vers un autre serveur qui transportait un plateau de verres remplis d'un liquide ambré. J'en attrapai un et le levai en direction de ma mère qui fulminait toujours dans son coin.

– Mesdames et Messieurs, veuillez passer au petit salon, annonça une voix masculine que je reconnus parmi la foule.

Celle de mon très cher père. Je savais ce qui allait se produire dans le petit salon, je savais que ce serait un mauvais moment à passer mais que je devais faire bonne figure. Je pris une gorgée de la boisson que je tenais toujours dans ma main et faillis m'étouffer. C'était du whisky, probablement délicieux pour les connaisseurs mais infame pour les profanes comme moi.

Je me débarrassai du verre encore presque plein et suivis la foule des convives dans le petit salon à l'ambiance feutrée. Ce n'était pas ma pièce préférée dans le manoir de ma famille, mais je ne la détestais pas non plus. Les murs étaient décorés de vieilles tapisseries qui donnaient à l'ensemble un air de Renaissance italienne totalement factice.

– Chers amis, je suis enchanté par votre présence à tous en cette merveilleuse soirée, commença mon père, captant l'attention de son auditoire.

En retrait au fond de la pièce, alors que je me tenais appuyée contre les étagères pleines de bibelots et de pseudo souvenirs de famille, je ne m'étais pas aperçue de la présence silencieuse à mes côtés.

Brand New Dawn - WilderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant