Brand New Dawn - Wilder

Chapitre 23

Je ne m'étais jamais vue comme quelqu'un d'infidèle. Pourtant je l'avais été. En un sens.

Tout ce que j'avais trahi c'était un contrat. Un morceau de papier sans âme. Il n'était pas question de sentiments au milieu de tout ça et je doutais que ça brise le cœur de Jasper s'il venait à l'apprendre.

Alors pourquoi me sentais-je aussi mal ?

Et le pire dans tout ça, c'était que je n'arrivais pas à regretter ce qui s'était passé. Asher en revanche... je ne pouvais pas en être certaine car je me débrouillais pour l'éviter au maximum, et il semblait en avoir autant à mon égard.

Quand je m'étais réveillée au petit matin, mon lit était vide et froid. Il était parti.

***

Un nouveau bouquet de pivoines roses trônait sur mon bureau à mon arrivée chaque semaine. Les fleurs étaient toujours aussi belles et odorantes. Et je les détestais toujours autant.

Je tentais chaque fois de m'en débarrasser mais c'était comme si ma main était retenue par une force invisible. Cette force je la reconnaissais. La culpabilité.

Je détestais ce sentiment. C'était contre nature et très peu à propos étant donné la « relation » que j'entretenais avec Jasper. Et puis Asher n'avait plus donné signe de vie depuis ce soir-là. Evidemment je l'avais croisé, c'était inévitable. Mais il se montrait distant et il avait probablement raison.

Les semaines passaient, toutes plus mornes et répétitives les unes que les autres. Mon quotidien était rythmé par les quantités astronomiques de travail qu'on me refourguait, les remontrances de ma mère qui me reprochait de me goinfrer à chaque repas que je partageais avec elle et mon père, et le silence glacial dont Jasper m'entourait.

– Victoria ? m'appela une voix fluette depuis la porte de mon bureau.

Je relevai le nez du dossier dans lequel j'étais plongée pour découvrir la silhouette voluptueuse de Faith qui se tenait dans l'embrasure.

– J'ai frappé mais tu ne répondais pas alors...

Je repoussai mes cheveux en arrière et tirai sur mon chemisier pour me donner une contenance. Je n'appréciais pas d'être surprise ainsi même si je ne lui en tenais pas rigueur.

– Oui excuse-moi, je devais être ailleurs. Entre, lui proposai-je.

– En fait je m'apprêtais à partir. Je n'ai pas encore préparé mes cadeaux pour ce week-end et je me demandais si tu voulais m'accompagner faire un peu de shopping.

Comme à son habitude, Faith se montrait aimable avec moi. Je me demandais ce qui l'y incitait, moi qui avais tendance à me montrer si abrupte avec elle.

Parfois, j'avais vraiment la sensation de compter parmi les pires connasses du Nord des Etats Unis. Et puis je me souvenais de mes années passées dans le Sud et je me rendais compte que mon comportement n'avait pas été meilleur.

Quoi qu'il en soit, Faith me tendait à nouveau la main et je n'avais pas le cœur à la refuser. Et puis les fêtes de Noël débuteraient dans moins de trois jours et rien n'était prêt en ce qui me concernait.

– C'est d'accord, allons-y, répondis-je enfin en me levant pour enfiler mon manteau.

***

Mes résolutions qui tenaient à me montrer plus avenante avec Faith vacillaient dangereusement. J'avais beau m'efforcer de passer un bon moment, j'éprouvais de grosses difficultés à maintenir le sourire poli qui étirait mes lèvres.

Faire du shopping avec Faith était probablement l'activité la moins agréable à laquelle il m'avait été donné de participer. Et j'avais été contrainte de faire le ménage à la cafétéria de mon université alors je pesais mes mots.