Chapitre 35

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J'aurais pu le voir venir. J'aurais dû le voir venir.

De bon matin, ma mère m'avait sortie du lit manu militari, m'ordonnant de me rendre présentable et de la rejoindre dans la salle à manger du manoir.

Inutile de préciser que j'avais pris tout mon temps pour me doucher et m'habiller.

Lorsque je poussai les grandes portes de la salle à manger, j'eus un mouvement de recul en y découvrant non seulement ma mère, mais également mon père, Anthony, Asher et Nicholas. J'avançai tout de même prudemment dans la pièce, sur mes gardes.

Je m'approchai de la table où ils étaient tous rassemblés. La tension dans la pièce était étouffante.

– Qu'est-ce qui se passe ici ? finis-je par demander.

– Voilà ce qui se passe, cracha ma mère en balançant une pile de magazines sur la grande table de bois brut.

Je jetai un œil aux couvertures.

– Ça recommence... soupirai-je en détaillant les gros titres.

Les titres en une ne laissaient pas beaucoup de place à l'imagination : « Brown – Nesori, un homme blessé ? », « L'héritière Nesori, l'art de l'adultère. », j'en passais et des meilleurs.

Sur chacune des couvertures de papier glacé, on pouvait voir des clichés volés sur lesquels on nous reconnaissait, Asher et moi. Je me figeai. Les photos étaient... explicites. Pas du genre à se retrouver tout en haut des étagères, inaccessibles aux mineurs, mais suffisamment pour ne pas laisser de place au doute.

– C'est... enfin ce n'est pas... bégayai-je.

– Ne te fatigue pas jeune fille. Tout le monde ici sait de quoi il retourne. Je comprends mieux ton soudain empressement à rompre tes fiançailles.

Je délaissai les tabloïds pour faire face à ma mère.

– Je voulais rompre ces fiançailles depuis bien longtemps, mère. Et j'aurais dû le faire, mais je me le suis interdit pour ne pas décevoir tes attentes irrationnelles. Je savais pertinemment qu'à la seconde où je ferais marche arrière ma vie deviendrait un enfer, que tu serais même capable de me renier, de me couper les vivres et de me jeter à la rue.

Les traits de ma mère se pincèrent légèrement, ce qui était le maximum dont elle était capable.

– Cela reste une éventualité, grinça-t-elle.

– Je n'ai pas terminé, repris-je. Tu l'as manifestement oublié mais Jasper aussi m'a trompée...

– Oh alors tu admets avoir été infidèle ? me coupa-t-elle. Et avec un membre du personnel pour couronner le tout !

– Je n'ai jamais été amoureuse de Jasper ! m'emportai-je.

– Parce que tu prétends l'être du jeune Palmer ? rétorqua-t-elle, pleine de venin.

J'eus un mouvement de recul. Comment répondre à cette question ? Mon regard parcourut l'assemblée, désormais pendue à mes lèvres.

– Margaret, ce n'est ni le lieu, ni le moment d'entamer cette discussion, intervint doucement mon père.

Je lui adressai un regard empli de gratitude, mais malheureusement ce ne fut pas suffisant pour apaiser le dragon.

– Je ne suis même pas étonnée, déclara-t-elle. Jamais depuis ta naissance tu n'as été capable de prendre une décision sensée. Cela dit, je dois bien admettre que tu as fait fort en laissant tomber un riche héritier pour un tas de muscles sans cervelle et sans le sou.

Brand New Dawn - WilderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant