Chapitre 17

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Dire que je n'étais pas sportive aurait été un euphémisme. Je n'étais pas capable de courir plus d'une demi-heure sans m'essouffler, un poids de deux kilos me déséquilibrait comme un rubis sur une balance et j'avais la vélocité d'un hérisson anémique. J'avais le sport en horreur. Probablement à cause des nombreuses heures que j'avais passées sur un tapis de course, ma mère me répétant à quel point j'en avais besoin.

La seule discipline à laquelle je me prêtais volontiers était le yoga. Mon équilibre était plutôt bon et j'étais suffisamment souple pour ça. Ce n'était pas plus mal étant donné l'état de mes nerfs.

La veille j'aurais juré qu'Asher était sur le point de m'embrasser, mais son comportement lorsqu'il m'avait raccompagnée jusqu'à mes appartements s'opposait complètement à cette impression. Pourtant Dieu savait que j'en avais eu envie.

La forme de sa bouche, la douceur de son souffle sur mes lèvres hantaient mon esprit tandis que je me dirigeais vers la salle de gym installée au sous-sol du manoir.

De petites lucarnes éclairaient la pièce, installées en haut des murs et qui donnaient sur l'herbe parfaitement taillée des jardins. Les néons froids au plafond étaient allumés et j'espérais secrètement qu'Asher m'avait devancée.

Je n'aurais pas pu être plus dans l'erreur. En avançant de quelques pas dans l'immense salle de sport, je remarquai une silhouette occupée à tirer sur une poulie basse. La chevelure d'un brun terreux de l'homme trapu que je découvris ne pouvait être celle d'Asher.

Il s'agissait de Jonathan.

Hors de question que je me laisse impressionner. J'attrapai un tapis de yoga dans le cube de métal où ils étaient stockés et l'installai sur le sol revêtu d'un épais caoutchouc conçu spécialement pour absorber les chocs et limiter le bruit.

Je fixai le mur droit devant moi et déployai tous les efforts dont j'étais capable pour ignorer la présence dérangeante de Jonathan. Ce type était antipathique au possible et il avait la sale manie de prendre la défense de ma mère en toute circonstance. Je détestais l'idée qu'il ait été affecté à ma surveillance, et je supposai que lui aussi car, en dehors de mes heures de travail, je ne le croisais que peu.

Je ne m'en plaignais pas, bien sûr.

Le bruit métallique des poids qui s'entrechoquent résonna dans tout le sous-sol tandis que je me trouvais dans la posture du danseur. La surprise me fit vaciller et je perdis l'équilibre, me rattrapant tant bien que mal pour éviter de m'étaler sur le sol. Je jurai dans ma barbe ce qui ne dut pas échapper à Jonathan car je le vis s'approcher de moi du coin de l'œil.

– Et merde... grommelai-je tandis qu'il arrivait à ma hauteur.

– Ma présence vous gênerait-elle Mademoiselle Nesori ? me demanda-t-il sans détour.

Je levai les yeux au ciel et me replaçai sur mon tapis, en position de l'arbre.

– Sans me gêner, j'apprécierais que vous fassiez preuve d'un peu plus de délicatesse dans vos exercices.

Il haussa les sourcils et croisa les bras sur sa poitrine musculeuse. Je relâchai ma posture, étonnée par ce comportement inhabituellement arrogant.

– C'est vous qui parlez de délicatesse ? s'esclaffa-t-il.

Je fronçai les sourcils. Je ne savais pas à quoi il jouait mais je n'appréciais pas vraiment le ton qu'il employait avec moi.

– Je vous demande pardon ? rétorquai-je sans la moindre trace d'excuse dans la voix.

– Si vous imaginez que votre petit manège ne saute pas aux yeux, vous vous méprenez Mademoiselle Nesori.

Brand New Dawn - WilderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant