Epilogue

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Asher

Il était plus de dix-neuf heures désormais. Anthony avait dû raccompagner Victoria au manoir et actionner la première phase du plan.

A l'heure qu'il était il devait être en train de jeter des cailloux contre la fenêtre de sa véranda. Je ne pus m'empêcher de sourire en pensant à la tête qu'elle ferait en découvrant Anthony qui poireautait dans le jardin.

Après près de vingt-cinq ans passés à ses côtés, j'étais désormais capable d'anticiper la moindre de ses réactions, de ses émotions. Pour autant, je n'en menais pas large, là, tout de suite.

Je jetai un œil anxieux à ma montre. J'avais la sensation que le temps filait à une vitesse hallucinante, et à la fois qu'il n'avançait pas. Plus les minutes défilaient, plus je me rendais compte que j'avais attendu ce moment toute ma putain de vie.

Le trident encré sur mes côtes me picotait, comme s'il tentait de me rappeler la raison de sa présence sous ma peau. La supposée puissance que ma mère voyait en moi. La force qu'elle avait décelée dans mon regard quelques mois auparavant quand je l'avais enfin retrouvée. Le caractère qui faisait de moi qui j'étais et qui nuançait sa position quant à ma ressemblance avec mon père.

Je n'étais pas mon père. J'éprouvais un profond respect pour lui mais je refusais de marcher dans ses pas. Ma dévotion envers Victoria n'avait rien à voir avec son nom. J'étais amoureux d'elle. Je l'avais été depuis des années maintenant.

Quelques minutes supplémentaires s'écoulèrent jusqu'à ce que je la voie. Elle se dirigeait vers le grand érable sous lequel je l'attendais. Et elle était... ma gorge se serra tant elle était belle. Tellement, foutument belle.

Elle portait l'un de ces tailleurs pantalons dont le tissu semblait danser avec son corps. Ses longs cheveux bruns étaient détachés et les lourdes boucles de ses longueurs s'agitaient au rythme de ses pas.

Lorsqu'elle arriva à ma hauteur je remarquai un pli soucieux entre ses sourcils.

– Anthony m'a dit de te rejoindre ici mais il ne m'a pas dit pourquoi. Il y a un problème ?

Je glissai mes doigts dans les mèches de cheveux qui encadraient son visage et les coinçai derrière ses oreilles avant de déposer un baiser bien plus long que nécessaire sur son front.

– Non, pas de problème, répondis-je en lui souriant.

Elle rit de sa voix douce et mélodieuse et mon sourire s'élargit.

– Si tu savais comme j'aime t'entendre rire, avouai-je.

Ses sourcils se froncèrent et sa bouche esquissa une moue taquine tandis qu'elle passait ses bras fins autour de ma nuque.

– Je te trouve bien sentimental ce soir, observa-t-elle.

– Si tu savais... murmurai-je dans un souffle à peine audible.

Ça m'avait échappé, et je n'étais pas certain qu'elle ait entendu mais je m'en foutais. Dans l'immédiat tout ce à quoi je pouvais penser c'était sa bouche, sa délicieuse bouche si proche de la mienne.

J'approchai mon visage du sien et m'emparai de ses lèvres, les embrassant, les mordillant et les léchant jusqu'à ce qu'un gémissement s'en échappe.

Si seulement elle savait que je serais prêt à tuer pour entendre ces petits bruits qu'elle émet quand elle se trouve dans mes bras. Si seulement elle savait que je serais prêt à mourir pour elle et tout ce qu'elle représente pour moi.

Je replaçai une mèche de ses magnifiques cheveux derrière son oreille tandis que l'inquiétude reprenait sa place dans son regard.

– Asher ?

– Torry, murmurai-je. Il faut que...

Je me sentais soudainement fébrile. J'avais vécu ce moment des dizaines de fois, mais dans mon imagination seulement. Et maintenant qu'elle se tenait devant moi...

– Asher qu'est-ce qui se passe ? m'interrogea-t-elle, soucieuse.

Elle leva sa main qu'elle posa délicatement sur ma joue. Je l'attrapai et embrassai sa paume douce et fraîche.

– Tu te rappelles de cette fois où tu as accroché ta pince à cheveux en forme de papillon au revers de ma veste ? Nous n'étions que des enfants...

– Evidemment que je m'en rappelle, souffla-t-elle.

– Victoria, tu es la femme de ma vie. Je l'ai su à l'instant où j'ai séché la dernière larme sur ta joue et que tu m'as fait cadeau de cette foutue pince à cheveux. Tu es ma meilleure amie, mon obsession, ma raison de vivre.

– Asher, murmura-t-elle, la gorge serrée.

Je posai mes lèvres sur les siennes. C'était un baiser délicat, simple et pur. Aussi pur que les sentiments que j'éprouvais pour elle.

– Epouse-moi, mon amour.

Brand New Dawn - WilderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant