Chapitre 34

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Je n'avais jamais été du genre à attendre que les choses me tombent toutes cuites dans le bec. Ce que je voulais, je l'obtenais. Et ce que je voulais, c'était me sortir de cet état léthargique que je détestais tant.

C'est ainsi que le lundi suivant, je me retrouvai de très bonne heure chez le fleuriste. J'y dégotai un bouquet de pivoines de toutes les couleurs existantes sur cette Terre. Je ne savais pas où Asher se procurait celles qu'il déposait régulièrement sur mon bureau, mais celles que je m'étais offertes étaient nettement moins jolies.

Je fis également un crochet par le café qui se situait au bout de College Avenue et commandai un café bien noir pour moi et un énorme beignet pour Anthony. Après tout, je lui devais au moins ça après la sollicitude dont il avait fait preuve à mon égard la veille.

Arrivée au bureau, je commençai par monter dans mes quartiers pour y installer mon bouquet fraîchement cueilli et déposer mon gobelet de café fumant.

Je redescendis ensuite les étages et me faufilai au poste de surveillance de l'immeuble où je retrouvai Anthony, en compagnie de deux agents de sécurité.

– C'est pour toi, lui souris-je en posant le sac en papier imbibé de gras devant lui.

– En quel honneur ? m'interrogea-t-il.

Je lui adressai un regard entendu et il me rendit mon sourire.

– Tu sais en quel honneur.

– Oui, je le sais, répondit-il avant d'entamer le beignet à pleines dents.

***

Plongée dans mon travail depuis le début de la semaine, je ne comptais plus mes heures. C'était un comportement d'évitement typique chez moi. Presque un réflexe pavlovien.

Lorsque mon téléphone sonna, m'informant d'un appel de mon père, je remarquai que nous étions déjà jeudi, et qu'il était près de midi.

– Allô ? décrochai-je, surprise.

Il était rare que mon père me téléphone. S'il avait un message à me faire passer, il se contentait généralement de m'écrire un mail ou de laisser une note à l'une des assistantes de l'entreprise.

– Bonjour Victoria.

– Bonjour père. Que se passe-t-il ? Un problème ? m'enquis-je.

– Non, tout va bien. Je me demandais simplement si tu étais libre pour déjeuner.

Je ne répondis pas tout de suite, stupéfaite par cette proposition.

– Je... Oui, je suppose.

Ce fut ainsi que je me retrouvai attablée face à mon père, dans un restaurant qui, je devais bien l'admettre, était plutôt agréable. Devant moi, une assiette fumante de taglionis à l'encre de seiche ne demandait qu'à être dévorée.

– Tu travailles beaucoup en ce moment, non ? m'interrogea mon père qui avait opté pour un bon vieux steak accompagné d'une purée de pommes de terre.

Je haussai les épaules en enroulant mes pâtes autour de ma fourchette.

– Un peu.

– Un peu trop, rétorqua-t-il.

Je relevai la tête vers lui et rencontrai ses yeux bruns qui me fixaient.

– Victoria, depuis que tu travailles dans cette entreprise, je ne t'ai que trop rarement vue lâcher du lest. Tu devrais lever le pied de temps en temps, c'est important.

Cette fois j'en laissai tomber mes couverts dans mon assiette.

– Qui êtes-vous, et où avez-vous planqué Howard Nesori ? répondis-je.

Brand New Dawn - WilderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant