Chapitre 16

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La main chaude de Jasper enlaçait ma taille tandis que les effluves de son parfum chypré envahissaient mes narines.

Le sourire qui flottait sur mon visage était le fruit d'années d'entrainement. Cependant, étant donné les regards furieux dont ma mère me mitraillait, quelque chose me disait que ma prestation ne devait pas être très convaincante.

Je m'efforçai de prendre sur moi pour entrer dans le rôle de la future épouse épanouie que l'on m'avait attribué.

– Nous nous ferons un plaisir d'y assister Andrew, soyez-en sûr, promit Jasper.

Je lui coulai un regard désespéré mais il m'ignora superbement. Il ne manquait plus que ça... Mon samedi soir était déjà gâché par la foutue réception de mes parents, mais il allait en plus falloir que je me coltine le concert de musique de chambre organisé par les Mesington le lendemain.

J'eus soudain l'intuition qu'une terrible migraine s'emparerait de moi au petit matin et m'empêcherait d'assister à ce merveilleux événement.

– J'ai besoin d'un verre, déclarai-je en me dégageant de l'étreinte distante de mon fiancé.

Jasper ne fit aucun effort pour me retenir, absorbé par ses mondanités avec Mary et Andrew Mesington. C'était aussi bien comme ça.

Je m'approchai du bar derrière lequel une poignée de prestataires s'affairaient. J'en reconnus quelques-uns. Ma mère faisait toujours appel à la même boîte d'événementiel, la seule selon elle qui employait du personnel convenable.

Je souris à un jeune homme en costume de service qui sembla me reconnaître également. Je lui demandai un gin tonic qu'il s'empressa de me servir.

– Je vous remercie, dis-je en attrapant le verre qu'il me tendait. Et un conseil : redressez votre nœud papillon avant que ma mère ne vous crucifie sur place.

Le jeune serveur piqua un fard et s'empressa de redresser le nœud d'apparat noir autour de son cou. Je lui adressai un clin d'œil avant de me tourner vers la salle de réception, étudiant les convives réunis dans la grande pièce.

La plupart des gens avec qui j'avais grandi et étudié étaient présents. Les Mesington bien sûr, puisqu'ils étaient de toutes les « fêtes », mais également les Sanders, les Bennet et les Nash. Toutes les familles un tant soit peu riches ou importantes du secteur, avec lesquelles mes parents s'efforçaient de garder les liens les plus étroits possibles.

J'avalai une gorgée de ma boisson tout en me baladant sans but entre les invités. Les doigts longs, froids et osseux de ma mère s'enroulèrent autour de mon coude et je grimaçai tandis que ses ongles s'enfonçaient dans ma chair.

– Viens par ici jeune fille, siffla-t-elle en m'attirant vers le grand hall.

Je la suivis sans faire d'histoires. Avec ma mère il valait mieux se laisser faire. De toute façon elle arrivait toujours à ses fins. Quelques gouttes de ma boisson translucide se répandirent sur mes doigts quand elle me fit tourner sur moi-même pour me placer face à elle.

– Puis-je savoir ce qui ne tourne pas rond chez toi jeune fille ? cracha-t-elle, ses yeux lançant des éclairs au milieu de son visage à la peau tirée.

– A quel propos ? grommelai-je en prenant une nouvelle gorgée de mon gin tonic.

Elle m'arracha le verre des mains avant même que j'aie pu l'éloigner de mes lèvres et le posa avec force sur le guéridon ancien qui se trouvait sur sa droite.

– Tu bois comme un homme, c'est révoltant. Qui plus est, ce n'est pas ta consommation d'alcool qui arrangera ton problème de poids, me tança-t-elle.

Brand New Dawn - WilderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant