Charlène

163 5 0
                                    

C'est très dur de lui parler sans le voir. Il veut que je revienne, mais il m'est difficile de le faire sans les mettre en danger. En même temps, il n'a pas tout à fait tort de me dire que Steven peut les agresser pour savoir où je me trouve.

Aujourd'hui cela fait trois semaines que je me suis éloigné d'eux et ça me devient de plus en plus difficile de tenir mes distances. J'aimerais tant être près d'eux, mais surtout de Tyler. Il me manque tellement. Je voudrais contempler son visage, regarder ses petites mimiques, me sourire, me tenir dans ses bras. L'entendre prononcer mon surnom. Il a sa façon à lui de le prononcer et de me rendre toute chose.

Ce soir, il me demande encore une fois de l'appeler. Je sais que ça va m'être très dur. Je risque de flancher, car je ne tiens plus la distance. Et pourtant, je l'appelle.

- Charlie ?!

Rien que ce petit mot me retourne.

- Coucou. Comment tu vas ?

- Pas bien. Tu me manques.

- À moi aussi, tu me manques. Tellement mon bébé.

- Je vais me répéter, mais il faut que tu reviennes. Je suis sûr qu'on s'en sortira ensemble.

- Si c'était aussi facile.

- Dis-moi où tu es et je viens te voir en espérant te faire revenir avec moi.

- Je ne sais pas.

- S'il te plaît ma puce. Je ne tiens plus sans toi.

Je reste silencieuse un bon moment avant de lâcher prise.

- Charlie...... Ma puce. Dis-le-moi.

- Je... Je suis à Alma. J'ai loué un chalet au Bayview jusqu'à la date du procès.

- Ne bouge surtout pas. J'arrive. Je prends un sac et je serai là. Tu ne te rendras même pas compte du temps de route que je devrais faire, car je te rappelle dès que je monte dans la voiture pour te rejoindre.

- D'accord. Mais ça ne veut pas dire que je reviendrai.

- On en reparlera lorsque je serai là.

- Tyler...

- Charlie... À tout de suite ma puce.

Il me rappelle à peine une demi-heure après. Il me parle tout le long de la route. Vu qu'il ne peut pas conduire, c'est Peter qui l'accompagne. Il s'est arrangé pour venir avec Tyler. Peut-être que Tyler pense que Peter arrivera à me faire changer d'avis sur le fait de revenir auprès d'eux. Mais j'en doute fortement.

À un moment la communication est en blanc, il ne doit pas avoir de réseau. Pourtant, il n'a pas raccroché. Lorsque j'entends frapper à la porte. C'est Tyler qui me fait la surprise d'arrivée plus tôt que prévu. Lorsque j'ouvre la porte avec un grand sourire, celui-ci s'efface aussitôt. Steven est planté, là, devant moi avec un regard qui me prédit une longue souffrance que je vais endurer.

- Ste...... Steven......

Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit d'autre, qu'il me flanque un énorme coup de poing dans la figure tout en me traitant de salope. Il me tire par les cheveux afin de me faire rentrer dans la chambre où là encore, il m'en colle un autre.

J'entends au loin, la voix de Tyler dans le téléphone. J'entends au son de sa voix qu'il est pris de panique. Je tends le bras pour essayer de l'attraper, mais Steven raccroche et jette le téléphone au loin. Après ça, il me jette dans le coin de la chambre. Et là, je ne sais pas comment j'y suis arrivée, mais j'attrape les pieds d'une chaise avec laquelle je le frappe. Il se retrouve au sol. Je continue de frapper jusqu'à temps qu'elle casse. Elle est en morceaux et pourtant je garde un bon bout du pied dans la main. Sans me retourner, je pars en courant vers la porte et court le plus vite possible, mais dans la neige, ce n'est pas facile. Soudain, j'entends un premier coup de feu retentir. Puis, un second. Je ne ralentis pas et court de plus en plus vite. Steven hurle derrière moi et continue de me tirer dessus. Grâce à Dieu, il me loupe à chaque fois.

Soudain, je m'aperçois qu'il n'aura aucune difficulté de me retrouver, vu que je laisse des empreintes de pas dans la neige. Il faut que je trouve une solution. Je rebrousse en marche arrière sur mes propres pas pour repartir dans une autre direction dans laquelle je fais la même chose.

Une fois que je l'entends s'approcher, je me cache derrière un arbre en retenant un maximum le souffle qui s'échappe de ma bouche. Le froid commence à m'emporter dans des tremblements. Ou, est-ce la peur ? Je ne sais pas exactement. Tout ce que je sais, c'est que ce moment sera décisif pour moi.

Arriver au croisement de mes empreintes, il hurle de rage. Au moment où il me tourne le dos, je m'approche rapidement et lui assène des coups partout sur le haut du corps. Je crois même avoir atteint plus d'une fois la tête. Et pourtant, il est toujours debout. Pourquoi ne tombe-t-il pas ?

Soudain, il m'attrape et ma plaque au sol. Son avant-bras s'appuie sur ma gorge. Il approche son arme près de ma tête et appuie sur la détente, mais aucune balle n'en sort. Je me débats comme je peux jusqu'à ce qu'il sorte un couteau. Je me débats davantage même s'il me roue de coups. Mais lorsque je vois le couteau s'approcher de moi, mon sang ne fait qu'un tour. Je lui empoigne le poignet pour le freiner dans son élan. Bien sûr, il a beaucoup plus de force que moi et celui-ci vient se planter dans mon bras. La douleur est insupportable et le cri de douleur qui s'échappe de ma bouche est si fort que mon corps tremble.

Encore une fois, je rebrousse de force et enlève le couteau de mon bras pour le jeter après lui avoir asséné un coup de genoux dans ses testicules. Au moment où il s'écarte légèrement, je me traîne sur la neige pour essayer d'attraper le pied de ma chaise ainsi que le couteau. Je prendrai le premier qui me tombera sous la main.

Il m'attrape par le pied pour me ramener vers lui. Du coup, j'arrive tout juste à attraper le couteau. Au moment où il me retourne et me cogne, j'enfonce le couteau dans son ventre. Il hurle de douleur et pourtant je le retire pour lui en mettre un autre coup. Il se redresse me donne un méchant coup de poing dans ma blessure et un autre sur le visage. Puis, il s'effondre à côté de moi.

Je suis à deux doigts de m'évanouir et cependant mon instinct me conseille de m'éloigner de lui. Ce que je fais. Une fois assez éloignée, je m'écroule sur le sol. Je me tourne face au ciel. J'ai l'impression que tout va s'arrêter là, maintenant. Je ne verrai plus le visage de Tyler. Ma respiration ralentie et mes yeux se ferment. Je me sens tellement épuisée. Il faut que je dorme, même si je sais que de dormir sur la neige, n'est pas le meilleur endroit.

Hockey à WinnipegOù les histoires vivent. Découvrez maintenant