Chapitre 5

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 La nuit venait de tomber sur la ville. Viska sourit en découvrant où elle se trouvait. Les ruelles étroites ressemblaient à n'importe quelles rues que l'on pouvait trouver dans le pays et ses habitants ne semblaient pas sortir de l'ordinaire. Mais pour un œil attentif, les différences sautaient aux yeux. Derrière les devantures des magasins on pouvait parfois apercevoir des produits pour le moins surprenants : couteaux, poison, flingues, etc. La gamine qu'elle avait croisé accompagnée de ses parents quelques minutes plus tôt, remplissait sa peluche de portefeuilles qu'elle volait aux passants pendant que les personnes qui l'accompagnaient distrayaient les pauvres victimes en discutant avec elles.

Viska s'en voulait pour se genre de pensées, mais c'était exactement dans ce type de lieux qu'elle se sentait véritablement à son aise. Là-bas, elle n'avait pas à cacher sa cruauté, car les personnes qui vivaient là ne cachaient par leur vraie nature, la vraie nature du monde, une nature automatiquement attirée par le mal.

Elle avait insisté pour venir ici toute seule, elle pouvait s'en sortir sans aide, elle était dans son élément. Pourtant, les autres gardes ne l'avaient pas crue au début au vu de l'horreur qui sévissait dans ces quartiers. Elle avait dû leur faire une petite démonstration de ce dont elle était capable en s'en prenant à l'un d'eux pour qu'ils la laissent partir sans discuter.

Elle avait délaissé ses belles robes pour un simple jean et un T-shirt accompagnés d'une veste en cuir. Entièrement vêtue de noire, elle se fondait parfaitement dans la nuit des ruelles non éclairées de la ville. Si on la voyait à peine, en revanche, elle ne perdait pas une miette de ce qui se passait autour d'elle. Elle était habituée à l'obscurité, c'était là que se cachaient les criminels, c'était là qu'elle les traquait, même si elle n'était pas tout à fait sûre de leur être différente.

Bientôt, elle se sentit suivie, la proie l'avait repérée et voulait jouer aux prédateurs sans savoir à qui elle avait affaire. Un petit rire lui échappa, tout se déroulait à merveille. Même entièrement habillée de noir, les maîtres du quartier n'avaient pas manqué de la remarquer. Sa démarche était trop assurée pour qu'elle soit d'ici, son regard trop perçant pour qu'elle ne cherche pas les ennuis.

D'un seul mouvement vif et gracieux, elle se retourna vers son filateur qui se figea d'un seul coup, faisant mine d'observer une nouvelle arme à ajouter à son arsenal. Il faisait au moins deux fois sa taille, baraqué et couvert de tatouages, il paraissait plutôt impressionnant. Si Viska avait été une jeune fille ordinaire, elle aurait fui sans se poser de questions, mais elle était orgueilleuse, sur-entraînée et avide d'un bon combat. Elle ne comptait plus les cicatrices qui parcouraient son corps, elles étaient, pour elle, ce qui faisait son charme. Certaines se maquillaient pour se faire belles, Viska, quant à elle, se battait pour arborer un nouveau trophée sur sa peau mate.

« J'ordonne que vous me conduisiez à votre chef. », s'exclama Viska en guise d'amorce de conversation avec celui qui la suivait.

Il ne releva pas les yeux de l'arme qu'il était en train d'examiner, mais tressaillit. Il ne devait pas être habitué à ce qu'on s'aperçoive de sa présence aussi vite et encore moins à recevoir des ordres d'une parfaite inconnue perdue si loin de chez elle. Mais Viska insista en réitérant sa demande tout à l'accompagnant cette fois-ci d'un avertissement. Elle sortit son pistolet calibre 44 Mag – quelque peu démodé, mais tout de même efficace.

Autour d'elle, les passants s'écartèrent pour ne pas prendre une balle perdue. Pourtant, aucun d'eux n'eut l'idée de courir au commissariat de police le plus proche, ni de crier et paniquer. Ce n'était pas rare par ici ce genres de combats de rue. La personne qu'elle avait visée leva lentement les mains au-dessus de sa tête, mais Viska avait bien vu que le mec baraqué avait glissé le poignard qu'il examinait quelques secondes plus tôt dans sa manche, prêt à le lui lancer pour la prendre par surprise. C'était raté, elle analysait chacun de ses gestes, si bien qu'elle tira avant qu'il puisse faire quoi que ce soit.

La bombe anti CHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant