Chapitre 26

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 Le tonnerre fit vibrer les fines parois de l'arène, en parfait accord avec l'état de rage bouillante dans lequel Selah était depuis la visite de sa sœur plus tôt dans la journée. Les criminels gérant les combats faisaient courir des barres métalliques sur les barreaux des cages pour effrayer leurs prisonniers tandis que ces derniers se terraient dans l'ombre pour ne pas être désigné pour rejoindre le centre de l'arène.

Selah, quant à elle, ne se cherchait pas à se cacher. Au contraire, le museau collé contre les barreaux, elle grognait faiblement pour attirer l'attention. Elle n'avait qu'une envie : enfoncer ses crocs dans la chair tendre d'un adversaire pour oublier qu'il était encore trop tôt pour s'en prendre à Aideen. Mais bientôt, elle entrerait dans l'armée royale et ferait en sorte que sa très chère jumelle paie pour lui avoir voler son trône et son corps. Elle allait lui prouver qu'elle pouvait être encore plus bestiale que son apparence le suggérait et que pourtant, son esprit rusé restait inchangé.

L'un des organisateurs des combats s'arrêta juste devant elle. Ils se jaugèrent un bref instant, puis il fit mine de lui tourner le dos pour continuer sa recherche d'un guerrier capable de divertir son public. Selah le rappela à elle d'un grognement féroce qui ne présageait rien de bon pour le pauvre gars. Il se retourna et lui rit au nez, comme pour lui signifier qu'il n'avait nullement peur d'elle, mais elle perçut néanmoins le tremblement de ses poings serrés. Il n'était pas tout à fait tranquille et il avait de quoi.

« Qu'est-ce que t'attends ? lui lança son collègue, non loin derrière lui. On dirait que Sa Majesté Son Altesse Royale désire jouer ce soir, alors n'hésite pas, prend-là avec toi !

- C'est-à-dire que je ne suis pas tout à fait sûr de pouvoir la maîtriser le temps de lui mettre sa muselière...

- Mais t'es sensé la lui mettre à travers les barreaux, tu ne risques absolument rien !

- Je n'en suis pas si certain...

- Quoi ?! Le petit minet t'effraie ?! »

Son camarade éclata de rire, mais Selah remarqua qu'il n'avait pas eu le courage de s'approcher, lui. Elle serait prête à parier qu'il avait aussi peur d'elle que le premier venu. Elle sourit intérieurement, quelle que soit sa forme, elle inspirait toujours autant la terreur. C'était bon à savoir, presque rassurant dans un sens.

Le premier finit par s'approcher de sa cellule, la muselière à la main. Lorsqu'il essaya de la passer autour de la tête, elle fit semblant de le mordre et le cri aigu qu'il poussa la réjouit au plus au point. Une fois que les battements de cœur du pauvre homme se furent calmer, elle le laissa s'avancer une nouvelle fois et lui passer la muselière.

Elle détestait être entraver de la sorte, mais elle n'avait pas d'autre choix que de se laisser faire si elle désirait atteindre ses objectifs. Toutefois, le cuir qui lui enserrait la mâchoire paraissait pour elle comme un cruel rappel du fait que le souhait le plus cher d'Aideen était de la soumettre à sa volonté et d'une certaine manière, elle y était déjà parvenue et cela l'horripilait.

Le reine déchue se laissa guider à travers les couloirs sableux de l'arène nimbés d'une lumière chaude rappelant un couché de soleil. Pourtant, à cette heure-ci c'était la lune qui brillait de son éclat argenté dans le ciel nocturne d'une noirceur infinie, sans aucune étoile. C'était le noir du deuil, car ce soir, l'un des deux combattants de l'arène dirait adieux à sa liberté, l'un d'eux deux ne pourrait jamais accéder aux rangs de l'armée s'il n'était pas assez fort pour vaincre l'autre. Mais pour Selah, l'obscurité ne voulait rien dire, car elle savait déjà quelle allait être l'issue de la nuit.

L'homme qui l'accompagnait la fit entrer dans un petit box, puis referma le battant en bois derrière elle juste après lui avoir retirer sa muselière. Elle se retrouver désormais seule face à une porte rouge qui ne tarderait pas à s'ouvrir, seule face à son destin, sa seule chance de vengeance. Soudain, la porte s'ouvrit en grand et elle entra dans l'arène sous les acclamations enragées d'un public d'une trentaine de personnes.

La bombe anti CHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant