L'aube venait de poindre sur une nouvelle ère encore incertaine qui débutait dans le deuil et le regret. Les cloches annonçant la mort d'un proche résonnaient dans toute la capitale tandis qu'un maigre cortège funèbre accompagnait les deux cercueils contenant les dépouilles de Callan et Levi, morts en vain pour un combat inutile.
L'ensemble des hommes du criminel décédé s'étaient rassemblés pour l'occasion, oubliant leurs divergences d'opinion et les conflits datant encore de la veille. Viska, à la tête du cortège aux côtés de Selah et Primrose, gardait les yeux baissés pour le pas montrer à quel point la mort de cet homme, pour qui elle clamait ne rien éprouver, l'affectait. Kessem, quant à lui, restait en retrait, n'ayant jamais porté Callan dans son cœur. De son côté, Hadès avait préféré quitté le pays au plus vite afin d'échapper à cette nouvelle soldée par un poids de plus venu s'ajouter à la culpabilité qu'il traînait depuis des siècles déjà.
Selah écouta distraitement le long discours bien ennuyeux que l'ancien second de Callan fit à son sujet, vantant des mérites imaginaires à l'homme qu'il aurait pu être s'il avait choisi une voie qui ne soit pas celle du crime. Elle avait très certainement de meilleures façon d'occuper son temps que d'assister à cette parodie de sépulture, mais elle savait qu'elle devait être là pour soutenir Viska, la seule à lui être restée fidèle envers et contre tous. Elle lui devait bien cela.
Alors que l'on descendait le corps de Callan dans sa tombe, la nouvelle reine proclamée croisa le regard de celui qui, dans d'autres circonstances, aurait fait un parfait soutient en tant que roi, ami et amant. Kessem se tenait de l'autre côté de la tombe, impassible même s'il assistait à l'enterrement de celui qui avait tué son amie d'enfance et qu'il n'avait aucune envie d'être là.
Selah n'aurait certainement pas dû avoir de telles pensées alors que l'une de ses amies pleurait la mort d'un être cher, mais elle ne put s'empêcher de songer à quel point le costume noir de Kessem lui allait à merveille. Il avait l'air d'un preux chevalier ayant traversé les ténèbres les plus sombres, affrontant tous les dangers pour venir secourir sa princesse.
Le plus discrètement possible, elle s'éclipsa en prenant garde à ce que personne ne la voit faire afin d'aller rejoindre Kessem à l'autre bout du cimetière. Lorsqu'il la vit arriver dans sa direction, son regard s'illumina un bref instant pour aussitôt redevenir de marbre. Toutefois, même si cette marque soudaine d'intérêt avait duré moins d'une seconde, Selah se sentit anormalement flattée. Elle sourit faiblement au jeune homme, mais perdit rapidement sa bonne humeur en se rappelant la raison pour laquelle elle se devait de lui parler.
« Tu sais, commença-t-elle en agrippant ses mains l'une dans l'autre, mal à l'aise, la folie d'Aideen a été en partie causée par ma faute. Je l'ai abandonnée pour un trône et j'ai laissé le choix de mes parents être également le mien. Ce que je veux dire, c'est que je ne suis pas parfaite. J'ai commis bon nombre d'erreurs dans le seul but d'obtenir la couronne – un simple ornement si on y réfléchit bien. J'ignorais alors qu'être reine signifiait avant tout de prendre soin du plus faible pour que chacun puisse prospérer. Je ne mérite pas la place qui m'incombe désormais, mais je souhaite changer, être digne de toi. C'est pourquoi, je désire purger ma peine aux côtés d'Aideen et répondre de mes actes. Tu n'es pas obligé de m'attendre, saches seulement que je ne cesserais jamais de penser à toi.
- J'ai fait une promesse à Rexanne... tenta de plaider Kessem, mais Selah ne lui en laissa pas le temps.
- Je sais.
- Lorsque tu auras fait la paix avec toi-même, je serais là, mais n'en attend pas plus de ma part. », répondit-il avant de la laisser seule dans le cimetière désormais entièrement vide.
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La bombe anti CH
FantasyLorsque les Hommes se prennent pour Dieu et jouent avec ce qu'ils ne comprennent pas, les conséquences pourraient être désastreuses. Une bombe a explosé, réduisant à l'état de poussière tout ce que le genre humain a construit. Peu à peu, la société...