Le soleil ne s'était pas encore levé. Rideaux tirés, la pièce était plongée dans le noir et parfois, on entendait une mince silhouette de jeune femme remuer dans son lit trop grand. Tout était calme, peut-être trop pour un jour de fête comme celui-ci. Quelqu'un entra dans la chambre à pas de loup pour ne pas réveiller trop brusquement la dormeuse. Et soudain, les rideaux furent tirés et le levé de soleil vint nimber la salle de sa lumière orangée et rosée aux reflets de renouveau, de perfection.
Aideen, qui dormait toujours, se réveilla lentement tout en douceur, sous le regard enthousiaste d'Hadès. Le roi était déjà vêtu de sa tenue d'équitation, il était réveillé depuis bien trop longtemps et ne pouvait plus attendre une seconde de plus avant de commencer sa journée en compagnie de celle qu'il avait fait reine une semaine plus tôt.
Lorsqu'elle le vit, Aideen lui sourit paresseusement en s'étirant, pas encore tout à fait réveillée. Hadès vint alors la rejoindre dans le lit et l'embrassa tendrement pour la faire se lever. Ils ne pouvaient pas se permettre de rester au lit aujourd'hui, il se devait de démêler le vrai du faux dans leur relation et ne pourrait pas le faire si elle le manipulait de la sorte.
A contre cœur, elle finit par obtempérer à sa demande silencieuse et le repoussa pour aller s'habiller d'une tenue d'équitation, comme il le lui conseilla. En moins d'un quart d'heure, elle le retrouva devant l'entrée de ses appartements, prête à le suivre sans poser de question, même si elle restait curieuse. Elle désirait jouer son jeu juste pour une journée, prétendre qu'il était possible pour elle de tomber amoureuse de lui sans rien simuler.
Il lui plaça un bandeau sur les yeux et elle se laissa guider en souriant. Il était facile de se laisser aller à rêver d'un avenir autrement, où l'attrait du pouvoir n'avait pas sa place, lorsqu'il lui était impossible de voir le monde qui l'entourait. Riant et s'amusant comme deux jeunes amants transis d'amour, Hadès et Aideen quittèrent les murs étouffants du château pour se diriger vers l'écurie.
Dehors, il se mit à pleuvoir, égayant encore un peu plus cette journée folle qui leur servait à oublier les devoirs royaux. Hadès retira galamment sa veste pour en protéger sa compagne de la pluie froide qui s'abattait sur eux. Ensemble, ils sortirent leurs cheveux de l'écurie – un couleur caramel pour Aideen et un blanc pour Hadès –, les sellèrent et montèrent sans plus attendre.
Le petit chemin de terre les éloignant du palais pour les conduire jusqu'à la forêt la plus proche était devenu boueux. Les cheveux avançaient donc lentement et eux, ils étaient déjà presque trempes. Mais ils n'en avaient que faire, car ce n'était pas tous les jours qu'ils pouvaient se retrouver enfin seuls loin du conseil.
Au bout d'un long moment qui parut être comme une éternité pour eux deux, la pluie cessa enfin et leurs montures commencèrent à accélérer légèrement le pas. Hadès se tourna vers Aideen qui se trouvait à ses côtés, prêt à engager la conversation. Elle se crispa à l'idée qu'il puisse briser leur ballade silencieuse en abordant quelque sujet important et trop sérieux, mais ne le coupa pas pour autant. Qu'il parle donc pour ne pas avoir à le faire plus tard !
« Aideen... », commença-t-il, peu sûr de lui pour la première fois de sa vie.
Elle ne fit rien pour l'encourager à continuer, mais ne fit pas grand-chose non plus pour l'en dissuader. Elle attendait simplement qu'il veuille bien terminer ou se taire à jamais.
« Après ces quelques mois passés côte à côte, je pense pouvoir affirmer que je t'apprécie malgré tes manigances et tes coups bas pour accéder au trône. J'ignore si mes sentiments pour toi sont réciproques. Toutefois, je t'ai faite reine avec l'accord du conseil, puisque Selah n'était plus apte à assurer ce rôle. Et, en tant que reine, j'espère que tu me suivras dans un projet qui me tient à cœur. Je ne prévoyait pas de révéler mes véritables intentions à Selah, mais toi, Aideen, tu es différente. Je ne veux pas te trahir, je veux faire de toi mon égale dans un monde que je jugerais idéal. »
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La bombe anti CH
FantasyLorsque les Hommes se prennent pour Dieu et jouent avec ce qu'ils ne comprennent pas, les conséquences pourraient être désastreuses. Une bombe a explosé, réduisant à l'état de poussière tout ce que le genre humain a construit. Peu à peu, la société...