Ce matin-là, alors que le soleil se levait à peine sur les collines qui entouraient la capitale, l'excitation avait gagné Aideen. Habituellement, elle ne se laissait jamais allé à crier victoire avant que la bataille ne soit terminée, mais cette fois-ci, c'était différent. La joie qui l'avait envahie n'était pas tellement dû à la certitude qu'elle remporterait ce combat contre sa sœur, mais à l'identité-même de son adversaire. Elle avait enfin la possibilité de se venger de ceux qui l'avaient abandonné et elle n'allait pas s'en priver.
Seule dans la chambre qu'Hadès lui avait gentiment attribuée – une suite somptueuse ayant appartenu à Selah lorsqu'elle avait encore le statut de princesse –, elle réfléchissait déjà à une stratégie pour conquérir définitivement le cœur du roi. Pour elle, ce n'était qu'un jeu d'enfant de tromper Hadès. Elle n'avait qu'à battre des cils et approuver tout ce qu'il disait pour le piéger.
Si toutes ses nuits passées avec Hadès lui avaient bien appris quelque chose, c'était que cet homme n'avait que deux critères de sélections pour choisir ses conquêtes. Il fallait qu'elles soient jolies et obéissantes. Heureusement pour elle, Aideen pouvait remplir ces deux exigences si elle le souhaitait. Seulement, elle avait la même apparence que sa jumelle et cette dernière était prête à tout pour conserver sa position, même à mettre son orgueil de côté pour se plier à la volonté d'Hadès.
La future reine fouilla dans la garde-robe mise à sa disposition, songeuse. Elle se demandait qu'elle tenue serait la plus adaptée pour séduire sa proie. Elle finit par opter pour une longue robe verte près de corps, qu'elle enfila sans tarder. Elle n'était pas sans savoir qu'Hadès préférait le noir à toute autre couleur, mais à cet instant, elle voulait surtout se mettre en valeur elle plutôt que la robe. Elle désirait mettre en avant sa beauté naturelle au lieu d'exagérer ses atouts, comme ne manquerait pas de le faire Selah.
Lorsque Aideen eut enfin terminer de se préparer, elle sortit dans le couloir, la tête droite, prenant son temps même si elle était déjà en retard. Elle agissait comme si elle était dors et déjà au pouvoir, un petit sourire supérieur figé sur ses lèvres. Elle avait prévu de faire une entrée fracassante au beau milieu d'une réunion du conseil de la noblesse. Un frisson la parcouru tandis qu'elle tentait de s'imaginer leurs visages stupéfaits lorsqu'ils verraient entrer le sosie de la reine dans la salle interdite à plus de la moitié du palais.
Les domestiques écarquillaient les yeux sur son passage, peu habitués à voir leur reine dans des habits aussi lumineux. Il était possible que certains aient déjà compris qui elle était en réalité. Les murmures allaient bon train, tout comme les petits cris de surprises qu'ils essayaient de cacher. Aideen se réjouissait de leur désarroi, c'était pour elle une mise en bouche de ce qui allait suivre.
Arrivée devant la salle du conseil, elle ne prit même pas la peine de frapper pour s'annoncer et entra en prenant soin de bien faire grincer la porte. Le bruit gênant fit se retourner quelques têtes, même si la plus part des conseillers gardaient leurs yeux rivés sur leur reine en train de faire un long discours sûrement très ennuyeux. Mais ceux qui se retournèrent ne furent pas discrets en exprimant l'étendue de leur choc, si bien qu'en quelques secondes tous étaient tournés vers elle et n'écoutaient plus du tout Selah.
Aideen sourit aux conseillers désemparés qui semblaient avoir vu un fantôme, puis prit une chaise pour venir s'asseoir en face du roi et de la reine, à l'autre bout de la table. Selah serra les dents à la vue de sa jumelle, mais ne fit aucun commentaire. Hadès, quant à lui, resta impassible. Aideen ne s'était pas attendue à le trouver ici, lui qui n'aimait guère se mêler de ce genre de réunions. D'un côté, sa présence semblait logique, il était le roi, il ne pouvait pas se cacher dans ses appartements pour toujours.
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La bombe anti CH
FantasyLorsque les Hommes se prennent pour Dieu et jouent avec ce qu'ils ne comprennent pas, les conséquences pourraient être désastreuses. Une bombe a explosé, réduisant à l'état de poussière tout ce que le genre humain a construit. Peu à peu, la société...