La bombe anti CH

Chapitre 20

 Il y a fort, fort longtemps. Avant que l'Homme n'apparaisse sur Terre, l'Homme perfide et avare existait déjà.

Il fut un temps où Hadès n'était rien de plus qu'un adolescent qui se cherche. A cet époque, il était encore innocent et vivait dans un monde paradisiaque uniquement en apparence. La technologie y était aussi avancée que dans la mythique Atlantide et sa fin fut tout aussi tragique, même si cet univers corrompu ne finit pas englouti par les flots.

Il fut un temps où Hadès ignorait qu'il y avait des Hommes assez cruels pour tuer au premier regard de travers. Un temps, où il n'avait pas conscience que l'Humanité était assez avide de pouvoir et d'argent pour provoquer sa propre perte en délaissant la nature qui l'avait fait naître et prospérer.

Il fut un temps où le jeune homme qu'il était ne se préoccupait que du bien être de ses frères et sa sœur. De nos jours, la fratrie était connue du monde entier, sous une forme ou une autre, mais à cette époque, personne ne se préoccupait de savoir qui ils étaient. Ils n'étaient que Zeus, Hadès, Hestia et Poséidon – dans l'ordre de naissance –, les enfants inséparables de Chronos et Rhéa.

Leurs parents n'étaient ni pire ni meilleurs que la majorité des gens qui peuplaient ce qui s'appelait déjà la Terre. Chronos était un homme violent dont le seul véritable amour était l'argent. Il n'aurait jamais fait de mal à sa famille, mais ne se privait pas pour tuer et torturer ceux qui se dressaient sur son chemin. Rhéa, sa belle épouse obéissante, faisait semblant de ne pas savoir ce qui occupait son mari lorsqu'il rentrait tard le soir, car elle aimait le luxe dans lequel ils vivaient et n'aurait abandonné cela pour rien au monde.

Dans le voisinage, tous fermaient les yeux sur les vis du voisin parce qu'ils savaient que les leurs n'étaient pas mieux. On essayait du mieux que l'on pouvait de préserver l'innocence des enfants, mais personne n'était sans savoir qu'il était déjà trop tard, que le monde était déjà corrompu et qu'il ne pouvait plus être sauvé depuis bien longtemps. Il aurait fallu un miracle pour que les choses changent. Et ce fut exactement ce qu'il se produisit : un miracle.

En une journée chaude d'été, alors qu'Hadès se baignait dans la piscine du jardin en compagnie de ses frères et de sa sœur, Zeus s'était éclipsé pour aller leurs chercher des cocktails afin de profiter pleinement du bonheur d'être enfin en vacances. La tête renversée en arrière, ses cheveux châtains trempant dans l'eau, Hestia riait aux éclats à une blague que venait de lui faire Poséidon. Le petit dernier ressemblait beaucoup à Hadès à cet instant, des épis noirs corbeau se dressant sur son crâne et un air malicieux sur son doux visage.

Hadès les aimait plus que tout au monde et les voir aussi heureux lui donnait irrésistiblement envie de supplier le temps de cesser sa course effrénée pour pouvoir contempler leur bonheur encore quelques siècles supplémentaires. Poséidon surprit alors son regard sur eux et se mit à l'éclabousser sans merci, aussitôt imité par sa sœur. Mais Hadès étant plus fort qu'eux deux réunis, il n'eut aucun mal à les envoyer sous l'eau avant de les rejoindre dans leurs rires incontrôlés lorsqu'ils refirent surface.

Malheureusement, malgré ses supplications, le temps ne s'arrêta par pour eux et Zeus vint bientôt les retrouver, apportant avec lui une découverte qui allait changer leur vie à jamais. Il tenait dans ses mains un seau qu'il avait sûrement trouvé à la cave, et dans ce seau, il y avait un tas de pierres volcaniques – du moins, ce fut ce qu'Hadès pensa.

« Où est ma boisson ? Tu ne veux tout de même pas que l'on écrase ces choses pour les boire, n'est-ce pas ? demanda Hadès à son frère sur un ton dégoulinant de sarcasme.

- Mais non, idiot, répondit Zeus, agacé par la blague de son cadet. Oublies un peu ton ventre, j'ai quelque chose qui va révolutionner le monde.

- Une nouvelle idée pour décorer la pelouse du jardin ? demanda encore Hadès en se moquant franchement, cette fois-ci.