Dans la chaleur de la milonga Chapitre 12

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Nous y sommes. Il n'y a pas encore beaucoup de monde, et nous trouvons facilement place à une des tables réparties en bordure de la piste, pas trop loin de la petite scène sur laquelle va se produire l'orchestre.
En observant les lieux, je me rends compte que l'endroit semble assez ancien, des petites alcôves abritent des tableaux de danseurs et danseuses, ainsi que des paysages Uruguayens, semble-t-il. L'atmosphère générale me rappelle un peu "O marches du palais"à Lodève, une ancienne église reconvertie en musée.

Pour patienter, nous comandons des cocktails, histoire de nous mettre dans l'ambiance. Sur la piste, quelques couples évoluent au rythme d'une valse Argentine. Pedro et sa sœur, en connaisseurs, nous commentent les différentes figures des danseurs et danseuses.
Un couple retient plus particulièrement mon attention. Ce sont deux femmes qui valsent avec une grande élégance, elles sont tellement connectées qu'il est presque impossible de distinguer celle qui guide de celle qui suit.
Je les suis des yeux toute la durée de la tenda et lorsque celle-ci s'achève, je ne peux retenir des applaudissements.

En souriant, elles quittent la piste et se dirigent vers notre table. Celle qui semble tenir le rôle du "tangero" s'adresse à nous:" merci beaucoup pour vos applaudissements, les couples de femmes ne sont pas encore très bien acceptés en Amérique du sud, il n'y a guère qu'ici et quelques autres rares endroits, où nous pouvons nous livrer à notre passion."
Pedro lui répond:" oui, ma sœur et moi sommes de Buenos aires et nous déplorons cette situation. Les mentalités évoluent bien moins vite qu'en Europe, ou même qu'aux USA!"

-Il faut espérer que votre exemple donne envie à d'autres femmes de s'exprimer, sur une piste ou ailleurs. Nos deux ami(e)s qui viennent de France ont appréciée votre prestation, et je suis sûre qu'ils ne manqueront pas d'en parler à leur retour.
-Oh, deux Français tangeros, il n'est pas courant d'en rencontrer par ici. En général, les pratiquants de tango étrangers vont plutôt en Argentine.
-Oui, beaucoup ignorent que notre danse préférée vient en partie de l'Uruguay!

Avec le peu d'espagnol que nous connaissons, Héléna et moi invitons nos deux interlocutrices à danser. Un bref instant hésitantes, elle finissent par accepter, et nos deux couples avançons alors sur la piste.
Sans nous concerter, ma compagne se retrouve avec celle qui guidait, alors que j'hérite de la tangera. Nous échangeons alors nos prénoms, cette dernière se prénommant Juanita.

Et nous voilà partis pour une milonga très rythmée que Josephina, c'est ainsi que se prénomme l'autre danseuse, engage de façon très énergique en entrainant Héléna.
Pour ma part, bien qu'étant à l'aise avec la milonga, j'essaie de me montrer à la hauteur des talents de ma danseuse. J'ai bien vu, en les observant tout à l'heure, qu'elle était loin d'être une débutante.
De figures codifiées en improvisations, nous tournons sur la piste, au rythme de "cachivacheria", pour enchainer sur la très rapide "Milonga de Buenos Aires".
Essouflés nous terminons cette tenda par un moment plus calme avec la "Milonga Criolla" de Francisco Canaro.

En regagnant nos places, je regarde ma danseuse, et, constatant qu'un grand sourire éclaire son visage, je lui demande si elle a appréciée notre prestation!
-Alain, c'est la première fois que je danse avec un français, et je peux dire que si tous vos compatriotes dansent comme vous, le tango argentin a encore de beaux jours devant lui!
-Juanita, vous me flattez. Mais j'ai ressenti une telle connexion entre nous que la danse devenait naturelle, et que mes pas semblaient flotter sur le parquet!

En retrouvant Héléna et Josephina, nous pûmes constater qu'elles aussi avaient grandement appréciée leur tenda en voyant leurs yeux briller de plaisir.
Nous asseyant, nous commandâmes un rafraichissement bien mérité, et entamâmes une discussion sur le tango en général, mais également sur les différences de pratique, d'un pays à un autre.


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Désolé de mettre autant de temps entre deux parutions, mais, écrivant à la volée, j'ai besoin que le chapitre à venir s'imprime dans ma tête avant de l'écrire.
J'espère que ceux qui me suivent me pardonnerons cette lenteur!



Dans la chaleur du Tango ArgentinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant