👂🏼PARLE MOI✍🏽✍🏽👂🏼ÉPISODES :21👂🏼

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Je venais de me réveiller, et comme à mon habitude, je regardai autour de moi afin de vérifier que j'étais toujours dans la même chambre que la veille. Je voulais me rassurer de ne pas être retournée entre temps chez Félix, quand je constatai une fois encore que je n'étais plus couché sur le sol. N'étant plus accoutumée à la douceur, je descendais chaque nuit, pour fuir le confort de mon lit. Je n'arrivais pas à m'endormir sur cette nouvelle couchette qu'ironiquement, mon corps trouvait un peu trop moelleuse. Et durant chacune de ces nuits, une personne que je crois être Angel, venait me remettre dans le lit, parce que chaque matin, je me réveillais allongée de nouveau à l'endroit que je fuyais.

Je trouvais également chaque matin à mon réveil, un grand pichet d'eau ainsi que mon petit déjeuner sur la table de chevet. Et quelques temps après, la femme qu'Angel m'avait présentée comme étant Léa venait récupérer le plateau, pour revenir durant l'après-midi me donner mon deuxième repas de la journée. Il en était de même pour les repas du soir.
C'était ça ma nouvelle routine, et je la préférais à l'ancienne. La dénommée Léa ne m'adressait aucun regard et se gardait de mettre une bonne distance entre nous. Sans doute de peur que je ne l'agresse de nouveau. Cette éloignement n'était pas pour me déplaire, car la présence d'un inconnu dans la même pièce que moi m'étouffait et me donnais des crises de panique. Cependant, je ne saurai comment l'expliquer, mais cette règle ne s'appliquait étonnamment, pas à Angel. C'est comme si lui, avait trouvé le moyen de m'approcher sans m'alarmer.

Et hormis les visites régulières de Léa, personne d'autre n'entrait dans ce qui était apparemment devenue mon espace personnel. La porte n'était jamais fermée, mais toujours rabattue et la lumière était toujours allumée, ce qui éloignait les ténèbres dès que les rayons du soleil commençaient à décliner. Maintenant que j'avais vu la lumière, je ne supportais plus la moindre obscurité, et encore moins le calme presque mortuaire qui l'accompagnait. Toutes ces précautions que mon nouvel hôte prenait, m'aidais beaucoup à me convaincre que je n'étais plus prisonnière, il voulait mon bien, et je pouvais partir quand je le voulais. Enfin, je crois... De toute façon où est-ce que j'irais ?

Tous ceux que je connaissais étaient morts et les autres ne doivent plus se souvenir de moi. D'où la question qui s'en suit, que vais-je devenir ?

Depuis que j'étais là, un certain nombre de choses avaient changées, et d'autres non. La grande nouveauté, c'est que je ne faisais plus de cauchemars comme jadis, mais je soupçonne les analgésiques d'y être pour quelque chose dans mes nuits sans mauvais rêves, ou c'est peut-être le fait que je ne sois plus captive.  
Ce qui par contre n'avait pas changé, c'est que je n'avais pas pris une seule douche, ni n'avais quitté mon lit pour aller regarder le magnifique jardin que je voyais de ma chambre. Je restais constamment là, plongée dans mes sombres pensées comme autrefois dans ma cellule. Je n'étais plus physiquement enfermée là-bas, et ça m'effrayait. L'inconnu qui se présentait maintenant à moi me donnait des sueurs froides, qu'est-ce je fais, où était ma place ? telles étaient les questions qui tournaient en boucle dans ma tête. Je me sentais si seule, encore plus maintenant que j'étais dehors.

Et en parlant de solitude, ça faisait deux semaines que j'étais là, et je ne l'avais vu que deux fois. Et toutes ces deux fois, il était venu avec le médecin pour mon control. C'est comme si lui aussi me fuyait. Cette absence, me faisait mal. Je sais que c'est trop tôt, mais chaque jour j'espérais qu'il vienne me voir, afin que je sache que je comptais aux yeux de quelqu'un, ne serait-ce qu'un peu. Juste un peu...                
Je ne pouvais pas m'en empêcher. Mais apparemment, lui aussi m'avait abandonné, j'étais de nouveau seule comme cette nuit-là après la mort de mes parents. Personne ne m'accorderait plus jamais de l'attention. C'est sûr qu'il attend juste que j'aille mieux pour me mettre à la porte.

Je ne devais pas me montrer ingrate, je sais qu'il en avait déjà suffisamment fait, mais si jamais il me congédie, où est-ce que j'irais ? Après ce que j'ai fait à leur patron, Marco a dû envoyer des personnes à ma recherche, et vu ma chance, c'est certain que je n'aurai même pas le temps de faire cent mètres que ses hommes m'auraient retrouvée, et abattue violée. Enfin pas forcement dans cet ordre-là, mais c'est ce qui allait sans aucun nul doute m'arriver.
De toutes les manières même si cela se produisait, à qui je manquerais ?                                       
Qui pensera à moi en regrettant le destin dont j'avais héritée en jouant à la grande loterie de la vie ?
Personne.

Mon départ ne se remarquerait même pas. Ici j'ai de quoi mettre fin à mon existence, pas comme de l'autre côté où mes choix étaient limités, voir même inexistants.
Oui, c'est ce que je dois faire, il n'y a plus rien pour moi sur cette foutue planète. Mes parents sont morts, et d'ici peu Angel va me chasser et je serai dans la même situation qu'eux. J'ai fait ce que ma mère m'avait demandé, j'ai tenue bon jusqu'à voir et vivre cette petite étincelle de paix. Je préfère partir avant que les choses ne se dégradent, et que ma petite étincelle ne se transforme en flammes infernales. Je ne veux pas attendre que le sort, ou qui que ce soit décide de la manière dont je vais être tué. Je veux au moins avoir le dernier mot sur cet aspect de mon existence.

Les yeux embués de larmes, Alexandra descendit du lit en prenant appui sur sa jambe valide puis se dirigea à petit pas vers la salle de bain.

Tu peux le faire ma petite Alexandra.

Elle ressassait intérieurement cette phrase tout en récupérant toutes les autres boîtes de médicaments que lui avait prescrit le médecin. Elle leva les yeux vers le miroir en face d'elle, et la personne qui lui faisait face avait un teint blafarde, les cheveux en bataille, le regard terne, et d'énormes cernes sous les yeux. Cette jeune femme lui était complètement étrangère. Elle ne la connaissait pas, et lui faire du mal ne la dérangerait pas.
De toute façon ça ne dérangerait personne. Se dit-elle

Ne supportant plus d'être debout sur une seule jambe, elle se laissa alors glisser contre le mur froid de la salle de bain les yeux fermés, en essayant de mettre fin au conflit qui se déroulait dans sa tête.

Non je ne peux pas, maman et papa n'auraient jamais voulu que je termine de la sorte.

Et tu crois qu'ils auraient voulu que tu finisses violée jusqu'à en mourir ?
Tu n'as plus rien à attendre de la vie, y'a plus rien pour toi ici-bas Alexandra. Tu ne vis pas, tu ne fais qu'exister, met donc fin à tout cela. Libère toi de toute cette souffrance. Tu as tenu bon pendant neuf ans, tu peux maintenant te reposer.

Lâche prise Alexandra.

Lentement je fis donc glisser le contenu de toutes les boîtes dans une paume qui tremblait excessivement, et ce qui était étonnant, c'est que je n'arrivais toujours pas à verser une seule larme. Je sentais mes yeux qui me piquaient, mais mes glandes lacrymales me faisaient toujours la grève. Mes parents étaient morts sous mes yeux, et je n'avais pas pleurer. Je suis sur le point de me suicider, et je ne pleure toujours pas. Je suis vraiment déréglée.

Ma main agitée de petites secousses venait de faire glisser le premier comprimé sur ma langue, quand cette voix à la fois énervée, et teintée de douleur raisonna dans la pièce, en me faisant sursauter.

- Alexandra !

Angel aurait-elle voulu murmurer.

A suivre...

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