Chapitre 14 : FeuilleMiel

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 Cela faisait à présent deux jours que Lydia et ses compagnons avaient passé la frontière qui séparait l'Automne de l'Hiver. La température s'était adoucie, et les arbres se couvraient peu à peu de feuilles cuivre, ocre ou dorées. Le sol qui s'étendait au pieds des arbres aux troncs noueux en était tapissé. Les huit compagnons se nourrissaient de champignons, de viande et de courges récoltées dans la forêt. Les chevaux, eux, purent à nouveau jouir du délicieux goût de l'herbe, bien qu'elle soit un peu sèche ici. Lydia et Dovacorn les avaient brossés et avaient décrottés leurs sabots boueux. À présent, les équidés étaient en pleine forme et les reflets de leurs robes lustrées scintillaient au soleil. Aldhas et Lydia passaient beaucoup de temps à cheval, ensemble. L'elfe s'était totalement remis de la blessure que lui avait infligé le chef Erzur qui avait attaqué ValléeBleue quelques semaines auparavant. Pourtant, il préférait rester en selle pour ne pas risquer de se blesser à nouveau. La grande bataille approchait, et il voulait être prêt.

 Enfin, un après-midi, Lydia et ses compagnons aperçurent avec soulagement se dresser les maisons de FeuilleMiel, la grande ville automnale qu'ils s'étaient donné comme objectif d'atteindre et de rallier à leur cause. La cité surplombait la forêt depuis une grande colline hérissée de vieux chênes grinçants au vent. Les huit compagnons durent la gravir pour pénétrer dans la citadelle. Lydia profita de leur ascension pour se renseigner à propos de cette ville et de ses habitants.

 « FeuilleMiel est un endroit accueillant, déclara Boarund. Son peuple vit en harmonie avec la nature et est très tolérant envers toute forme de vie. De plus, les villageois, bien qu'étant des gens simples, ont eux aussi le sens de la fête et du festin. Ils aiment manger et cuisinent à merveille ! plaisanta-t-il, même s'il disait vrai.

 - À quoi ressemblent les habitants ? Seraient-ce des fées ? Des elfes ? Je n'ai jamais eu l'occasion de rencontrer un villageois de FeuilleMiel, précisa-t-elle face au regard interrogateur de Rocky.

 - Ce sont des hommes, répondit le dragon de pierre.

 - Vraiment ? demanda Lydia. Comme à FierLynx ?

 - Pas exactement... Les hommes d'ici sont... Disons, étranges, commenta Faenraun. Ils ont passé tant de temps à écouter la nature qu'ils ont fini par en prendre certains traits. Ainsi, il n'est pas rare de croiser des gens avec une barbe feuillue, des écorces sur les bras, ou même parfois des branches, des baies ou des fleurs poussant parmi leurs cheveux.

 - C'est incroyable ! s'exclama Eolia.

 - Boarund, ne m'avais-tu pas dit que FeuilleMiel était ta ville natale ? se rappela Aldhas.

 - Si, tu as raison. J'y ai vécu pendant quelques années. Je l'ai quitté pour me former auprès d'autres magiciens, puis de rejoindre ClaireLune.

 - Nous arrivons ! » le coupa Kazmodann.

 Lydia et ses compagnons étaient bien arrivés. Mais la jeune femme fut surprise en constatant que, contrairement aux autres métropoles du Stalion, FeuilleMiel  n'était pas protégée d'une épaisse muraille et d'une grande porte. Il existait une entrée, mais elle était modeste et la muraille, en pierres, ne mesurait que deux mètres de haut tout au plus. Un garde vint à la rencontre des huit amis et les regarda à travers une ouverture. Lydia constata avec amusement que quelques feuilles de houx ornaient sa barbe.

 « Ah, Boarund ! s'écria-t-il en ouvrant la porte. Entre, tu es le bienvenu !

 - Merci, répondit le magicien. Comment vont les affaires ici ?

 - Bien, bien, dit le garde. Et vous ? Que faites-vous là ?

 - Nous devons parler au roi et à la reine.

WARRIORS, Guerriers de ClaireLune (1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant