Chapitre 1 : A feu et à sang

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 La dernière maison du village se consumait lentement, encore toute chaude et fumante, témoignant de la violence de la bataille qu'elle venait de connaître. Autour de ce foyer, dont le toit n'était plus qu'un tas de cendres grisâtres, crépitaient les restes de charrettes, de puits, de jouets d'enfants. Les cadavres des villageois massacrés gisaient au sol, à demi-enfouis sous la boue et le sang, dégageant une triste odeur de chair brûlée. Ça-et-là, on pouvait apercevoir le visage meurtri d'un enfant, le corps broyé sous les coups et les flammes. Tout était détruit. Tout. Il ne restait rien.

Mais j'imagine que des explications ne seraient pas de refus, n'est-ce pas ?

Le petit village que l'on pouvait trouver à cet endroit quelques jours auparavant portait le nom de VerteColline. Il était situé à la campagne, au bord d'une rivière bordée de jolies forêts. Jadis, il était habité par des fermiers labourant leurs champs, des bergers menant leurs troupeaux à travers les collines, des pêcheurs à la peau bronzée par le soleil, à force d'heures passées au bord de l'eau, des artisans occupés à fabriquer dans leurs ateliers les plus beaux objets qui soient... La vie y était simple et agréable. De plus, dans les terres qui bordaient les maisons et les champs (des forêts, des collines et des plaines verdoyantes principalement), il ne faisait jamais froid. Et pour cause, VerteColline était situé en Été. Oui, cela signifie que toute l'année, sept jours sur sept, c'est un soleil estival qui éclairait les terres de la région, bercé par un vent chaud et un climat agréable. Les autres saisons étaient réparties dans tout le pays, le Stalion : ici, les saisons dépendaient du lieu et non du temps. Les habitants d'Été bénéficiaient ainsi d'un climat favorable toute l'année.

Dans ce petit coin de paradis rural vivait une jeune forgeronne, Lydia. La mort de son maître avait stoppé net son apprentissage, alors que sa formation était encore inachevée. Depuis, elle travaillait d'arrache-pied pour honorer la mémoire de son mentor en produisant les armes les plus puissantes de la région, qu'elle vendait ensuite aux royaumes voisins. 

Car derrière cette jolie blondinette se cachait une femme de caractère, courageuse et endurante. Difficile, en voyant son visage à la peau douce et rose, ses yeux bleus clair et ses beaux cheveux blonds et lisses, de deviner que Lydia avait vécu une enfance difficile, et qu'elle avait dû se battre pour garder espoir. Avant que ses parents ne disparaissent tragiquement pendant son adolescence, la jeune fille avait toujours été attirée par le travail manuel, le combat, et surtout la forge. A force de l'avoir sans cesse dans les pattes, le vieux forgeron du coin avait accepté de la prendre comme apprentie. C'est lui qui accepta de l'éduquer, lui qui lui avait appris tout ce qu'elle savait. Il se comporta pour elle en véritable père, et l'aida à se relever malgré son chagrin. Dans un premier temps, les habitants ne croyaient pas en cette jeune orpheline fine et fragile qui rêvait de guerriers légendaires et de créatures mystérieuses. Mais avec le temps, ils apprirent à la connaître, et la virent comme une femme de caractère qui allait au bout de ses rêves et de ses convictions.

Aujourd'hui âgée de 25 ans, la passion de Lydia pour la forge et l'aventure ne l'a pas quittée. Et les épreuves de la vie n'ont fait que la rendre plus forte, libre, courageuse et optimiste.  

Son amour de la nature et de la vie au grand air influencèrent beaucoup ses loisirs. Si bien que lorsque Lydia n'était pas occupée à fabriquer de puissantes armes qu'elle revendait aux royaumes voisins, la jeune femme allait à la chasse avec son cheval, un étalon de trait blanc nommé Écume d'Or.  Elle partait parfois des journées entières, dans la forêt, arc à la main, et revenait avec du gibier qu'elle partageait avec ses amis lors de grands festins.

Mais ce que les autres ignoraient, c'est que Lydia ne faisait pas que chasser dans la forêt. Elle s'entraînait au combat, avec son arc et une petite dague qu'elle s'était forgée et qu'elle cachait dans son étui à flèches. Elle expérimentait des techniques qu'elle inventait et perfectionnait elle-même. C'était un loisir qu'elle affectionnait tout particulièrement, et, elle en était persuadée, qui lui serait certainement utile un jour ou l'autre. Pourtant, jamais elle ne parla de ses entraînements à ses amis et voisins : dans le village rural qu'elle habitait, se battre n'était bon que pour les gardes qui surveillaient les rues. C'était même assez mal vu : on jugeait les arts du combat inutiles, pensant qu'il valait mieux se concentrer sur ses champs et ses bêtes, et personne ne tenta jamais de les apprendre.

WARRIORS, Guerriers de ClaireLune (1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant