WARRIORS, Guerriers de ClaireLune (1)

Chapitre 2 : Une rencontre innatendue

Lydia et sa monture ne tardèrent pas à arriver dans une petite clairière, après plusieurs instants de course effrénée. Lydia laissa son cheval brouter un peu, pendant que, allongée dans l'herbe, elle repensait à ces mystérieux ennemis qui avaient détruit son village et sa vie. Elle se questionnait notamment sur l'origine de ces créatures et sur la raison pour laquelle ils avaient attaqué VerteColline, qui était pourtant un village très pacifique.

« Qui étaient ces ennemis ? Et que nous voulaient-ils ? » se demandait-elle.

« Eux ? C'étaient des esclaves d'Arcanis, de pauvres animaux transformés en monstres », souffla une voix grave et sage venant des arbres.

Lydia se leva en sursaut. Un ennemi avait du la suivre ! Effrayée,elle porta la main à son arc et se redressa, toute raide. Elle sentit des sueurs froides la parcourir tandis qu'elle scrutait les alentours. Malheureusement, les arbres étaient touffus et il était difficile de voir à travers les feuilles et les branchages. Aux aguets, Lydia tenta une autre stratégie. Elle se tut et tendit l'oreille, à l'affût du moindre bruit suspect. Comme aucun son ne se fit entendre, elle se hasarda à poser une question.

« Qui a a parlé ? demanda-t-elle, menaçante.

- Oh,c'est moi. » dit la voix.

Lydia se retourna d'un coup dans la direction d'où provenait ces paroles. La jeune femme ne crut pas ce qu'elle vit ensuite. Les feuilles se mirent à remuer, et, peu à peu, une créature gigantesque apparut d'entre les arbres. Il s'agissait d'un immense dragon blanc, au regard plein de sagesse, aux longues cornes torsadées et aux ailes impressionnantes. Une rangée de cornes grises lui parcouraient le cou, le dos et la queue et il avait de longues oreilles tout aussi membraneuses que ses ailes. Deux moustaches semblables à celles d'une carpe pendaient de chaque côté de son museau et il était doté d'une gueule large dont dépassaient seulement ses deux canines de la mâchoire supérieure.

Il était si grand qu'il semblait être apparu comme par magie. Lydia, ébahie, se demandait comment est-ce qu'elle avait pu ne pas le remarquer. Effrayée, elle n'avait même pas le courage de fuir, malgré ce que son instinct lui hurlait de faire. Au fond d'elle, quelque chose lui disait que cette bête aurait peut-être plus à lui apporter qu'elle n'en avait l'air. Pour l'instant, c'était le seul être vivant à connaître l'identité des créatures à l'origine de la destruction de VerteColline.

Je pensais que les dragons n'étaient qu'une légende ! se dit-elle. Et en plus il parle !

« Et bien pourtant nous existons, et nous sommes même capables de parler, dit le dragon comme s'il avait entendu la question de Lydia. Cependant, rares sont ceux qui ont la chance de nous voir.

-Vous... Vous lisez dans les pensées ? osa demander Lydia, méfiante, mais toujours trop curieuse pour fuir.

-C'est en effet l'un de mes nombreux pouvoirs », dit le dragon.

En tout cas, il n'a pas celui de la modestie, pensa Lydia, amusée. Elle tenta de se détendre un peu. Le dragon ne semblait pas si dangereux qu'il n'en avait l'air.

« J'ai entendu, dit le dragon », d'un air faussement vexé, confirmant les impressions de Lydia. Mais cela ne répondait pas aux nombreuses autres questions qu'elle se posait.

« D'ailleurs,qui êtes-vous ? demanda-t-elle enfin. Vous n'êtes pas venu pour me tuer, sinon ce serait déjà fait, devina la jeune femme.

-Bien vu. Effectivement, ta mort ne m'intéresse pas. Je suis là pour te proposer... une nouvelle vie. J'ai déjà évoqué Arcanis, un puissant démon. Il capture des animaux et des hommes qu'il torture et transforme en horribles bêtes de guerre, les Erzurs. Ce sont elles qui ont attaqué ton village, comme beaucoup d'autres. Hélas, leur carnage est loin d'être terminé. Si personne ne s'y oppose, Arcanis et son armée détruiront tout sur leur passage jusqu'à ce que le Stalion tout entier se soumette à lui. A l'heure qu'il est, il a déclaré la guerre à de nombreuses villes aux quatre coins du pays. C'est pourquoi tu dois venir avec moi, et m'aider à venger toutes les victimes de leur carnage. Suis moi, et ensemble, nous mettrons fin à cette guerre et feront régner la paix, expliqua calmement le dragon.

-Ah oui ? Et comment voulez vous que je fasse !? Je ne sais même pas me battre ! rétorqua Lydia.

-En es-tu certaine ? Tu t'es bien défendue avec ton arc l'autre jour.

-Vous étiez là ? Vous m'avez vue ! Et vous ne m'avez pas aidée... » ragea Lydia, bouleversée. Un tel allié aurait pu sauver tant de vies !

« Oui,j'étais là, avoua le dragon. En réalité, je te suis depuis longtemps, je t'ai observée quand tu t'entraînais dans les bois.Quant à mon aide... tu n'en avais pas besoin.

-Comment ça ? Vous vous moquez de moi ! Je ne suis pas capable de repousser à moi seule toute une armée ! Quand je pense à toutes ces vies perdues... Quel gâchis...

-Je sais que tu es triste. Mais même à deux, nous n'aurions pas pu les repousser tous. En revanche, si tu me suis, et que nous réussissons, cela n'arrivera plus. Nous pourrions mettre fin à ce chaos et sauver de nombreuses victimes. C'est pourquoi je te propose de me rejoindre, et de m'aider à faire régner la paix. Mais avant,tu dois savoir que venir à ClaireLune est un véritable engagement.Ce n'est pas une décision que l'on doit prendre à la légère. Une fois que tu auras donné ta réponse, tu ne pourras plus revenir sur ta décision. ». Le dragon marqua une pause, afin de laisser la jeune femme méditer sur ses paroles, avant de reprendre :

« Le moment est venu de choisir. Seras-tu des nôtres ? » demanda-t-il d'un ton insistant.

Lydia poussa un long soupir et se mit à réfléchir, pesant le pour et le contre. D'ordinaire, elle ne se serait jamais lancée dans une telle aventure. C'était si risqué ! Elle ne tenait en aucun cas à revivre l'horreur qu'elle avait vécu lors de l'attaque. Elle n'aimait pas vraiment se battre, et tuer encore moins. 

Mais d'un autre côté, elle savait qu'elle avait tout perdu de son ancienne vie. Elle n'avait réussi à sauver que quelques pièces d'or, une somme qui serait loin d'être suffisante pour ouvrir une nouvelle forge ou acheter une maison.

La proposition du dragon semblait plus intéressante. Pour une fois, Lydia pourrait accomplir quelque chose d'utile. Même si sa route serait parsemée de risques et de dangers, elle aurait l'occasion de sauver des vies. Elle pourrait même venger son village et empêcher ces ennemis, les Erzurs apparemment, de poursuivre leur massacre. Le dragon avait l'air juste et honnête. La jeune femme était bien tentée de le suivre.

« Je viens, dit-elle enfin, après de longues minutes de réflexion. Après tout, je n'ai rien à perdre... ajouta-t-elle à mi-voix.

-Excellent ! Dit le dragon d'un air satisfait. Prend ton arc, tes flèches, ton cheval et viens. ».

Lydia rassembla ses affaires, harnacha Écume d'Or et suivit le dragon,confiante. L'étalon la suivait docilement, sans être effrayé par l'impressionnante créature blanche qui avançait à ses côtés, se faufilant gracieusement entre les arbres. La jeune femme ne voulait pas fatiguer son cheval en le montant, car elle ignorait totalement la distance qui la séparait de leur destination, ainsi que le type de terrains qu'ils seraient emmenés à traverser. En chemin, elle tenta d'en savoir plus sur le dragon et son histoire, ainsi que sur la proposition qu'il lui faisait et le rôle qu'elle occuperait alors. Cependant, obtenir des réponses de ce mystérieux inconnu semblait plus difficile que prévu. Il était si énigmatique pour quiconque le connaissait mal !

« Où allons-nous ? commença-t-elle par demander.

-À la vallée de ClaireLune. Notre armée nous y attend.

-Notre... armée !? » s'étrangla Lydia, écœurée. Pour elle, armée était synonyme de guerre, de combat incessant et, au sens large, de mort et de destruction.

-Évidemment ! Nous n'allons pas combattre seuls ! » répondit la créature en levant les yeux au ciel.

Au cours du voyage, Lydia en apprit plus sur le dragon et son peuple. L'animal se nommait Faenraun et avait rassemblé les meilleurs guerriers du pays au sein d'une même armée, réunie dans une ville secrète, ClaireLune. La cité était située dans une petite vallée au centre de la forêt, en Été. La jeune femme s'en doutait, elle était loin d'imaginer ce qu'elle allait y découvrir...