Dinner pour quatre.

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8 novembre 1998

Draco laissa son regard s'attarder sur chacune de ses boucles. De douces volutes brunes, entremêlées de mèches dorées. Le clair et le foncé se mélangent. Coexistant.

Elles étaient longues et domptées aujourd'hui, encadrant parfaitement ses joues douces et bronzées avant de se répandre sur ses épaules délicates. Elle souriait à la conversation de Lovegood, quelle qu'elle soit. Weasley était à sa gauche, Potter à sa droite - comme à l'école. S'il occultait suffisamment, il pouvait même prétendre qu'ils étaient tous de retour à l'école, que ce n'était qu'une année de plus à Poudlard. Les regarder tous les trois, avec leur vie parfaite, leur amitié parfaite, alors que lui avait une marque gravée sur le bras et un monstre prêt à le torturer au premier signe d'échec. Un monstre prêt à frapper sa famille s'il échouait.

 Un monstre prêt à frapper sa famille s'il échouait

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Il la vit sourire à pleines dents, dévoilant ses dents blanches et parfaites. Son rire léger traversa les tables jusqu'à lui, le son le plus doux qui ait jamais résonné dans sa poitrine. Il lutta contre l'instinct qui le poussait à la prendre dans ses bras et à avaler ce rire pour lui-même. Il lutta contre l'envie de la garder égoïstement pour toujours. La Weaselette semblait s'être emparée de l'histoire à présent, agitant ses mains avec animation. Les yeux ambrés d'Hermione, de la couleur d'un whisky de feu, dansaient entre les deux filles qui semblaient avoir rattrapé leur retard pour la première fois depuis longtemps. La lueur dans ses yeux lui disait que ces retrouvailles étaient nécessaires, qu'elles restauraient une partie d'elle qu'elle avait négligée.

Draco avait passé les dernières semaines à éviter Hermione Granger. En fait, il avait l'intention de garder ses distances indéfiniment. Cela faisait des semaines qu'il n'avait pas senti ce bourdonnement dans ses veines et cela avait affaibli sa détermination dès qu'elle avait franchi les portes. Elle ne venait presque jamais dans la Grande Salle, aussi sa présence ce soir l'avait-elle pris au dépourvu et il n'avait pu se résoudre à résister à l'envie de la boire. La conscience qu'il avait d'elle, qui bourdonnait chaque fois qu'elle était près de lui, était une sensation apaisante. Il laissa cette sensation prendre le dessus, la laissa parcourir chacun de ses membres, puis revenir à son cerveau, à sa poitrine. Cela faisait un moment qu'il ne s'était pas attardé sur le pourquoi de cette réaction. Pour une raison inexplicable, il ne se sentait plus le droit de s'interroger. Il l'avait combattue les premières années, mais n'en avait plus la force. Il avait même été capable de l'ignorer complètement à un moment donné. Mais pas depuis qu'il l'avait vue chez lui. Non, depuis ce jour, elle était devenue bien plus forte, cette envie de protéger, de garder.

Draco savait qu'elle était capable d'oublier plusieurs repas et que Théo devait pratiquement la forcer à manger pour s'assurer qu'elle restait nourrie.

Pourquoi est-elle venue aujourd'hui ?

Peut-être que ses amis l'avaient entraînée.

Theo était assis quelques places plus bas que Draco et n'avait fait aucun commentaire sur le fait de lui apporter de la nourriture, ni même semblé reconnaître qu'elle était venue dîner aujourd'hui.  Lorsqu'il l'avait vue pour la dernière fois, ce jour-là à la bibliothèque, Weasley s'était inquiété de ses habitudes alimentaires. Draco ne voulait pas penser qu'elle travaillait si dur qu'elle ne mangeait pas. Il savait que son cerveau était incroyable, mais peut-être qu'elle se perdait dans ses pensées tout comme lui.

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