Chapitre 21 : ❗❕ La triste histoire de Wilhelm ❕❗

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« J'ai toujours été faible... » commença le prince en soupirant.

Voyant qu'il allait se confier, Simon écouta attentivement.

« Mentalement surtout. J'ai jamais supporté cette vie, la pression qu'on me foutait sur les épaules. Ça me poussait à tout foutre en l'air. Mes parents, surtout ma mère, ne supportaient pas que je fasse un pas de travers.
Je m'amusais pas pendant mon enfance, mais j'étais éduqué à toutes les valeurs de la monarchie. Je ne pouvais pas me lier d'amitié avec les gens "normaux". Et ça me mettait mal, vraiment mal.
Alors j'ai détruit ma vie au fur et à mesure des années. J'ai bu, beaucoup. Et très jeune. J'ai aussi été assez influencé par des gens de mon collège. J'ai fumé. Je me suis totalement détruit sous toutes les formes. Le total contraire de ce que la société souhaitait voir de moi.
La seule personne qui me maintenait à la surface, c'était mon frère, Erik. Il a toujours été là pour moi, et c'est toujours le cas actuellement. C'est le premier à s'être réellement inquiété pour moi, et c'est le premier à avoir remarqué que j'allais vraiment pas bien. C'est aussi le premier à m'avoir trouvé après... »

Il s'arrêta pour inspirer. Il se mit à se ronger les ongles nerveusement, comme à son habitude. Il sembla à Simon que la partie qui allait suivre risquait d'être particulièrement éprouvante et douloureuse, à raconter pour Wilhelm comme à entendre pour lui.
Mais même malgré ça, il était pendu à ses lèvres, il buvait ses paroles. Il voulait tout savoir de lui, absolument tout. Et ça pouvait le soulager rien qu'un petit peu de se confier à quelqu'un, alors ce quelqu'un serait lui, Simon Eriksson, l'externe dont personne ne veut.

« C'est le premier à m'avoir trouvé après ma "crise". »
« Ta crise ? »
« Un jour, j'étais vraiment trop mal. Je m'étais rongé chaque ongle de chaque main jusqu'au sang, je m'en souviens comme si c'était hier. Je m'étais durement engueulé avec ma mère, et mon père et mon frère ne m'avaient pas du tout soutenu. J'étais monté dans ma chambre en rageant.
Je me demandais ce que j'avais fait de mal. Pourquoi tout me retombait en pleine face quand il ne le fallait pas. J'étais en pleurs.
Et puis...la vie ne m'a plus paru...je trouvais que ma vie était vraiment à chier. Mais genre vraiment VRAIMENT. Qu'elle ne valait plus la peine d'être vécue. »

Simon le sentait arriver. Il ne voulait pas l'admettre, mais son pressentiment était si fort qu'il ne pouvait pas faire semblant de rien. Il serra les dents et recommença à se mordre les lèvres. C'était son tic nerveux à lui.

« Alors je me suis dirigé vers la salle de bain... »
« Non, non... » fit Simon.
« Je...j'ai... »

Le brun se cramponnait si fort au banc que ses jointures blanchissaient. Ils étaient tous les deux au bord des larmes.

« Je me suis mis dans la douche tout habillé, sans allumer l'eau. J'ai vu mon rasoir sur le lavabo, alors je me suis dit "Pourquoi pas ?"... »

Cette fois, ils pleuraient vraiment à chaudes larmes. C'était de plus en plus dur pour Wilhelm de parler.

« Je l'ai approché de mon poignet et...je me suis fait une première entaille. J'ai eu mal, super mal. Mais la douleur était agréable pour moi. Alors j'ai recommencé. Plusieurs fois. Trop de fois même.
Et à un moment, je ne me souviens plus trop à combien j'étais, mais je ne ressentais plus rien. Moralement et physiquement. Et ça faisait du bien. »
« Oh, Wilhelm... » sanglotait Simon.

Le blond tentait de se reprendre, sans succès.

« Mais je me rappelle encore du sang : son odeur, sa texture, tout. Il y en avait plein partout. Dans la douche, sur mes vêtements, vraiment partout. Je le sentais couler le long de la main, c'était chaud, rassurant dans un sens et étouffant dans l'autre. Et l'odeur...elle était si forte.
Et ce n'est que lorsque j'ai tourné la tête et que j'ai vu ce que j'ai fait, ce que je me suis fait, que j'étais horrifié.
Après ça, je ne me rappelais plus de rien, je me suis réveillé dans un hôpital avec pour seule compagnie Erik.
Dès que j'avais ouvert les yeux, il m'avait direct sauté dessus. Il pleurait beaucoup. Mes parents n'étaient pas là. Ils n'ont jamais été là. Pas une seule fois. Je ne sais même pas s'ils ont été au courant de cette histoire, puisqu'ils n'en ont jamais reparlé. »

Il s'arrêta, signe que c'était la fin de son récit tragique. Simon le prit dans ses bras, les larmes coulant toujours sur ses joues.

« Je suis tellement désolé... » s'écria le brun, sincère.

Et ils pleurèrent encore en silence, dans les bras réconfortants l'un de l'autre.

* Fin du chapitre *

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Pas de prince pour moi, merciOù les histoires vivent. Découvrez maintenant