Mercredi 17 août (2/4)

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Eden se redresse, souffle avec son habituel sourire en coin, incline la tête sur le côté, serre la mâchoire et lui envoie à son tour un coup de poing. Mais le sien est assez fort pour légèrement sonner Nino. Cependant, pas suffisamment pour le décourager, car il tente de le re frapper, en vain.

Je regarde la scène qui se déroule très rapidement. Je suis d'abord sous le choc, mais me ressaisis très vite. Nino a tort, je ne suis pas le genre de fille qui se contente d'observer une bataille sans rien faire quand il y a quelqu'un à qui je tiens qui y participe. Je ne vais pas non plus m'enfuir, ou rester outrée et hurler. J'ai tout de même fait des sports de combat, il fait bien que ça me serve !

Alors après avoir encore une fois essayé de dire à Nino d'arrêter, je passe à l'étape suivante. En effet, voilà que Moetu se mêle à bagarre, son ami étant en difficulté. Eden se retrouve donc à deux contre un et commence à faiblir.

Je m'avance vers Moetu, lui tapote sur l'épaule. Il se retourne incrédule vers moi, alors je lui mets la plus grosse droite que je n'ai jamais mise à quelqu'un. En même temps, je n'avais jamais eu à donner un coup à quelqu'un en dehors des cours. Ce dernier s'en remet donc beaucoup trop vite, mais est un peu secoué par l'effet de surprise. Je ne peux pas dire que mon coup a été puissant, loin de là malheureusement.

« Enfin, les filles ne peuvent pas se battre Lucie, tu devrais pourtant le savoir » se moque-t-il.

Là, il commence à me chauffer. J'essaye donc de lui redonner une droite, mais il m'attrape le poing facilement. Je tente donc une gauche qu'il esquive facilement en rigolant. Mais je ne me défile pas, je n'ai pas seulement appris à donner des coups avec les mains, j'ai bien plus de ressources que ça. Alors, je fais semblant d'être découragée et épuisée, je fais aussi semblant de vaciller vers lui. Puis je lui donne un coup de genou dans le ventre, suivit d'un coup de coude dans la tête, car mon coup n'a encore un fois pas été assez suffisant.

Une fois Moetu à terre, je regarde Eden, inquiète. Maintenant qu'ils sont à un contre un et sachant que mon ami est plus fort que Nino, malgré qu'il soit un peu secoué, il arrive à donner un dernier coup à son adversaire qui le met à terre lui aussi.

Je me précipite vers lui en lui demandant s'il va bien. Il me répond que oui, je m'y attendais mais je ne le crois pas. Il est blessé, saigne du sourcil et a d'autres petites blessures.

« Je suis désolée » je lui chuchote en lui prenant la main dans les miennes.

Il met me fait un demi sourire, je sais que c'est uniquement pour me rassurer, mais là c'est lui qui a besoin de moi. Je le tire par la main pour l'emmener loin d'ici. Je me mets à trottiner et Eden me fait signe de tourner dans un petit chemin. On va vite, on ne s'arrête pas. Je continue de le tirer car je sens qu'il faiblit, je ne veux pas qu'ils nous rattrapent. Eden me guide car on se rend chez lui, c'est plus proche.

On arrive peu de temps après devant sa maison. Je n'avais jamais vu où il habite. Eden à une très grande maison, immense même. En réalité, c'est même une villa. Il est riche ? Je ne pensais pas. Mais ce n'est pas le moment d'admirer.

On entre et il s'arrête dans l'entrée, dos à moi, épuisé, comme moi d'ailleurs. Après quelques respirations, je pose ma main contre son dos. Il se retourne. Je le regarde désolée et dépose délicatement ma main sur sa joue. Je me sens vraiment très mal pour lui. Eden le ressent sûrement car il me sourit, mais pas son sourire de dragueur en coin, non, un sourire réconfortant. Pourtant je n'ai rien moi, enfin rien de visible... contrairement à lui.

Je me jette sur lui et passe mes bras autour de lui. Après un instant d'hésitation, il fait de même, m'entourant la taille de ses bras musclés. Je blottis ma tête sur son torse. Je peux entendre chaque battement de son cœur, chaque respiration qui ralentit. Je peux sentir son souffle chaud, sa peau sur la mienne. Il n'y a pas besoin de mot, on se réconforte juste par ce contact, ce moment me parait hors du temps, comme éternel.

15 706 km plus loinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant