Le souffle court, Karina serra plus fort les poignées de ses dagues, ressentant la vibration des lames qui s'entrechoquaient dans un rythme frénétique. Sa main gauche était maculée de sang, ses doigts engourdis par la répétition des coups. Le visage de son adversaire, masqué par l'effort et la concentration, ne laissait transparaître aucune émotion. Le bruit métallique des armes qui s'affrontaient résonnait dans l'air, chaque cliquetis marquant une tentative de survie, une manœuvre pour gagner la supériorité. Finalement, après une ultime parade, elle perdit l'équilibre, tombant lourdement au sol. L'une des dagues d'adversaire se trouvait à quelques millimètres de cœur de Karina, prête à infliger le coup fatal.
Le professeur des combats, un homme à la stature imposante, annonça d'une voix grave : « - Anaiar remporte ce combat. »
Anaiar tendit la main vers Karina, un sourire fier sur le visage.
« - Vous vous êtes bien battue aujourd'hui, excusez-moi pour la blessure à votre bras. »
Karina, essoufflée mais déterminée, attrapa la main de sa sœur et se releva avec dignité. «- Ne vous inquiétez pas, Sœur. Ce n'est qu'une égratignure. »
Il est important que les princesses de Casterin recevaient des cours d'entraînement, des combats avec du sable, des dagues, des épées et d'autres armes.
Il est nécessaire que la véritable princesse de Casterin soit instruite, courtoise, féminine et possède un pouvoir mystérieux pour la défendre. La Reine leur parlait depuis leur plus jeune âge. La reine était capable de manipuler toutes les armes mieux qu'un soldat ou un assassin, elle portait toujours une dague comme les filles, mais personne ne le savait sauf la couturière qui avait ordonné que toutes les robes fabriquées par elle possèdent des poches invisibles pour les poignards.
Karina demanda à sa sœur si son apprentissage avec le général Marsnael se passait bien.
« - Oui, c'est un professeur professionnel. »
« - Oh ! » Karina déclara : « Je suis sûr que vous serez une générale plus performante que lui. »
Anaiar répondit en espérant : « - Vous serez la reine dont tout Casterin sera fier. »
Les paroles de sa sœur résonnèrent dans l'esprit de Karina. Bien qu'elle sût que son destin la destinait à gouverner le royaume, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un certain désenchantement à l'idée de se consacrer uniquement aux affaires de l'État. Les leçons de politique et de gouvernement, bien que nécessaires, lui semblaient fades en comparaison des cours de stratégie militaire qu'elle enviant à Anaiar mais plus encore elle savait que sa sœur pourrait un jour quitter les murs de Casterin même si pas pour une merveilleuse raison. Cependant elle savait que ce n'était pas là son chemin, du moins pas en totalité. La responsabilité de régner pesait déjà sur ses jeunes épaules, un fardeau qu'elle ne pouvait fuir.
Alors que ces pensées tourbillonnaient dans son esprit, un messager fit irruption dans la salle d'entraînement. Essoufflé, il s'inclina respectueusement avant d'annoncer que la reine souhaitait rencontrer ses deux filles immédiatement.
Le visage de Karina se figea d'inquiétude. Depuis plusieurs jours, leur mère, la reine, ne quittait pas son lit, se plaignant d'une fatigue persistante. Les médecins du palais, bien qu'ils aient assuré qu'il n'y avait rien de grave, lui avaient formellement interdit de se lever.
Pourtant, Karina ne pouvait s'empêcher de ressentir une inquiétude sourde grandir en elle. Les deux sœurs se hâtèrent de rejoindre les appartements de la reine. Elles trouvèrent leur mère alitée, mais toujours digne, son visage pâle illuminé par la lueur vacillante des bougies.
Elle toussa légèrement avant de prendre la parole d'une voix affaiblie mais déterminée.
« - Il y a un bal important dans le royaume de Vodenfan dans deux semaines, » dit-elle, son regard passant de l'une à l'autre de ses filles.
« - Casterin est tenu d'y envoyer un représentant de la famille royale. » Elle fit une pause, reprenant son souffle avant de poursuivre : « - Je souhaite que mes filles, les princesses de Casterin, y représentent notre royaume. Vous partirez demain matin avec le général Marsnael. Le voyage sera long, environ dix jours, mais il est impératif que notre maison soit honorablement représentée. »
Karina, toujours respectueuse de ses devoirs, répondit avec assurance : « - Avec le plus grand honneur, chère maman. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire briller Casterin. »
Anaiar hocha la tête en signe d'approbation, bien que son esprit semblât déjà envisager les défis stratégiques que pourrait poser ce voyage.
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Sonate au clair de lune [TOME 1]
FantasyLe royaume privé de toute la magie sauf de la lune claire. Le royaume où il n'y a que des constructions et aucune nature. @GroupedeBetaLecteurs