Chapitre 58

14 3 2
                                    

Anaiar regarda le trône, ce trône royal qui devait passer à sa sœur mais maintenant il serait le sien. Elle ne voulait jamais la couronne, mais les circonstances l'avaient obligée à l'accepter. Après l'échec de sa mission, la prison semblait être son unique destin. Cependant, Karina n'était pas capable de régner sur le royaume et la nature les aurait tous tués. En même temps, sa conscience continuait à la tourmenter ; il était impossible de laisser deux vraies reines dans la prison.

C'est pour sauver Casterin ! C'est pour sauver Casterin ! C'est pour -

« - Votre Majesté ! » La voix du remplaçant du général, Kaden Mavorit, la tira de ses pensées. Amoureux d'elle depuis des années, son attachement pouvait expliquer pourquoi il l'avait aidée à s'évader. « - Qu'ordonnerez-vous de faire avec votre sœur et votre mère ? »

Anaiar inspira profondément, tentant de dissimuler la douleur qui la ravageait de l'intérieur.

« - Karina, enfermez-la dans la cellule la plus cachée du royaume et placez au moins deux gardes. » Anaiar retint ses larmes de toutes ses forces.

Kaden la fixa, cherchant un signe d'hésitation, mais n'en trouva pas. Il acquiesça avant de demander d'une voix plus douce :

« - Et avec Sylasa Tektonnora ? »

Anaiar détourna le regard, incapable de maintenir son masque d'impassibilité.

« - Fai... F... Faites ce que vous penserez être le mieux pour le royaume. » Sa voix se brisa en prononçant ces mots. Kaden inclina la tête et se retira en silence, respectant son désir d'intimité.

Dès qu'il fut hors de vue, Anaiar s'effondra, ses épaules secouées de sanglots.

Qu'est-ce que j'ai fait ? À quoi suis-je devenue ?

Elle se rappela les jours où elle et Karina jouaient ensemble dans les salles du palais, insouciantes et innocentes. Sylasa, leur mère, les observait avec bienveillance, leur enseignant les valeurs de justice et de compassion. Comment en était-elle arrivée là, trahissant tout ce en quoi elle croyait pour un trône qu'elle ne désirait pas ?

Anaiar se leva péniblement, essuyant ses larmes. Elle savait qu'elle devait être forte, non pas pour elle-même, mais pour son peuple. Casterin avait besoin d'un dirigeant capable de prendre des décisions difficiles. Elle n'avait pas le luxe de se laisser consumer par la culpabilité.

Elle répétait dans son esprit :

C'est pour sauver Casterin... C'est pour sauver Casterin...

Sonate au clair de lune [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant