Chapitre dix-sept

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(Disclaimer: ce chapitre contient une scène assez explicite)

Lacey Cooper

     J'étire mes membres en prenant une grande inspiration. Je n'ai pas patiné depuis une journée mais j'ai l'impression que cela fait une bonne décennie. Me remettre sur glace me donne l'impression de renaître. Monsieur l'aigri est à l'autre bout de la patinoire comme d'habitude en train de s'échauffer de son côté et je ne m'en plains absolument pas.

     J'attrape la rambarde pour m'appuyer dessus et mieux réaliser mes étirements. Je sens mes os craquer et un soupir de soulagement m'échappe, il ne me manquait plus que ça pour pouvoir terminer mon échauffement. Je sors mon téléphone et me mets à chercher une des musiques que j'ai téléchargées hier. Lister toutes les musiques pouvant aller avec le thème, les réécouter en boucle et imaginer une chorégraphie avec chacune d'entre elles m'a pris presque toute la journée. Trois musiques sont sorties du tas et je dois les faire écouter à Caleb pour qu'il me serve un minimum à quelque chose.  

     Je patine en son sens pour freiner sec juste devant lui, laissant des morceaux de glace lui sauter dessus.

- J'ai trois musiques que tu dois écouter, je l'informe en lui pointant mon téléphone.

- Madame daigne finalement me reparler ? Répond-il en se tournant vers moi.

- Ta décision n'est pas obligatoire, c'est seulement pour te faire croire que t'as le choix en fait, je reprends, levant les yeux au ciel. Il hausse les épaules en me tournant le dos.

- Puisqu'elle n'est pas si importante que ça tu peux bien le faire comme la grande fille que tu es, tu ne trouves pas Lacey ? Il rétorque sans me lancer un regard.

- Je fais l'effort de te parler donc tu te retournes et tu me regardes pour commencer, c'est la base même du respect Caleb, je fais en appuyant sur son prénom comme s'il me brûlait la langue de le faire. Il se retourne pour me faire face, mais la seule chose à laquelle je fais face sont ses yeux plus froids qu'un iceberg même.

- Oh mais je ne t'ai pas demandé de me parler, tu as pris l'initiative seule Lacey, comme à peu près tout ce que tu fais depuis le début non ?

- Je te trouve assez culotté de me dire ça, Monsieur qui s'est levé un beau matin et a tenté de m'empoisonner !

- T'en fais toute une montagne, comme d'habitude d'ailleurs. T'es encore vivante donc tu devrais déjà profiter de ça pour revoir tes propres actes, ta fausse gentillesse ne te mène à rien avec moi.

- Et bien heureusement que je suis là d'ailleurs, toi qui ne prends rien au sérieux, bon courage au bon Dieu pour trouver quelqu'un de plus nonchalant que toi. Sans moi nous serions déjà en Californie en train de regarder les autres duos qui se tiennent à nos places !

- Te donner un air de personne qui s'occupe de tout jusqu'à t'en rendre malade ne te rends pas meilleure que moi non plus. Tu crois que je ne t'entends pas te réveiller au beau milieu de la nuit pour vomir parce que tu rêves de je ne sais quoi ? Tu crois que je ne t'entends pas pleurer dans ton vestiaire après chaque manche ? Tu crois que je n'ai pas vu ton carnet rose à paillettes où tu notes absolument tout ce que tu manges ? Et par extension tu crois que trouver la nourriture que je t'ai acheté dans les poubelles ce matin me fait plaisir Lacey ?

     Je me fige. Aucun mot ne me sort de la bouche. Aucune des paroles blessantes que je pourrais lui sortir en retour ne sors de ma bouche. Ma répartie habituelle semble s'en aller de moi alors que ses mots me heurtent de plein fouet. Je me sens complètement glacée sur place, j'ai l'impression que le monde s'est arrêté et que mes poumons prennent toute la place dans ma cage thoracique et que mon cœur résonne beaucoup trop fort dans ma gorge.

Winter Bucket ListOù les histoires vivent. Découvrez maintenant