Chapitre 2

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Je me fais brusquement sortir de mon sommeil par un rayon de soleil qui traverse le rideau mal fermé de la fenêtre et par du bruit des couverts qui me font comprendre que ça s'active dans la cuisine. Je me lève de mon lit, légèrement essoufflé à cause de l'altitude. Mon frère est déjà avachi sur le canapé avec un Twix dans la bouche et son téléphone dans la main. Ma mère et mon père sont à table en train de manger le fameux petit déjeuner protéiné de ma mère qui m'attend dans la troisième assiette.

- J'ai fait des œufs brouillés, me signale ma mère

- Merci

Malgré le fait qu'elle soit hyper détendue le matin, dans moins d'une minute cela va changer, car il va falloir se préparer à tire-d'aile pour être les premiers sur les pistes. Et vu le temps magnifique qu'il fait dehors, on va devoir se préparer encore plus vite qu'habituellement.

- Je descends pour sortir les skis, Aria, tu fermes l'appartement derrière s'il te plait et Elio remue-toi !

À peine fini ma tartine de beurre de cacahuète que ma mère est déjà sur le palier à donner les fameuses directives de la journée. Personne ne bronche, du moins ne le montre pas et on obéit sans commentaires. Mon père et mon frère suivent ma mère qui claque un peu trop fort la porte en descendant au sous-sol, faisant trembler l'étage. Il me reste maintenant 20 minutes pour me prépare et pour mener ma bataille avec mes longs cheveux bouclés afin qu'ils rentrent tous dans ma cagoule et mon casque.

Je bénis infiniment tout ce qu'il y a à bénir, car mes skis m'attendant sagement devant l'entrée de l'immeuble prêt à être fixés à mes pieds. Je remercie avec un signe mes parents qui sont surement à l'origine de ce miracle qui m'évite la fameuse descente d'escalier avec les chaussures de skis jusqu'aux casiers. À présent, il me faut juste retrouver l'équilibre sur ces sacrés skis et la force de mes jambes pour les virages. Mais comme ma mère me le dit journellement, les muscles ont une mémoire, il ne sera pas trop difficile pour moi de retrouver les formidables sensations que procure le ski.

La première matinée est quasiment parfaite pour entamer les vacances, le ciel reste d'un bleu vif, j'ai presque chaud avec le soleil qui tape sur ma tenue noire. J'ai retrouvé mon appétence pour la glisse et on a même fait plusieurs pistes rouges avec mon frère. On s'est jusqu'à mis en tête grâce à l'application de mon père de fait un concours de vitesse maximal. Celui qui aura la plus grande vitesse maximale, schuss compris, à la fin de la semaine devra payer une fondue à l'autre. Étant donné qu'elles sont hors de prix en station, j'aimerais beaucoup gagner. Ce qui me fait penser qu'une petite pause nourriture ne me ferait probablement pas de mal avec tous les efforts physiques que j'ai fournis ce matin.

- J'ai un peu faim, je vais m'arrêter au restaurant plus bas

- Attends-nous là-bas, ton frère veut faire une autre piste, me prévient mon père

Je lui montre mon pouce relevé et me dirige vers la pente qui mène au restaurant. Elle est assez lisse, sans bosses et pas vraiment pentue pour une soi-disant pente. La pente parfaite pour un petit schuss qui fera surement monter mon record de vitesse maximale. Je vérifie bien à droite et à gauche qu'aucuns autres skieurs ou snowboardeurs n'est décidé de s'élancer en même temps que moi et fonce. Je me mets le plus bas possible, le poids légèrement sur les pieds en avant, fléchi, bâton en arrière et tout schuss. La vitesse me fait naturellement peur, mais là, je me sens plus que libre que jamais, j'ignore le vent qui me fouette le visage malgré ma cagoule et m'abaisse pour aller encore plus vite. Je vois le restaurant se rapprocher et me préparer à freiner quand ma jambe droite dérape sur le côté de la piste, à l'opposé du restaurant. Je prends peur et essaye de ralentir, mais je suis attirée de plus en plus vers la droite où un gros panneau orange avertit quelque chose que je n'arrive pas à voir. L'impact avec celui-ci et presque inévitable, mais je tente en vain de le contourner. J'ai l'impression de reprendre le contrôle de la situation quand je suis violemment percutée par une silhouette plus grande que moi. Ma vue se brouille et je m'abandonne à mon sort, me laisse tomber dans la neige comme une idiote.

- Tout va bien ? me lance une voix grave

Je me redresse sonner et aperçois un snowboardeur agenouillé à côté de moi. Je suis assise dans une position très bizarre sur le côté avec un ski qui tient toujours et le deuxième trois mètres plus loin, mes bâtons sont toujours dans mes mains, mais un de mes gants s'est détaché.

- Soren ! Soren ! Oh mon Dieu !

À peine ai-je repris mes esprits pour répondre au snowboardeur qu'une fille, plus petite et vielle que moi, accours vers nous affoler suivi d'un autre snowboardeur. Elle est vêtue d'une combinaison toute blanche et elle tient son casque à la main, ses cheveux aussi noirs que ses lunettes sont impeccablement lissées et ne semble pas s'emmêler quand elle court.

- Soren ça va ? T'es-tu fait mal ?

- Moi non, mais elle sans doute vu à la vitesse à laquelle elle m'a percuté

Ils se tournent tous les deux vers moi et paraissent me dévisager même si je ne vois pas leurs yeux.

- T'es malade aussi ! Il y a un gros panneaux orange fluo avec écrit « fermée réservé pour compétition » me crie miss cheveux impeccable.

- Désolé, bafouillé-je sans trop vraiment comprendre ce qui m'arrive

- C'est bon Anaïs pas besoin de lui crier dessus, tempère Soren, le mystérieux snowboardeur

- Non mais aussi ! C'est écrit en fluo pour une bonne raison, elle aurait pu te casser une jambe

- N'abuse pas Ana, elle est 10 fois plus légère que moi, c'est moi qui aurais pu lui casser un truc

- N'empêche que faut faire attention la prochaine, me lance-t-elle avant de s'éloigner avec Soren qui me lâche un petit hochement de tête

Je me retrouve encore une fois comme une idiote au milieu que ce qui est donc une piste de compétition avec un ski en moins et dans l'incompréhension totale de la situation.

- Excusez-les, ils ne sont pas très aimables, me lance le deuxième snowboardeur en ricanant et me proposant sa main

- Merci, soufflé-je en roulant les yeux

- Ils auraient pu au moins t'aider à te relever

- J'aurais pu le faire seul, ce n'est pas très grave

- C'est quand même la moindre des choses

Je le remercie encore une fois et rechausse mon ski que le deuxième et plus aimable mystérieux snowboardeur me tend.

- Fait quand même bien attention la prochaine fois aux panneaux ! me lance-t-il avec un clin d'œil avant de s'éloigner lui aussi vers les autres.

Je reste planté quelques minutes pour me repasser la situation et remettre mon gant quand Anaïs me fait signe avec un faux sourire au loin de dégager de la piste. Je ne lui réponds pas et me décale sur le côté de la piste autorisée, là où est ma place. 

Tout SchussOù les histoires vivent. Découvrez maintenant