Chapitre 24

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Le ciel est parsemé de tellement d'étoiles que je ne sais même pas laquelle regarder. Je me perds complètement dans son immensité. Je me suis trouvée un petit coin sur le début de la piste de ski qui est derrière les immeubles. Cette contemplation me permet de couper les ponts avec tout ce qu'il se passe et de prendre du temps pour moi. Pour me rappeler que je ne suis rien face à l'univers. Qu'ils ne sont rien face à l'univers. Mais que si je suis là à l'observer, c'est bien qu'il m'apprécie un peu. Je suis consciente de ma réaction immature fasse à ce qu'il c'est passer au restaurant avec mes parents, mais j'ai tant accumulé en si peu de temps que je n'arrive pas à faire le tri dans ma tête. Le ballet des dameuses va bientôt commencer, il faut que je quitte la piste de ski sinon je vais au choix me faire engueuler ou me faire écraser et je n'ai franchement pas besoin de ça actuellement. Et je n'ai aussi pas besoin de la silhouette que j'aperçois au loin. Une silhouette qui avance vite, un peu trop déterminé à venir me voir. Je fais rapidement fait demi-tour vers la rue pour éviter la confrontation, mais c'est déjà trop tard. La silhouette accélère et ses pas font craquer la neige. Je serre les poings en guise de protection de ce qui m'attend.

- Aria ?

Lucas me regarde sans surement trop comprendre ce que je fais là. Je m'arrête malgré moi et décide d'affronter ce que je devais affronter un jour ou l'autre. Comme une grande personne, responsable et mature. Il s'avance un peu plus et arrive à ma hauteur.

- Lucas

- Que fais-tu là ? demande-t-il en bégayant presque

- Je prends l'air 

Un blanc s'installe et je m'apprête à repartir. Finalement, il n'y avait rien à affronter. 

- Je... Je suis tellement désolée pour la dernière fois, je n'aurais pas dû, c'était tellement immature de ma part

Je me fige. Je reste silencieuse, mon regard fixé sur la voile noir de la nuit derrière lui. Je ne sais même pas quoi dire, je ne sais même pas si, je dois lui pardonner. Ses yeux cherchent les miens comme s'il attendait une réponse ou un son de ma part.

- Ce n'est pas une excuse Lucas, tu m'as embrassé sans mon consentement, je ne sais pas si tu te rends compte, outre le geste, tu n'as pas pensé, à aucun moment, tu n'as pensé à ce que ça pourrait signifier pour moi

- Je sais... Je... Je ne voulais pas te blesser... vraiment... mais c'est...

Il s'interrompt en cherchant ses mots. Il emmêle et démêle ses mains comme si elles le gênaient.

- Tu me rappelles tellement elle, lâche-t-il dans un murmure presque coupable

J'avance ma tête d'un coup pour lui faire comprendre que je n'ai pas bien compris.

- Pardon ? 

- Tu me rappelles tellement Emma...

Je me prends un coup poing ou même une avalanche. Parce que je ressemble à son ex, il m'a embrassé, l'unique raison qu'à un mec pour m'embrasser c'est que je lui rappelle son ex. Je prends une grande inspiration pour calmer les pensées qui se chamaillent dans ma tête.

- Pas parce que tu ressens quelque chose ? Juste parce que je lui ressemble ? Tu es donc devenu ami avec moi pour cette unique raison Lucas ? Parce que je te fais penser à ton ex ?

- Non, ce n'est pas ça ! s'exclame-t-il, la voix pleine de désespoir. Je t'apprécie vraiment Aria. Mais... je ne sais plus où j'en suis. C'est juste que... quand je te regarde, quand je t'écoute, c'est comme si je voyais une partie d'elle encore en vie, et ça me perturbe

Il est pris dans ses souvenirs. Il n'arrive absolument pas à faire son deuil. D'un côté ça me rend triste pour lui, mais d'un autre, il faut lui montrer que ses actions blessent et qu'elles continueront de blesser s'il continue. Déjà que j'essaye de trouver ma place dans un monde qui me semble flou et on me balance à la figure que je ressemble à une fille décédée. Je secoue la tête et fais un pas en arrière.

- Je ne suis pas elle Lucas, dis-je avec une voix plus ferme, je ne le serai jamais, tu dois faire ton deuil, définitivement ! Sinon, tu n'arriveras pas à avancer et tu blesseras des gens comme tu la fais avec moi

Il se fige, ses yeux se remplissent de tristesses. Comme il ne dit rien, je continue dans ma lancée.

- C'est blessant de réaliser que quelqu'un n'est attiré par toi que pour ce que tu représentes, pas pour qui tu es réellement

Je n'aurais jamais pu imaginer un moment de sortir des mots comme ceux-là. Je m'épate de ma maturité instantanée. Le silence s'installe entre nous et le vent glacial se lève. Il hoche la tête sans rien dire.

- Je suis désolé

Je fais un pas de plus en arrière, déterminé à mettre fin à cette discussion.

- Je pense qu'on devrait en rester là

Ses yeux s'écarquillent, mais il ne proteste pas.

- Tu dois avancer, mais pas avec moi, je pars de toute manière à la fin de la semaine, on se verra sûrement plus jamais après ces vacances, mais si je peux te donner un conseil pour que tu continues ; il ne faut pas que tu restes accroché à quelqu'un qui n'est plus là

Ses poings se serrent lentement.

- Je suis vraiment désolé Aria

- Je sais, mais ça ne suffit pas

Je détourne le regard, arrivé à mon quota de maitrise émotionnelle. Je lève la tête, les étoiles continuent de briller au-dessus de nous et le monde de tourner.

- Prends soin de toi, Lucas, dis-je en tournant les talons, prête à quitter ce moment pour de bon.

Alors que je m'éloigne, je ne l'entends pas me retenir. Il reste là, figé. Je me sens légère, presque libérée, libérée d'un poids parmi les trois qui me ronge.

Les dameuses commencent à descendre les pistes, signalant le milieu de la nuit. Moi aussi, je m'éloigne, prête à avancer, seule, mais plus déterminée que jamais à retrouver mon propre chemin et celui de mon lit. 

Tout SchussOù les histoires vivent. Découvrez maintenant