Chapitre 16

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La descente jusqu'à la station accompagnée des secouristes est plutôt amusante. Même si je ne suis pas gravement blessée, et heureusement, la pisteuse m'a autorisée à descendre en brancard. De toute manière mon snowboard est au fin fond d'un gouffre de glace. Toutes les salutations sont rives sur notre petit cortège pendant la descente jusqu'à la station. J'espère juste ne pas croiser mes parents et mon frère. Je me suis mise d'accord avec le sauveteur en charge de la paperasse qu'est tant donné que je ne suis pas blessé et que je suis majeure, mes parents ne sauront rien de ma mésaventure. Je suis soulagée qu'ils soient ok pour ne rien dire. J'aurais dû affronter la fureur de ma mère et le séjour aurait sûrement pris fin plus tôt que prévu. Et puis si j'avais été en vacances seule avec des amis, ils n'en auraient rien su. Nous arrivons sur la petite plateforme de la piste d'entraînement de snowboard où mes skis m'attendent sagement.

- Ça va aller pour finir de descendre ? me lance la pisteuse qui m'a sorti de la crevasse

- Oui, merci infiniment

- Pas de problème, c'est notre travail, tâche de faire plus attention la prochaine fois et partez, surtout en hors-piste, à 3 ou 4

Je hoche la tête et la remercie encore une fois avant de troquer mes bottes de neige pour mes chaussures de ski.

- Hélas ! Hélas !

Je manque de tomber en virevoltant vers la voie qui m'appelle. Lola fait des grands gestes en courant son snowboard sous le bras. Je souris, mais ma bouche s'abaisse en voyant deux silhouettes masculines courir derrière elle. Ah non. Je ne suis pas prêt à partager mon aventure gênante avec Lucas et Soren. Et encore moins de parler avec Soren de la rencontre inattendue avec son père.

-Aria ! Oh mon Dieu ! Soren nous a prévenus, tu n'aurais jamais dû aller avec Anaïs et ses plans foireux, tu es blessé ?

Lola me bombarde de question et je vois à sa tête qu'elle a vraiment eu peur. Je la comprends, mais ça me fait bizarre qu'une personne que je connais que depuis peu soit autant soucieuse pour moi.

- Tout va bien Lola ! ça me fera une anecdote à raconter, je réponds en ricanant

- Fin quand même Aria, dans une crevasse !

- Je sais bien, j'y étais, mais c'est fini

Elle me regarde avec des yeux de chien battu et me saute dans les bras. J'accepte son câlin réconfortant et la rassure encore que tout va bien. Je ferme les yeux pour profiter de cette étreinte, une rare chose que j'ai l'habitude de recevoir. Mais nous sommes interrompus par une main masculine qui se pose sur mon épaule. Je me détache de Lola et lève les yeux vers le bras qui m'agrippe et tombe nez à nez avec Soren et Lucas.

- Tout va bien ? questionne Lucas affolé, Soren reste en retrait derrière lui sans dire un mot

J'acquiesce en jetant un coup d'œil et me libère des bras de Lola.

- Tu nous as fait quand même super peur Aria, confie Lola

- Heureusement qu'Anaïs a prévenu Soren , ajoute Lucas

Finalement, elle n'est pas si mauvaise, même si c'est la moindre des choses de prévenir les secours quand il y a un accident.

- Oui d'accord, mais c'est tout de même elle qui l'a amené en hors piste alors qu'elle a commencé le snowboard il y a peine 4 jours, lance Lola en colère à Lucas

Je tique la tête sur le côté en approbation avec ce qu'elle vient de dire.

- C'est ma faute, murmure Soren

Je tourne la tête vers lui et croise son regard qui n'est plus le regard perçant, mystérieux, mais un regard désolé. Ce n'est pas tout à fait faux, c'est lui qui m'a posé un lapin sur notre cours, mais ce qui est arrivé aurait pu arriver à n'importe qui.

- Non, c'était un accident

- J'avais pourtant dit à Anaïs d'y aller doucement, si je n'avais pas fait le con hier soir, j'aurais été là pour le cours

Je sens Lucas se remuer à côté de moi et se tourner vers Soren

- Parce que tu devais lui faire un cours ?

- Oui, je lui ai proposé à la soirée, réplique-t-il sèchement

Lucas est nerveux et m'adresse un regard peiné.

- La prochaine fois, demande-moi si tu veux un prof qui tient ses promesses

Je le regarde paniquer, ne sachant pas quoi répondre et sentant une atmosphère de tensions s'installer.

- Bon, on ne va pas commencer à débattre sur qui est un meilleur prof, elle sort d'une crevasse au cas où ! soufflé Lola en m'attrapant les épaules

Je la remercie intérieurement d'avoir cassé la discussion et j'ai hâte de mettre mes skis.

- Merci en tout cas, je vais rentrer à l'appartement me reposer

- Je t'accompagne ! crie Lola et vous les gars retournés à l'entraînement

Ils m'adressent deux vifs sourires et s'éloignent sans un mot.

- Les garçons, je te jure tout le temps à se comparer même dans les situations improbables

Je ricane et pousse sur mes bâtons pour entamer la descente.

Nous arrivons au rond-point des pistes lié à l'heure actuelle. Je suis soulagée de ne pas voir une horde de policiers qui m'attendent avec ma famille pour régulariser mon accident ou quoi. Cette pensée tordue m'a suivi pendant toute la descente.

- Je peux t'accompagner à ton appartement si tu veux

- Si ça ne te fait pas un détour, je veux bien !

Un peu de compagnie ne me ferait pas de mal après les minutes ou heures que j'ai passées dans la crevasse. Une pensée qui me fait tiquer. 

- J'ai passé combien de temps dans la crevasse en fait ?

- Une bonne heure, je crois, parce que quand Soren nous a prévenus, il venait d'avoir Anaïs au téléphone, le temps qu'il prévienne son père et que les secours, puisqu'on...

- Pourquoi il a prévenu son père ? je la coupe, interloquée

- Son père, c'est genre, le mec influent de la station. Il possède avec le père d'Anaïs le pôle compétition donc avoir les secours à la minute, c'est un peu son pouvoir et le gars est 24h/24h sur les pistes.

Je hoche la tête pendant que mon cerveau rappelle les pièces du puzzle de la relation Anaïs et Soren et du pourquoi du commentaire j'ai eu des secours si vite, plus le père de Soren. 

- Et je vais te dire heureusement parce que sinon les secours auraient mis dix fois plus de temps

- Surtout que j'avais plus de batteries sur mon téléphone donc autant te dire que la crevasse serait devenue ma nouvelle maison

Nous partons dans un gros fou rire de ma blague pas si drôle que ça.

- Mais tu sais, je pense que tu ne le laisses pas indifférent, pour qu'il accélère si rapidement le processus de sauvetage, dit Lola avec un air malsain

- Qui ? Le père de Soren, je réplique en pouffant pour masquer ma gène 

- Non Soren débilos !

Je lui donne une bande sur l'épaule et secoue la tête. Mais je sais qu'au find fond de la crevasse qui me sert de cœur, ce qu'a dit Lola a fait réagir quelque chose.

Tout SchussOù les histoires vivent. Découvrez maintenant