Chapitre 27

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POINT DE VUE DE SOREN 

Je suis au début de la file que forme notre groupe. Mon frère et Lola se chamaille comme deux enfants. Je suis content qu'il se soit trouvé. Fin qu'il se soit enfin trouvé, après des années à se tourner autour. Soit, ils avaient vraiment trop peur ou alors Adrian attendait que Lola soit un peu plus mature.

- On se met tous les quatre, crie Lola

Je hoche la tête, me tourne vers Lucas. Il me fait un petit signe de la tête et rabaisse la tête sur son snowboard. Depuis la soirée de la compétition, il est très bizarre. Peut-être parce qu'on approche de la date d'anniversaire de l'accident d'Emma.

Je me retourne vers la queue des touristes, observant le va-et-vient des skieurs et snowboardeur autour de moi, quand, je la vois. Aria émerge du flot de gens, elle est à l'écart de la queue, adossé contre le bandeau orange fluo. Ses skis en position, son casque de ski noir brillant sous le soleil. Une tresse bien ordonnée glisse le long de son cou, mais son masque est relevé, laissant son visage découvrir une expression à la fois déterminée et nerveuse. Elle attend, je ne sais pas qui ni quoi, mais elle attend en jouant machinalement avec ses bâtons et la neige qui recouvre ses skis. Je me souviens de notre moment partagé, où les mots avaient coulé facilement entre nous, où je lui avais confié des choses, lui révélant certaines de mes inquiétudes et de mes pensées. Mais depuis notre discussion, elle s'est repliée, on ne la plus croisée, elle n'est plus venue trainer avec nous. Alors qu'elle se tient là, figée, je sens une étrange connexion se former dans l'air. Ses yeux cherchent quelque chose. Lorsque nos regards se croisent, un frisson d'électricité me parcourt. Je ne sais pas si elle ressent la même chose, mais je peux voir l'angoisse s'installer dans son regard. Elle abaisse son masque rapidement, cassant cette connexion, ce moment. Je détourne aussi le regard pour ne pas l'offusquer.

Mais je ne peux pas laisser cette occasion filer. Je veux lui montrer que je suis là, que je la vois, et que, malgré tout, malgré ce qu'a pu insinuer Anaïs, elle compte quand même pour moi et que notre discussion, ce n'était pas rien.

- On arrêter les bêtises et on s'active, l'équipe crie, on bloque toute la queue ! crie le coach

J'en profite pour m'avance vers l'embarquement, je laisse Lola, Lucas et Adrian passer en premier, mais Lola tombe sur Aria. Je me fige. Elle n'a pas remarqué que c'était Aria, mais elle se stoppe trop longtemps sur elle. Je ne compte pas alerter tout le groupe, même pas Lola que c'est Aria. Je respecte son choix de se tenir à l'écart de nous même si je ne comprends pas pourquoi.

Une fois qu'ils ont embarqués et qu'Adrian est gueulé parce que je ne suis pas monté avec eux, je me dirige vers l'embarquement du télésiège. Elle est juste à côté de moi, mais ne la pas sentit. Je me rapproche légèrement, mon cœur battant la chamade, espérant que ce simple geste suffira à briser le mur qu'elle semble s'imposer. Un mélange d'appréhension et de désir me submerge. Je ne sais pas pourquoi j'ai décidé de tendre ma main. Mon cœur bat un peu plus vite en frôlant le dos de sa main. C'est un geste si simple, si léger, mais dans cet instant suspendu, il paraît chargé de tant de significations. Je peux sentir la chaleur de sa peau contre la mienne, et un frisson parcourt mon échine, comme si une connexion invisible s'établissait entre nous. Pourtant, je sais que je ne devrais pas. Ce n'est pas le moment.

Je me détourne rapidement, me forçant à ne pas me retourner. Je sens son regard sur moi. L'instant se fige, et je sais qu'elle est là, en train de me suivre du regard, alors que je monte dans le télésiège. Un vide inexplicable s'installe en moi. C'est comme si je laissais derrière moi une partie de moi-même, une partie que je ne peux pas m'empêcher de désirer, malgré la situation. Pourquoi ai-je fait ça ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas me contrôler quand il s'agit d'elle ? Je me sens tiraillé entre mes sentiments et ne pas la brusquer. L'angoisse me ronge alors que je réalise que rien n'est jamais simple. Je sais que je devrais prendre mes distances, mais chaque fois que je la vois, chaque fois que je la touche, je perds un peu plus de mon sens de la raison. 

Tout SchussOù les histoires vivent. Découvrez maintenant