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Je remonte la capuche de ma cape noire en marchant le long de la ruelle parsemée de pavées. La nuit est tombée depuis deux bonnes heures, je me suis assurée qu'un événement mondain était organisé ce soir pour me rendre à la maison sans croiser un membre de ma famille. J'avais la crainte de ne pas être capable de reproduire un portail pour me rendre à Slonia. Il faut croire que je n'ai pas totalement perdu mes facultés.
Des personnes sans abris me demandent des pièces pour assouvir leur faim, mais je n'ai rien à leur donner. Je me contente de passer devant eux, la tête baissée avec un curieux sentiment de culpabilité. Ces hommes et femmes ne viennent pas de grande famille, ils n'ont absolument rien et au sein du royaume de Slonia la popularité et la richesse est la clé du succès. J'ai appris que les humains vivaient comme cela auparavant avant que le système de la royauté ne soit renversé un peu partout. Certains pays n'ont pas de souverain, mais un président. Cela permet au peuple d'avoir une véritable voie pour l'avenir du pays. Mais Slonia n'acceptera jamais une telle éventualité. Les traditions sont trop précieuses aux yeux des grandes familles surtout les plus influentes. Celles qui papillonnent autour de la souveraine elle-même. Eastwood, Cowbell, Brevil, Allard, Cloven, Lestar et Denholm sont les plus populaires.
Je presse le pas en direction de mon ancienne maison. Elle est tout à fait respectable, mais pas suffisamment aux yeux de mes parents. Selon mon père, grand-mère n'a pas laissé un grand héritage en dehors du salon de thé. Je trouve toujours idiot de délaisser un tel lieu uniquement par flemmardise d'en prendre soin.
J'arrive rapidement devant les vestiges de mon ancienne vie dans laquelle je n'étais pas heureuse. Je m'agenouille devant le pot de fleurs à la recherche de la clé de secours. Comme je m'y attendais, elle se trouve toujours à la même place. Ils n'ont jamais trouvé cette cachette sinon ma mère l'aurait volontairement changé de place. J'insère la clé dans la serrure tout en pénétrant dans la maison. Une odeur de plantes desséchées tourbillonne dans l'air, ce qui me donne envie de vomir. Les meubles n'ont pas changé en dehors de la commode à l'entrée. J'ignore comment ils sont parvenus à acheter un tel produit avec les dettes de mon père et les nombreux caprices de ma sœur.
Personne ne semble présent et nous ne sommes pas suffisamment riches pour avoir des domestiques. Je marche en direction de la bibliothèque dans laquelle est regroupée chaque grimoire. Il y a certainement ce que je recherche. Notre lignée n'est pas aussi ancienne que celle des Cromwell, mais j'ai bon espoir de trouver ce dont j'ai besoin. La bibliothèque est toujours aussi rayonnante malgré mon absence. Je remarque de nouveaux livres posés sur la petite table. Le seul point commun que nous ayons avec ma mère et moi est notre amour mutuel pour les livres.
Je me mets au travail parce que j'ignore combien de temps j'ai devant moi avant le retour de ma famille. Je ne suis pas prête pour une confrontation, ils n'ont certainement pas pardonné mon départ. Je me suis contentée de laisser une simple lettre et passer par la fenêtre de ma chambre avec mes maigres affaires sans me retourner. La première étagère rassemble des grimoires de cuisine, ce n'est pas ce qu'il me faut. Les ouvrages volent autour de moi afin que je puisse facilement les consulter. Debout sur l'échelle, je lis à toute vitesse les pages des grimoires avant de passer au suivant.
― En voilà une surprise.
Surprise, je détourne mon attention de la bibliothèque et lâche le grimoire que je tenais dans la main. Enveloppée dans une robe de chambre blanche, ma mère m'observe avec une étrange lueur dans les yeux.
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Larmes de minuit
ParanormalQuand on parle d'un certain Azriel Cromwell, il n'est pas rare d'entendre des moqueries à son sujet. Il n'est pas seulement maladroit et laid, c'est aussi un incapable ! Ce n'est pas un héritier digne de la famille Cromwell. Lors d'une réception en...