Avertissements : angoisse, vomissements, troubles de l'alimentation
Les bavardages remplissaient le toit où vous étiez assis entouré de vos amis pour le déjeuner. Le siège que vous aviez pris se trouvait juste à côté d'un certain Haruka Nanase, dont vous étiez presque sûr qu'il était l'amour de votre vie, même si quelque chose de bon pourrait sortir de votre béguin d'adolescent, même si le garçon sans expression vous rendait ses sentiments, c'était possible. Cela n'arrivera pas. Tu n'étais pas comme lui ni comme aucun des autres membres du groupe d'ailleurs, tu n'étais pas une adolescente normale, comme Gou l'était, tu ne te soucies pas de ton nombre de calories comme le font la plupart des filles, tu ne le fais pas vous inquiétez de vos résultats scolaires comme tout le monde a tendance à le faire, tout ce qui vous préoccupait était de rester en vie et de ne pas dévorer les personnes qui vous tenaient à cœur.
Non, tu n'étais pas une adolescente normale qui participait aux activités du club et était invitée à des soirées pyjama, tu étais une goule, tu te nourris de chair et de sang humains, de la vraie nourriture qui autrefois avait le goût d'un feu d'artifice pour tes papilles maintenant en entrant dans ton la bouche t'a donné envie de vomir pendant un an, tu bois trop de café car c'est la seule chose que tu peux avaler, et ce qui a été le plus douloureux dans ta situation c'est que tu es seul. L'isolement est le seul moyen par lequel vous avez réussi à ne pas être découvert, il vous a maintenu en vie mais il ne vous a pas laissé vivre. Bien sûr, tu avais des amis, des amis que tu traverserais l'enfer et reviendrais pour protéger mais ils ne pouvaient jamais vraiment te comprendre, et oui, ils t'aimaient comme l'un des leurs mais ils ne savent pas vraiment qui tu es en dessous tout ça. Sous votre façade d'adolescente tout à fait normale, une fille qui ne peut pas faire son coming-out parce qu'elle se prépare à son major, une fille qui apparemment avait un avenir radieux devant elle, vous l'avez conçu pour que personne ne voie à travers, mais ça reste blessé que personne n'a jamais fait.
Autant vivre dans une coquille vide fait mal, autant l'idée de perdre ce qui vous est cher fait encore un peu plus mal. "Tu ne manges pas." La voix de Haru vous sortit de vos pensées, secouant la tête, vous vous tourniez pour croiser son regard, "Non, j'ai encore oublié mon déjeuner.", Makoto rit de vous avant de pousser certains de ses calmars dans votre direction, "Encore ? Tiens, prends-en un peu ! avait-il alors dit suivi d'un doux sourire dans votre direction, ce groupe de personnes auquel vous vous trouviez si attaché était trop bon avec vous, ils étaient gentils et attentionnés et accueillants et altruistes, vous aimiez ça chez eux, vous l'aimiez vraiment, mais dans des situations comme celles-ci, l'amour allait faire mal. Dans un sens très littéral également. Vous ne pourriez jamais vous résoudre à refuser une offre, surtout lorsqu'elle était si pure de cœur et venant de la mère la poule aux œufs d'or du groupe. Vous n'avez pas perdu de temps à montrer au garçon aux cheveux olive un sourire éclatant et reconnaissant, en attrapant un morceau de son calmar, vous avez ri intérieurement, "Awh, merci Mako, je devrais vraiment arrêter de faire ça, hein?", après m'être étouffé. en bas du calmar, vous vous êtes excusé du groupe en leur disant que vous alliez préparer quelques livres avant la reprise des cours, puisque vous aviez donné alors l'impression que vous étiez un travailleur acharné, ils ne vous ont pas interrogé, vous donnant seulement des supplications « Ne vous surchargez pas ! » et vous épargnant les regards inquiets.
En quittant le toit où vous étiez assis auparavant avec le groupe, vous avez fait une ligne B pour les toilettes des filles, le calmar que vous aviez mangé vous brûlait déjà les entrailles et vous laissait un goût de mort dans la bouche, vous détestiez ce que vous alliez faire mais si vous vouliez rester en vie, il fallait le faire, entrer dans une cabine et verrouiller la porte, vous vous mettiez à genoux et vous penchiez au-dessus de la cuvette des toilettes, votre index et votre majeur remontant dans votre bouche et repoussant déclenchant votre réflexe nauséeux, les larmes te remplissaient les yeux, peu importe combien de fois tu étais forcé de faire ça, tu pleurais toujours, tu ne pouvais pas t'en empêcher, tu ne pouvais pas t'empêcher de détester le fait que c'était ce que tu devais appeler vivre maintenant. Tu n'as pas toujours été une goule, tu étais juste une petite fille normale qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, qui a eu un terrible accident et qui en est sortie vivante contre toute attente, tu t'es réveillée dans un hôpital en pensant que tu été béni, mais maintenant, alors que vous vidiez vos tripes dans les toilettes d'une école, vous saviez que vous aviez été damné.
