Chapitre 7: L'homme aux cheveux blancs

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Cette nuit-là, Adrian Leblanc s'est glissé dans ma chambre. L'effet de ce que Jawad m'avait injecté persistait, donc je n'ai opposé aucune résistance. Mais sentir ses mains sur moi, sachant qu'il avait tué ou ordonné le meurtre de ma mère, me dégoûtait. Savoir qu'il était un cannibale et qu'il avait mangé la chair de ma mère me répugnait inévitablement. J'ai fini par vomir, ce qui l'a poussé à quitter le lit. Il a ordonné à Claude de changer mes draps et de me mettre sous la douche. Cette dernière a tenté de me noyer dans la baignoire. J'étais trop engourdie pour me débattre, elle m'aurait sûrement tuée si Jawad n'était pas intervenu. Alors que j'étais dans le bain, ils ont commencé à s'embrasser, mais quand ils ont entendu du bruit, ils se sont écartés l'un de l'autre. J'ai trouvé ça étrange. Claude m'a affirmé qu'elle était la fiancée d'Adrian Jr, pourtant elle semblait très intime avec Jawad.

Quoi qu'il en soit, le reste de la nuit, ils m'ont laissée tranquille, toujours avec le corps du médecin qu'ils ne se décidaient pas à retirer de la chambre. Je crois que c'est un moyen de me torturer psychologiquement, mais honnêtement, après avoir vu ma mère dans l'état dans lequel ils l'ont mise, plus rien ne pourrait me faire mal. Je me sens vide, je ne ressens absolument rien au fond de moi. Je me sens tellement coupable pour tout ce qui est arrivé. Je fais de mon mieux pour ne pas penser à papa, avec sa santé fragile. S'il apprend ce qui est arrivé à l'amour de sa vie, il ne survivra pas.

Je me tourne sur le côté. Je me demande encore ce que maman était venue faire à Nîmes. Si seulement j'avais pris son appel cette nuit-là... Mais non, j'ai préféré appeler des flics stupides qui n'ont été d'aucune aide.

Aujourd'hui, la maison est particulièrement calme. Ni Claude ni Jawad ne sont venus me voir. Je ne vais pas m'en plaindre.

J'ai les membres engourdis d'être ainsi attachée. Je regarde du côté de la fenêtre. Si je réussis à me détacher et à l'atteindre, je pourrais sauter et mettre fin à tout ça. J'aurais la satisfaction de savoir que ma mort sera une frustration pour Adrian Leblanc et en plus, ce n'est pas cher payé. J'y pense depuis que je suis adolescente.

Je me sens happée par le sommeil et je ne résiste pas. Je suis réveillée par un bruit faible. Je reste immobile : c'est sûrement Claude ou Jawad. Je vais faire celle qui dort, ils finiront par me laisser tranquille. Mais si c'était Adrian Leblanc ? Non, après ce que je lui ai fait la nuit dernière, je doute qu'il ait le cœur à revenir. Quoique, je doute qu'un cannibale puisse être dégoûté par quoi que ce soit.

Je sens le matelas s'enfoncer sous un poids, et la seconde d'après, quelqu'un me tombe dessus. Il pose ses mains sur mon visage, pressant plus précisément un mouchoir contre mon nez. Je commence à me débattre, mais avec les membres entravés, c'est vraiment difficile. Je retiens mon souffle : si je ne respire pas, aucun risque que le chloroforme ne fasse effet.

- Du calme, petite serveuse, déclare la voix d'un homme. Il porte des vêtements sombres et des gants.

Il est doté de cheveux blonds presque blancs et ses yeux sont si clairs qu'ils s'harmonisent à la perfection avec sa crinière en bataille.

Ma poitrine se soulève, j'ai de plus en plus de mal à retenir ma respiration. Sans me lâcher, il glisse la main gantée dans la poche de sa veste. Mon hurlement est étouffé quand il enfonce l'aiguille dans mon bras.

J'ai vaguement conscience de plusieurs choses quand je reprends connaissance. Je ne suis plus sur un lit, mais sur un espace étroit et dur qui bouge beaucoup. Sûrement une voiture, un coffre de voiture.

Mes yeux sont bandés, ainsi que ma bouche, et mes mains sont retenues derrière mon dos.

Durant le trajet, je tombe plusieurs fois dans les vapes.

La Pieuvre De L'ombre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant