Chapitre 17: La chaleur de ton corps

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C'est bientôt mon anniversaire mais je ne veux pas y penser. Ça me fait mal rien que de me dire que ma mère était venue passer deux semaines avec moi pour que je ne sois pas seul en ce jour spécial.
Pour être honnête, depuis que j'ai dépassé la barre des 18 ans, je déteste mon anniversaire. Chaque année qui passe me rappelle simplement que je prends de l'âge et que je n'ai rien accompli. Si je devais avoir un entretien avec la petite fille pleine de rêve en moi, elle serait affligée de constater la femme sans ambition que je suis devenue.

J'ai passé toute la journée avec papa à l'hôpital, il s'est réveillé et il est très loquace comme toujours. Je n'ai toujours pas eu le courage de lui parler de maman et de toute façon, son médecin m'a conseillé de ne pas le brusquer.

Je pose mon livre sur la table près du lit de papa avant de me diriger vers la sortie. J'ai besoin d'un café pour rester éveillée. Il est 23 heures. Les heures de visite étant terminées, l'hôpital a retrouvé un calme angoissant.

Je ne croise personne en longeant le long couloir faiblement éclairé, digne d'un film d'horreur. Un frisson glacé parcourt l'échine, j'ai l'impression que mes converses font un bruit anormal sur les dedales.
Je me dirige vers la salle où il y a les machines à café et les distributeurs automatiques.

Je n'ai pas vu Cass depuis que papa a été admis à l'hôpital. Quand je rentre chez Giacomo, soit ils sont sortis soit ils dorment, mais elle est venue voir mon père deux fois en apportantavec elle des fleurs. Cass, sous ses airs froids, est très gentille. Je n'ai toujours pas réussi à comprendre la subtilité de sa relation avec Giacomo. Elle travaille comme son assistante et ils sont tout le temps ensemble, faisant tout en équipe depuis qu'il l'a sortie de ce bordel, comme elle me l'a confié. Giacomo a dû la racheter à une somme astronomique à son proxénète.
Mais je sais que leur relation n'est pas que professionnelle, du moins si j'en juge par la façon dont il la regarde. Cass semble aussi en pincer pour lui seulement, ils ne dorment pas dans la même chambre, je ne les ai même jamais vus s'embrasser. Pourtant, il y a quelque chose entre eux, j'en mettrais ma main au feu et la curiosité me dévore.
Emma et son copain viennent de moins en moins à l'hopital, ils profitent de l'île. Il y a au moins des gens que cette situation arrange. Je dois avouer que si les choses avaient été différentes, moi aussi j'aurais profité à fond des magnifiques paysages de cette île et de la plage surtout. Mais je suis légèrement amère envers ma sœur, elle a presque failli me décapiter quand je lui ai annoncé la mort de maman, mais elle ne semble préoccupée ni par elle, ni par papa. Je passe mon temps à trouver des excuses à ma sœur auprès de lui.

Je refuse de me l'avouer, mais ces derniers jours, je pense de plus en plus au démon. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il me manque, mais ça fait bizarre de ne pas le voir. Une semaine sans le comte Dracula, ça me fait vraiment bizarre, je me demande quelle âme innocente il est en train de hantée.

Je croise un infirmier dans le couloir, assurément le plus beau de toutes les personnes de l'hôpital. Je l'ai surnommé Zeus en raison de ses yeux perçants et de sa barbe fournie. Il n'arrête pas de me faire des clins d'œil à chaque fois qu'on se croise, et ce matin, en prenant la tension de mon père, ce dernier a fait un commentaire sur lui et sur les merveilleux petits enfants que je lui donnerais si je me mariais avec un homme aussi beau et aussi poli.

Mon père est naïf. Vu la façon dont il me regarde, oui, il veut me séduire, mais les enfants, par contre, resteront dans le préservatif. Je pénètre dans ma pièce, des distributeurs automatiques. Elle est immense et froide comme le reste de ces lieux. Il y a un comptoir où sont posés plusieurs gobelets en plastique, du sucre et plusieurs machines à café. Les distributeurs prennent tout un mur et il y a même une table et des sièges en plastique, d'autres sièges vissés au mur. Les murs ont une horrible couleur verte qui vous arrache la vue.
Après un instant d'hesitation, je me décide pour un paquet de chips nature, une bouteille d'eau et un Red Bull. Je suis en train de mettre une pièce dans l'un des distributeurs quand je me retrouve soudainement dans le noir. Merde, c'est quoi ça ?

La Pieuvre De L'ombre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant