Chapitre 41: Celui qui parle avec son silence

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Je suis la première à me lever, alors je décide de préparer le petit-déjeuner pour m'excuser auprès de tout le monde. Après le remue-ménage de la veille, cela ne serait pas arrivé si je n'avais pas eu le malheur de sauter par-dessus bord.

J'entre dans la cuisine, plongée dans le noir. Rien de tel que de la bonne nourriture pour remettre tout le monde d'aplomb.

J'allume la lampe et sursaute en étouffant un cri. Bon sang, j'ai failli avoir une attaque !

Riccardo est installé dans un coin de la pièce, un verre d'alcool à la main. Il est vraiment passé à la vitesse supérieure. Le soleil ne s'est même pas levé, comment peut-il déjà être en train de boire ?

Au moins, il ne fume pas. Juste à ce moment, il sort son paquet de cigarettes et en prend une. J'ai envie de balancer son paquet, son verre et lui-même dans l'océan, mais ça ne me regarde pas. En fait, j'espère qu'il continuera comme ça, ça me débarrassera de ses problèmes !

– On arrive bientôt sur Marzamemi.

Que dois-je faire de cette information ?

Je me contente de hocher la tête quand sa voix brise le silence. Je lui en veux toujours d'être parti après ce qui s'est passé dans la cabine. OK, Riccardo est le genre d'homme qui passe d'une fille à une autre sans état d'âme, mais je ne suis pas comme ça. C'est peut-être ridicule, mais je crois en l'amour, et si j'ai conservé ma virginité jusqu'à présent, c'était dans l'attente d'une personne qui en vaut vraiment la peine. Cette personne n'était clairement pas Adrian Leblanc. Après ce qui s'est passé la veille, je me rends compte que Riccardo ne mérite pas non plus des miettes de mon affection. Je ne m'attends pas à ce qu'il me fasse des promesses, mais j'estime mériter un minimum de respect. Je ne sais pas ce qui se passe entre lui et Dante, mais je refuse d'être la fille que Riccardo utilise pour faire du mal à ce dernier. Il me regarde avec attention, alors je traverse la pièce. Je cherche de la farine dans le placard et des œufs.

– Tu veux de l'aide ? Sans attendre ma réponse, il prend le bol contenant la pâte que je bats énergiquement.

– Merci !

Il hoche la tête. La tension entre nous est palpable. Je suis partagée entre l'envie de quitter la cuisine à cause du silence insupportable et celle de le briser, mais je suis tellement en colère que je risque d'exploser si je commence à parler. Nous préparons donc les pancakes dans un silence de mort. J'ajoute les œufs à la pâte, puis le beurre et le chocolat blanc fondu au micro-ondes avant d'ajouter de l'essence de vanille.

Nos yeux se croisent, et je me détourne, sentant mon visage s'échauffer. Riccardo tend la main, me prenant par surprise, et me tapote la joue. Je fais un bond en arrière et laisse tomber la louche sur le sol.

– Calme-toi, je ne mords pas, tu avais de la farine ! Plusieurs images se superposent dans ma tête : lui mordillant mon téton avant de disparaître entre ses lèvres, puis lui faisant subir le même sort à une autre partie de mon corps. Je laisse échapper un faible souffle, et je sens une chaleur monter. Dans mes souvenirs, il mord !

– Ta respiration s'est accélérée, note-t-il en inclinant la tête sur le côté. Agacée, je lui lance une coquille d'œuf.

– Arrête de m'analyser ! Il pince les lèvres comme pour se retenir de sourire, ce qui décuple ma rage.

Bordel ! Si je continue comme ça, il me faudra un autre plongeon dans l'océan. Pour me donner de la contenance, je me dirige vers la plaque de cuisson que je mets en marche avant de récupérer une poêle antiadhésive. Ça aurait été facile, surtout plus rapide avec une machine adaptée, je n'ai aucune envie de passer toute la matinée en sa compagnie. Riccardo en rajoute en prenant la parole.

La Pieuvre De L'ombre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant