XI: Faire front

13 5 0
                                    

Juliette

Je ne dormais pas. J'avais pleuré les 3 heures qui avaient suivies ma vision. Le reste de la journée avait été parsemée de désarroi et de mal-être. Elinel et Aerin étaient venues me voir mais je n'avais pas bronché et était restée dans mon mutisme. Elles n'ont pas longtemps tenté de me faire parler. Aerin avait traîné son amie hors de ma chambre en lui disant que j'avais sûrement besoin d'espace. Voron m'avait apporté des ouvrages parlant d'aventure, en me disant qu'ils pourraient m'intéresser. Je n'avais rien dit. Tout de suite, maintenant, j'avais surtout pour souhait d'être dans le coma et que j'allais finir par me réveiller. J'avais essayé de ne plus trop y penser. Essayer d'avancer. Ma mère l'aurait voulu, plus que tout j'en suis sûre. Mais la vue de ces souvenirs m'ont meurtrie. Ils étaient là ! Avec moi ! Ils ne pouvaient pas avoir disparu pour toujours, c'était impossible. Je n'avais plus de famille, plus personne. Une larme coula de nouveau sur ma joue. J'attrapais le chapelet que j'avais autour de cou.

- Je ne vais pas y arriver maman. murmurais-je, je suis désolée c'est au-dessus de mes forces.

Assise sur le rebord de ma fenêtre et la tête posée contre la vitre. Je regardais la pluie dégouliner le long de cette dernière. Voyant la buée se former au rythme de ma respiration, je reniflais et me cala davantage contre le mur.


Voron

Assis sur le canapé, je regardais les flammes de la cheminée consumer la bûche. Je songeais à comment la petite avait réagi face à ce souvenir. Après sa crise de larmes, j'ai demandé à Samuel de la raccompagner jusqu'à sa chambre, pour qu'elle puisse se reposer. J'ai également demandé à ses dames de chambre de lui tenir compagnie dans l'après-midi. J'attendais ces dernières pour qu'elles puissent me dire si elle allait mieux. J'ai été trop occupé aujourd'hui, pour lui rendre visite. On toqua à la porte, je me levais donc pour aller ouvrir. Sur le seuil se tenaient Aerin et Samuel, qui entrèrent à ma suite.

- Asseyez-vous, leur dis-je en désignant la grande table.

Je pris place en face d'eux. Ils avaient l'air gênés mais essayaient de ne pas le montrer. Je les regardais quelques secondes avant de me décider à briser le silence.

- Comment va- t-elle ? demandais-je à la jeune femme.

- Pas très bien mon seigneur. Ce souvenir l'a beaucoup secouée. Elle refuse de parler.

- C'est légitime. Elle a tout perdu, on ne peut pas exiger d'elle qu'elle se comporte comme si de rien n'était, dit Samuel.

- En effet. Je ne comprends pas pourquoi elle ne se rappelle pas de tout.

- C'est peut-être le choc... son esprit veut oublier ce qu'elle a vu cette nuit-là, ce qui serait logique, dit Aerin.

Je réfléchissais à ce que l'on pourrait faire pour qu'elle aille mieux. Le deuil allait être dur. Elle semblait avoir accepté la chose, mais je commence à penser que c'était surtout le déni.

- Qu'est-ce qu'on peut faire mon Seigneur ? demanda le garde.

- Je ne sais pas.

- Il faut stimuler son esprit. Essayer de lui trouver une motivation. dit Aerin. Je peux peut-être lui apprendre le combat et le tire à l'arc.

- Pourquoi faire ? dit soudainement le garde.

- Ne pensez-vous pas qu'elle risque d'en avoir besoin ? Ce n'est pas une froussarde, ça se voit. Je peux lui apprendre.

- Vous avez la capacité émotionnelle d'une huître. Vous n'allez que lui rendre la tâche plus compliquée. Je peux lui apprendre si vous voulez mon Seigneur.

L'illégitimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant