L'illégitime

XXII: Tâche

Ary

J'attendais aux côtés de mon père dans ses appartements. Il avait requis ma présence ainsi que celle de Josy, la dame de chambre qui s'occupait régulièrement de Juliette. Je me servis un verre d'eau et regarda le feu de cheminée danser contre les parois de briques. Mon père ne pipait pas un mot depuis mon arrivée, il ne m'avait même pas demandé comment se passait ma mission avec Aerin... Peut-être voulait-il en parler plus tard ? Ceci étant dit, la tâche était plus compliquée que prévu. Aerin semblait se douter de quelque chose, de plus, elle m'intéressait réellement. Quand cette histoire sera terminée, j'espère qu'elle restera à mes côtés. Beaucoup de souverains désireraient une femme telle qu'elle pour maîtresse.

Quelqu'un toqua à la porte, Père hurla à la personne d'entrer. Josy avança dans la pièce, le regard inquiet. Je me levais et lui fit signe de s'asseoir sur le fauteuil en velours. Mon père ne lui prêta aucune attention et continua sa contemplation, de je-ne-sais-quoi d'ailleurs.

- Voulez-vous boire quelque chose, Josy ? demandais-je pour briser le silence.

- Non merci, votre Majesté.

Je m'assis de nouveau sur le canapé et attendit que mon père se décide à parler. Josy triturait le tissu de sa robe nerveusement. Elle devait se demander si elle avait fait quelque chose de mal. Après quelques minutes de silence, je me décidais à briser la glace:

- Josy... Si on vous a fait venir ici c'est pour vous confier une tâche importante. Il est vrai que sa Majesté, mon père et moi avons beaucoup de soupçons sur notre nouvelle invitée. Non pas qu'elle ai fait quelque chose de mal mais... Nous aimerions savoir comment elle s'adapte, comment elle se sent. C'est surtout, eh bien que son arrivée nous pose vraiment problème. Encore une fois, pas sa présence mais bien la façon dont elle est arrivée jusqu'ici.

Josy ne dit rien et se contenta de me regarder, les yeux légèrement écarquillés. Forcément, pour elle cette demande devait sortir de nulle part, et évidemment qu'elle devait se demander ce que cela signifiait. En soit, ce que je venais de lui dire n'était pas vraiment un mensonge, il fallait qu'elle soit attentive à Juliette mais également à ses agissements, c'est tout ce qu'on lui demandait.

- Mais, votre Majesté, si je puis me permettre Dame Juliette est une jeune fille encore très bouleversée. De plus, je ne pense pas qu'elle sache quoi que ce soit sur son arrivée ici. Je ne suis pas certaine...

- Nous ne vous demandons pas votre avis. Ce n'est pas une requête, mais un ordre, tonna mon père. Je veux connaître ses agissements, et si elle vous parle de quoi que ce soit, je veux qu'on vous veniez me le dire immédiatement. Est-ce bien clair ? Sinon les deux gamins que votre fils à laissé derrière lui seront pendus devant la porte de leur mère. 

La servante baissa les yeux sur ses mains tremblantes et hocha la tête. J'aurais voulu dire à mon père que ces menaces n'étaient pas nécessaires, mais il semblait se comporter différemment avec moi désormais. Il n'était plus aussi austère à ma présence ou à mes moindres faits et gestes.

- Sortez d'ici maintenant !

Josy ne se fit pas prier deux fois et sortit en vitesse de la chambre, me laissant seul avec mon géniteur. Celui-ci se tourna enfin vers moi et me dévisagea avant de se redresser:

- Comment cela avance-t-il ? demanda-t-il, si bien que je compris de quoi il voulait parler.

- Bof, elle semble pas aussi naïve que je le pensais. Mes questions lui soulève des questions, il faut que je sois plus subtile.

- Tu ferais mieux oui. N'oublie pas ce qu'il y a à la clé, mon grand.

Mon grand. Il ne fallait pas que je relâche mes efforts maintenant. Aussi étant dit, peut-être devrais-je me rapprocher d'autres personnes. M'en faire des "amis". Il fallait que j'use de mes capacités.