XVIII: Le Bridge

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Voron

Je fis entrer Samuel qui s'avança près de Wilwarin. Les deux hommes se serrèrent la main et s'assirent côte à côte. Je m'avança et pris place en face d'eux, Samuel avait dit vouloir m'avertir d'un possible problème. Il avait demandé la présence du second de mon fils pour une raison qui m'échappait.

- Alors ? Que se passe-t-il ? dis-je.

- Désolé de vous déranger mon Seigneur mais, Erik commence à être un problème.

- N'est-ce pas le cas depuis le début? Cet homme a un sérieux problème, répondit Wilwarin.

- Si, mais il a menacé Juliette, Aerin et Eli dans le couloir ce matin. Il a fait des remarques très déplacées et j'ai dû m'interposer. Si je n'avais pas été là... Après il y avait Aerin mais... Je ne sais pas de quoi cet homme est capable.

- Petite vermine, pour qui se prend t-il ! Elle est sous la protection d'un grand Seigneur, il n'a aucun droit ! cingla Wilwarin.

Il avait raison, mais il était clair que le Roi devait lui révéler ses soupçons à mon sujet. Carlisle était loin d'être un idiot, il était certes, très parano, mais il voyait clair dans mon jeu. Rien que le fait que les hommes d'Uldon ne se rendent pas à l'Est comme prévu attestait notre point de vue au sujet d'Aidon et Daylon.

- Il faut le surveiller votre Grâce. Je ne lui fais pas confiance, je peux m'en charger si vous voulez... proposa Samuel.

- Oui. Mais vous ne l'impressionnerez pas seul. Je vais demander à Uldon de faire venir Magor ici. S'il y a bien quelqu'un susceptible de faire peur à ce serpent c'est bien lui.

Les deux hommes hochèrent la tête. On toqua à la porte qui s'ouvrit quelques secondes plus tard, laissant apparaître mon fils. Il avança prestement vers nous, à bout de souffle:

- Daylon ! Il a décapité le Seigneur Jorna qui occupait les campements de Morväjin ! Ses troupes ont décimé les hommes venus pour défendre le Nord. Quand le Roi saura que les miens n'y étaient pas, il sera furieux ! Père, il faut que nous choisissions qui nous allons soutenir !

Je soufflais avec résignation. Daylon était le plus fougueux des fils de Balon, tandis qu'Aidon serait plus dans la réflexion. Je n'étais pas contre qu'ils héritent de la demeure de leur mère, c'est chez eux après tout, là où ils ont grandi... Mais si je disais cela au Roi, il risquerait d'envoyer ma tête hors des murailles.

- Père ?

- Je réfléchis Uldon...

- Père, il est hors de question que j'envoie des hommes tuer mes neveux. Ce sont peut-être des bâtards mais ils ont mon sang qui coule dans leur veine, et ils sont chez eux ! De plus, nous ne pouvons pas faire ça à...

- Je sais ! cinglais-je, en me levant. Je réfléchis, veux-tu bien te taire cinq minutes, s'il te plaît ?

Mon fils alla s'asseoir près de Wilwarin qui posa sa main sur son épaule en guise d'apaisement. Je me frotta le front et alla me servir du vin, cela m'aidait à réfléchir. J'avais passé du temps avec ces garçons avant l'attaque d'Almach, mon fils, Balon, voulait que je les connaisse. C'étaient des enfants bien élevés, pour qui leur mère avait un amour profond. Je les appréciais, malgré les années où l'on ne s'était pas vus, je ne pouvais me résoudre à prendre leur vie.

- Je vais leur envoyer une missive, pour les prévenir, dis-je, enfin.

- Les prévenir de tout ou seulement du Roi ? demanda Samuel.

- Le Roi sera suffisant. S' ils savent tout ils viendront ici, et je ne donne pas chère de leurs peaux. Juliette doit venir dîner, dis-je, pour changer de sujet. Uldon tu restes avec nous ?

L'illégitimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant