XXI: La Visite

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Juliette

Je m'habilla simplement aujourd'hui, Voron voulait m'emmener dans les rues de la ville pour me montrer "l'art du peuple", selon ses dires. Les filles n'étaient pas là aujourd'hui, c'était comme leur jour de congé, cependant Josy était là. Elle était en train de ranger les draps propres dans l'armoire près de la fenêtre. Je concentrais mon attention sur elle, je me demandais quel genre de vie elle menait maintenant. Elle n'avait plus son fils et ne semblait pas mariée, ou alors elle retirait sa bague pour travailler. Elle déposa délicatement chaque linge dans les étagères en bois, mais elle finit tout de même par se rendre compte de mon regard insistant:

- Tout va bien ma Dame ? demanda-t-elle alors.

- Oui... J'ai fini de m'habiller. Samuel ne devrait pas tarder maintenant.

Au même moment, des coups se firent entendre contre la porte. Josy alla ouvrir et laissa entrer le garde. Ce dernier me dédia un sourire, que je lui rendit. Josy partit chercher mes bottes et les posa près d'une chaise. Je les enfila en vitesse et me leva:

- Bon... Je pense que je suis prête.

- Le Seigneur Voron vous attend en bas, ma Dame.

- Bien, je sortis avec Samuel après avoir souhaité une bonne journée à Josy.

Samuel referma la porte derrière nous et avança à mes côtés.

- Vous venez avec nous ? demandais-je.

- Oui, je ne peux pas vous laisser seuls en pleine ville.

- Je me demande bien ce que nous allons faire. Qui a-t-il d'aussi intéressant là-bas ?

- Vous verrez bien... Mais si vous voulez mon avis, pas grand chose, me dit-il avec un sourire, mon Seigneur veut peut-être juste vous montrer autre chose que ces murs.

- Et je lui en suis reconnaissante. Ce château est d'un ennui...

Il me regarda attentivement et se pencha en signe de confidence:

- Vous allez bien ? Je veux dire... Mieux ?

- Oui... Enfin j'essaye de penser que... Les choses sont faites ainsi, même si... C'est plus qu'injuste.

- Je suis désolé...

- Ça va. Ne vous en faites pas. Mes entraînements avec Aerin me font du bien et... Je suis contente d'être tombée avec des gens comme vous. J'aurai pu tomber avec le nécromancien là...

Samuel fut secoué d'un rire nerveux avant de détourner le regard. Je le pensais quand je disais que j'étais heureuse d'être avec des gens comme eux. Déjà que ma situation était, même si j'essayais de ne plus me morfondre autant, plus que douloureuse. Le garde me demanda comment se passaient mes entrevues avec Aerin, je lui racontais qu'elles étaient plutôt difficiles, surtout qu'elle ne se laissait pas attendrir facilement. Quand j'étais fatiguée, elle avait tendance à me pousser dans mes retranchements jusqu'à ce que la douleur même m'arrête.

- Aerin est une tête brulée, mais elle veut que vous réussissiez, sinon elle n'aurait pas proposé, dit Samuel posément.

- Oui je sais. Ça se passe mieux j'ai l'impression.

Erik passa devant nous à une intersection, et nous dévisagea avec dureté. Mon voisin l'ignora mais un frisson désagréable remonta le long de mes bras. Ce type semblait rassembler toutes les cellules liées au dégoût et les attirer vers lui. Je ne comprenais pas comment il pouvait être toujours en vie avec ce genre d'attitude et de personnalité.

Samuel s'arrêta devant la grande porte et m'ouvrit le passage. Je lui souris en remerciement et descendis les escaliers jusqu'aux silhouettes situées près de la grille. Voron était en train de parler avec un jeune homme que je ne connaissais pas. Il était brun et assez grand, bien plus que son interlocuteur; il était bien bâti et habillé de noir, son regard sérieux lui donnait un air mystérieux, presque charismatique. Malgré leur conversation agitée, tous deux se tournèrent vers nous. Le plus âgé des deux me sourit et s'approcha pour poser sa main sur mon épaule.

L'illégitimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant