Les aventures de Cyra - Une histoire Esprits Criminels

5 - Cinquième partie

La voix de Spencer lui parvint, étouffé.

- Cyra ? Est-ce que tout va bien ?

Il avait la chambre juste à côté de la sienne, il avait dû se rendre compte que l'eau coulait, coulait, sans cesser.

- Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? Ou peut-être que tu préfères que j'aille chercher quelqu'un d'autre ?

Le ton de sa voix était incertain, même aux oreilles de Cyra. Cela lui permit de reprendre contenance. Doucement, elle se vit fermer le robinet, elle dégoulinait. Elle sortit de la cabine, ignorant le regard que son reflet posait toujours sur elle, et ouvrit la porte.

Nez à nez avec Spencer, elle vit son visage viré au pourpre alors que ses yeux faisaient de son mieux pour rester focaliser sur son visage.

Gentiment, quoiqu'avec embarras, il la repoussant légèrement dans la salle de bain pour se saisir d'une serviette dans laquelle il l'enveloppa.

- Tu vas attraper froid.

- Tu as besoin de quelque chose ? demanda-t-il toujours sur le même ton doux.

Le visage enfouit contre le torse de Spencer, Cyra secoua la tête en signe de négation. Pour l'instant, elle avait juste besoin de rester un peu plus longtemps, serrée contre lui malgré le froid qui recouvrait sa peau humide de chair de poule.

Le jeune homme, joue contre joue, pratiquement, entreprit de lui frotter le dos, autant pour lui témoigner sa présence que pour la réchauffer. Doucement, ils finirent par se dandiner sur place dans ce qui aurait pu être, en d'autres circonstances, un slow très romantique.

"Take my hand, take my whole life too, for I can't help, falling in love with you..." se mit à fredonner doucement Spencer. Chanter n'était pas son truc, pas qu'il soit particulièrement mauvais, ni bon. Seulement, avec Cyra, tout prenait une dimension nouvelle et la crainte et la timidité s'envolait. Elle avait ce pouvoir-là.

"For I can't help, falling in love with you..." reprit-elle, imitant l'accent du King par la même occasion.

- Incroyable tout de même, remarqua-t-elle, un sourire dans la voix ; qu'on ait réussi à trouver les deux seules personnes de notre génération à aimer autant des chansons plus vieilles que nos parents.

Cyra avait séché ses yeux, et, la tête légèrement rejetée en arrière, elle posait désormais sur lui un regard plein de malice. Parce que c'était ce pouvoir-là que détenait Spencer, sans même sans rendre compte : tout, de ces gestes à ses mots, pouvait apaiser le cœur de Cyra.

Inconscient du piège qu'elle lui avait lancé, Spencer fronça les sourcils, un air de confusion sur le visage.

- La chanson d'Elvis est sortie en 1961. Mes parents étaient déjà nés, tous les deux, corrigea-t-il. Et les tiens aussi, d'ailleurs. Enfin, je suppose... puisqu'on a le même âge, 26 ans ; alors, même à supposer que tes parents t'aient eu à 20 ans, ce dont je doute puisque tu as deux frères plus âgés, ils étaient forcément nés en 1961 et... tu te moques de moi, c'est ça ?

Cyra secoua la tête, glissant ses bras autour du cou de Spencer tout en continuant à se balancer doucement d'un pied sur l'autre.

- Je te taquine, c'était une blague. Seulement pour te faire parler : j'adore t'entendre te lancer dans des discours passionnés. Surtout que, félicitations Sherlock, tu as eu la bonne déduction. Il y a juste une petite erreur...

Le jeune homme gardait une main fermement serrée sur la serviette de Cyra ; si elle ne craignait pas de la voir tomber, lui préférait rester prudent.