Tome 2 | Chapitre 1 : Bienvenue en enfer

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Point de vue Bonnie :

Les jours se suivent et se ressemblent. Ils n'ont aucune saveur, si ce n'est celle de l'amertume et du dégoût.

Et un peu celle du goût métallique dans ma bouche.

Je n'ai toujours pas été autorisée à quitter cette chambre qui est devenue mon mausolée.

Ma dernière demeure.

«Je suis désolé...», avait-il dit.

J'observe la vaste chambre sombre, baignée dans une lumière qui peine à percer les rideaux épais de velours noir. Je les maintiens constamment fermés. À quoi bon voir le soleil se lever et se coucher ? Même la lune ne m'intéresse plus.

Le grand lit à baldaquin trône fièrement dans l'espace, drapé de soieries sombres et de broderies complexes. De grands tapis aux motifs anciens habillent le sol en vieux parquet, strié d'interstices d'usures.

Les murs sont ornés de tableaux de paysages sombres et de portraits austères, venus d'un autre temps. Est-ce que ces personnes ont réellement existé ? S'agit-il de mes ancêtres ?

La bâtisse est très ancienne et mal isolée. Quand le vent souffle, je l'entends s'engouffrer dans les murs et les combles. C'est la même chose pour la pluie. Parfois, j'ai l'impression que la charpente va me tomber sur la tête et m'engloutir toute entière.

Secrètement, j'espère que ça finira par se produire.

«Je suis désolé...», avait-il dit.

Je ne suis pas en colère.

La colère, c'est pour les vivants. Mais, moi, je suis morte de l'intérieur.

Quand j'y pense, j'ai reçu le coup de grâce que je méritais.

La traîtresse est devenue la trahie.

Non, je ne suis pas en colère.

Parce que, je sais qu'à l'heure actuelle, il paye déjà pour sa trahison. Tout comme je paye pour la mienne.

On se ressemblait tellement, toi et moi.

Mon regard se perd sur la mosaïque de bleus, de violets et de jaunes qui maculent ma peau. Tous mes muscles sont engourdis. Ma bouche est sèche.

Lorsque j'entends la clé qu'on tourne dans la porte, je ferme quelques secondes les yeux et inspire profondément.

Je fais le vide dans ma tête. Je commence à me dissocier de mon propre corps.

Je sais ce qui m'attend, mais je suis prête.

Les secondes s'étirent, mais je n'entends pas les bruits de pas. Je ne perçois pas la présence de mon nouvel assaillant, et les coups ne viennent pas.

Perturbée, j'ouvre un œil, puis l'autre, et découvre l'un des soldats de Christian. Il ressemble à tous les autres : grand, bien bâti, vêtu d'habits noirs, armé jusqu'aux dents. Le visage impassible, les épaules bien droites et le regard perçant, imprégné d'une froideur calculée.

La peau maculée d'encre noire, de balafres mal soignées et de cicatrices en tout genre. Le stéréotype même du gangster dans toute son excellence.

Les premiers jours, je n'ai pas pu ordonner à mon corps de rester stoïque face à ces soldats impitoyables. Les battements de mon cœur battaient à la chamade. Des sueurs froides me transperçaient de part en part. Tous mes muscles se contractaient. Mon estomac se tordait.

J'étais terrorisée et plus orpheline que jamais. Je n'ai jamais eu autant besoin de ma mère qu'à cet instant précis, mais la seule chose que j'avais récolté, c'était la présence de cette figure paternelle qui me révulsait.

LA MARQUE | TOME 2 [DARK ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant