LA MARQUE | TOME 2 [DARK ROMANCE]

Tome 2 | Chapitre 18 : Régression

Point de vue Bonnie :

— Jaw ! Je l'interpelle alors qu'il se dirige vers les jardins. Est-ce que tu as réussi à faire sortir Ava ? Est-ce qu'elle va bien ?

Il se tourne vers moi, son visage impassible. Pas de sarcasme ou d'ironie. Juste un regard glacial.

— Espère-le seulement, parce que c'est tout ce que je te donnerai, lâche-t-il froidement.

Puis, il reprend sa route alors que mes yeux s'écarquillent.

Qu'est-ce que... ?

— Qu'est-ce que ça veut dire, Jaw ?

II ne me répond pas tout de suite, poursuivant son chemin d'une démarche assurée.

— Jaw ! Je répète plus fort.

À nouveau il fait volte face, plantant son regard noir dans le mien.

— Ça veut dire que j'ai besoin que tu me lâches, répond-il sèchement, ses mots tranchants comme des lames de rasoir.

Mes yeux s'écarquillent sous l'effet de la surprise alors que j'essaye mentalement de rassembler les pièces du puzzle. Qu'est-ce que j'ai raté en l'espace de quelques jours quand j'étais prisonnière de la cave ? Où est passé le Jaw qui me considérait un tant soit peu ? Ou du moins, celui qui semblait plus réceptif que ça ?

Mais mes questions ne trouvent pas de réponses tandis qu'il reprend sa route, me laissant planter au milieu du chemin en gravier, incrédule.

Trois jours.

C'est le temps que j'ai passé enfermée dans ce fichu sous-sol. Trois jours. Est-ce suffisant pour qu'une personne change du tout au tout ? A-t-il seulement changé ? Après tout, je ne le connais pas vraiment, n'est-ce pas ?

Ma respiration se bloque dans ma gorge lorsque l'un des soldats me saisit fermement par le bras, appuyant sur les marques récentes laissées par le fouet sur ma peau.

— Le chef veut te voir, dit-il simplement.

Il me tire en avant pour m'entraîner à sa suite alors que je me laisse faire.

Les pensées me submergent.

Qu'est-ce qui lui prend ? Pourquoi m'a-t-il parlé de cette façon ? Est-ce qu'Ava est en sécurité maintenant ?

Ma gorge se noue davantage à mesure que les différents couloirs défilent et que les questions s'accumulent.

«Espère-le seulement, parce que c'est tout ce que je te donnerai».

Qu'est-ce que ça veut dire ?

Le soldat me pousse négligemment dans le bureau de Christian, installé sur son fauteuil. Les faibles rayons du soleil filtrent à travers les carreaux abîmés par le temps, accentuant les quelques cheveux blancs de mon père.

Pendant quelques secondes, il me toise sévèrement, mais moi, je ne le vois pas vraiment. Je suis trop happée par le tumulte émotionnel qui m'assaille. Mentalement, je visualise les parties du puzzle, mais trop de pièces sont manquantes. Je ne parviens pas à l'assembler. Je ne parviens pas à le compléter.

Je suis totalement coincée.

— Ma petite guerrière, as-tu pris le temps de réfléchir aux conséquences de tes actes ? Me demande-t-il mollement, l'air détaché.

Je reporte mon attention sur lui, mon regard sombre se plantant dans le sien.

Puis, je prends une profonde inspiration, stabilisant le tremblement de colère qui menace de s'emparer de moi.