LA MARQUE | TOME 2 [DARK ROMANCE]

Tome 2 | Chapitre 22 : Marcus/Scott

Retour dans le passé

Point de vue Jawbreaker :

— Tu avais dit qu'on irait au cinéma, murmure Marcus d'une voix plaintive.

Maman lui offre un sourire empreint de tristesse, puis s'accroupit pour se retrouver à sa hauteur. Elle glisse tendrement sa main dans ses cheveux bruns, les ébouriffant légèrement, ce qui suscite une grimace de mécontentement chez Marcus.

Il fronce les sourcils dans une moue boudeuse. Maman penche la tête sur le côté, ses cheveux châtains retombant en cascade sur son épaule. Ses traits sont tirés, des cernes violacées accentuent le doré de ses yeux.

— Je sais, mon chéri, murmure-t-elle de sa voix la plus douce. Mais ce mois-ci, l'argent est un peu juste, tu comprends ? Elle lui explique cela avec patience.

Marcus secoue énergiquement la tête, ses sourcils toujours froncés qui témoignent de son caractère bien trempé, même du haut de ses six ans.

— Ce n'est pas vrai ! S'exclame-t-il, agitant nerveusement ses doigts. Tu es toujours au travail, c'est Nanny qui vient me chercher à l'école... Tu as dit que travailler, c'était pour gagner de l'argent.

Un léger silence s'installe dans la petite cuisine étriquée qui compose avec le salon, à peine suffisamment grand pour accueillir un canapé deux places. Le bourdonnement intermittent du réfrigérateur se mêle au bruit lointain des voitures qui circulent à intervalles réguliers dans la rue étroite.

Maman me regarde, ses yeux fatigués cherchant mon soutien alors que Marcus commence à s'agiter.

— Scottie, tu veux bien aller coucher ton petit frère, s'il te plaît ? Me demande-t-elle d'une voix douce, trahissant sa fatigue croissante.

Je lui offre un sourire encourageant avant de me tourner vers Marcus.

— Allons, Marcus, donnons un peu de repos à maman, je dis en tendant la main vers lui.

Il saisit rapidement ma main, ses petits doigts s'enroulant fermement autour des miens alors que nous nous dirigeons vers sa chambre. Il se faufile sous les couvertures de son lit pendant que je prends soin de bien le border.

Ses grands yeux marrons se lèvent vers moi, pétillants d'impatience.

— Raconte-moi une histoire, Scottie ! Implore-t-il avec enthousiasme.

J'attrape le «Le Petit Prince» d'Antoine de Saint Exupéry dont les pages cornées témoignent de son usure, mais c'est l'histoire préférée de Marcus.

Il semble ne jamais s'en lasser.

Je lui adresse un sourire complice et ouvre le livre à la première page pour commencer la lecture.

— Lorsque j'avais six ans j'ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la forêt vierge qui s'appelait Histoires Vécues.

Marcus pouffe en entendant mentionner son âge, et je lui souris tendrement avant de continuer à lire.

— J'ai montré mon chef-d'œuvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon dessin faisait peur.

Il m'interrompt de temps en temps avec ses petites questions et commentaires, mais bientôt, le silence se fait.

Lorsque je lève les yeux, je découvre qu'il s'est paisiblement endormi. Avec précaution, je ferme le livre et remonte sa couverture, puis je dépose un léger baiser sur son front.

Silencieusement, j'allume sa veilleuse et éteins la lumière principale avant de sortir de la chambre, fermant doucement la porte derrière moi.

De retour dans la cuisine, je trouve maman perdue dans ses pensées, fixant l'assiette de pâtes froides devant elle.