Tome 2 | Chapitre 16 : Scott / Jaw

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Point de vue Scott / Jaw :

Deux ans et demi plus tôt.

Les gouttes de pluie s'infiltrent dans la tuyauterie, s'écrasant sur le bitume à intervalles réguliers. La chaleur étouffante de la cave contraste avec l'humidité ambiante qui colle à ma peau. L'odeur de la chair en putréfaction s'insinue dans mes narines, me provoquant une migraine incessante et des hauts le cœur récurrents.

Mais mon estomac est complètement vide. Seule la bile s'échappe de mes lèvres, me brûlant la gorge alors que je peine à respirer correctement.

Les asticots grouillent sur la chair en décomposition dans un ballet macabre. Il n'y a plus que la masse informe de sa chevelure blonde qui la rende encore humaine. Les mouches lui tournent autour, se posant parfois sur ma peau lacérée.

J'essaye de les chasser, de les empêcher de me toucher, mais je suis trop faible pour garder les insectes à distance. Chaque mouvement est un effort monumental, drainant les maigres réserves d'énergie qu'il me reste. La corde qui entrave mes poignets à la tuyauterie froide et humide de la cave me rappelle ma situation désespérée.

Ça fait combien de temps que je suis ici ?

Des jours ?

Des semaines ?

La notion du temps s'est dissoute dans l'obscurité perpétuelle de cet endroit. À côté de moi, le corps en décomposition est un rappel constant de ce qui m'attend.

La peur de finir comme elle me hante.

Chaque bruit extérieur est une promesse de sauvetage, chaque goutte d'eau qui s'infiltre dans la cave, un rappel que le monde continue d'exister au-delà de ces murs de pierre.

Lorsque le bruit métallique du loquet de la porte retentit, je me redresse instinctivement, ma peau brûlée par le frottement des liens, mais l'adrénaline pulsant dans mes veines. La porte grince sur ses gonds, une faible lueur se frayant un chemin dans l'obscurité oppressante de la cave.

Mes yeux, habitués à l'ombre, clignent face à cet afflux soudain de lumière, mais je ne détourne pas le regard. La silhouette qui se découpe dans l'encadrement de la porte est floue, indistincte.

— Qui est là ? Je lâche d'une voix rauque et faible.

Pas de réponse. Seuls les pas mesurés de la silhouette résonnent sur le sol de pierre, s'approchant lentement de moi.

Chaque battement de mon cœur semble amplifié dans le silence tendu qui nous enveloppe.

La figure s'arrête à quelques pas, observant le spectacle de désolation qui s'offre à elle : moi, enchaîné et affaibli, et le cadavre en décomposition à mes côtés.

Puis, dans un geste qui semble durer une éternité, elle s'avance et se penche vers moi.

— Est-ce que tu acceptes enfin de te soumettre ?

Malgré le sang qui obstrue ma vue et le goût métallique dans ma bouche, je plante mon regard dans le sien.

— Non, je réplique fermement, malgré ma voix affaiblie.

Son regard se durcit, le pic à glace continuant de passer de sa main droite à sa main gauche.

— C'est dommage, vraiment. J'avais espéré que tu verrais les choses différemment, après tout ça, dit-il d'une voix basse.

Il analyse mes yeux, cherchant à y déceler un signe de faiblesse, de soumission, de fatalisme. Mais je refuse de lui donner cette satisfaction.

LA MARQUE | TOME 2 [DARK ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant