𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇ℯ 5

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-IAGO-

J'ai une bonne côte à Ambrosia, sauf que ma vie est plus difficile que ce que je décide de montrer.

J'avais six ans et les seuls paroles qui raisonnent encore dans mon esprit depuis sont : «Tu mérites de finir comme ton père espèce de gamin !» et «Ça va aller bonhomme... tante Sally est là pour toi...»
C'est ce qu'elle a toujours fait, veiller sur moi. Tante Sally est une mère pour moi, elle prend soin de moi, me nourrit et me loge alors qu'elle n'était pas contrainte de prendre le flambeau de sa sœur qui est maintenant emprisonnée pour meurtre. J'ai beaucoup d'amour pour Sally et je lui dois toute ma vie.

En ce moment c'est la pire période de ma vie, car demain c'est l'anniversaire de Néah, ma génitrice biologique. Je n'espère qu'une chose d'elle, qu'elle pourrisse en prison.

Ce qui me dérange, c'est qu'elle a le droit de passer des appels téléphoniques de moins de cinq minutes grand max. Je redoute depuis une semaine la vibration de mon téléphone affichant «Jayaura». Je suis paniqué à l'idée de le recevoir. Sally me dit souvent d'ignorer l'appel si je n'en est pas la force, et tous les ans c'est ce que j'effectue, elle décroche à ma place et on en parle plus. Mais je vais avoir 19ans et je suppose que je devrais quand même réussir à prendre au moins un appel dans ma vie avec elle, entre adulte, mais la seule idée d'entendre sa voix me faire suer. Tous les soirs je fais des cauchemars, je me réveille avec le cœur battant à tout rompre, les sueurs froides dans le dos et sur le front ainsi que les larmes coincer entre mes yeux. Cela devient bien trop éprouvant à mon goût. Je redoute depuis 1 semaine la vibration de mon téléphone, affichant «Jayaura», oui, je suis clairement angoissé à l'idée de le recevoir, j'en serais presque apeuré. Est-ce mal ? Bien sûr que oui ! Puisque cela m'affecte inconsciemment au lycée, j'ai du mal à suivre les cours, par mon manque de sommeil.

Quelqu'un me fait sortir de mes pensées cauchemardesque, c'est Lewis, mon meilleur ami.

«-Tu sais que demain y'a une soirée ?, me questionne mon interlocuteur.

-Ouais j'en ai entendu vite fait parler, déclarais-je mou, ça n'a pas l'air ouf non plus.»
Au moment où il ouvre sa bouche, je remarque dans la ruelle à côté la miss des vestiaires, toute seule et qui a l'air un peu perdue. Elle s'appelle comment déjà ?

«-Elle s'appelle comment la fille là ? l'interrogeais-je.

-Qui, elle ?»

Il pointe alors du doigt Aprile.

«-Ouais

-Aprile, elle est dans notre classe. Mais bref, elle est trop chelou cette meuf, puis askip elle aurait déjà violer des gamines-

-Je crois en ce que je vois, je reviens, le coupais-je dans ces explications.»

Le noiraud penche sa tête sur le côté pour me demander ce que je suis en train de faire mais je lui fais un clin d'œil avant d'aller vers elle et lui tapoter l'épaule, mais en guise de réponse je reçois un coup dans mes bijoux, Aïe...

Elle ne m'a pas loupé celle-là ! Elle a de la force !

«-Bien visée Miss...» avouerais-je douloureusement

Elle me scrute du regard avant de répliquer :

«-Encore toi ? Tu me veux quoi enculer ?

-Discuter rien de bien méchant !»

Les autres pourraient penser ce qu'il veulent, moi je la trouve très rigolote. Elle m'insulte tout le temps, elle n'a jamais froid au yeux, elle a de la force, et en plus de tout ça elle est jolie, super !
Finalement, en deux jours j'ai appris pas mal de choses ! je suis sûr je pourrais aller plus loin aujourd'hui tiens.

«-J'ai pas le temps de piailler avec des voleurs, me répond-elle un peu aigri. Il y a une amie qui m'attend.»

Quand elle commence à partir, je la retiens et lui sourit amusé.

«-T'abuse roooh, elle s'appelle comment ton amie ?, me renseignais-je.

-Elle s'appelle "Va faire chier quelqu'un d'autre".»

Je siffle longuement à sa réflexion puis poursuit d'un ricanement amusé pendant que la miss me tourne le dos.

«-On pourra boire un verre ensemble un jour ?, riais-je, curieux d'entendre sa réponse.

-C'est si beau de rêver mais non, ironise-t-elle.»

En s'enfonçant dans la ruelle simplement éclairée de la lune, je la vois ouvrir une portière et avant de monter dedans, me montrer son majeur.
Elle est étrange, mais amusante. Différente ? Pas le bon mot.

Lewis me rejoint pour me demander mon verdict.

«-Intéressante en vrai, je dirais étrangement amusante.

-Tu devrais pas la trouver intéressante, t'es en couple premier degré, imagine si Emelia l'apprend ? Tu vas te faire tuer net ! T'es cuit à point, préviens mon meilleur ami en abusant un peu sur ses paroles.

-Ça va mec, ça va pas la tuer non plus, puis ça va personne m'a vue la fréquenter mis à part toi.»

Nous continuons notre route. Emelia et moi sommes ensemble depuis maintenant deux ans et elle me colle beaucoup trop souvent au lycée. Je ne lui ai jamais parlé de mon enfance, ni à qui que ce soit d'ailleurs, seul Lewis connaît quelque détail qui sait le quart de tout ce qui s'est passé. Par exemple, il sait pour les insomnies à cause de mes cauchemars ou il sait que ma mère réside en prison depuis un moment, sans savoir exactement.
C'est déjà énorme je trouve.

ꕺꕺꕺ

«-Tante Sally je suis rentré !, lui criais-je pour qu'elle m'entende.»

Je la vois se ruer sur moi avec sa crotte sur la tête et un tablier, les mains sales à cause de la cuisine. Elle s'essuie les mains vite fait et me fait son habituelle énorme câlin dit de tout son amour.

«-Tu vas bien mon chéri ? Bonne journée ?

-Comme d'habitude finalement, et toi ?»

Nous échangeons des banalités de nos journées avant que je ne monte poser mon sac et redescende pour l'aider à la cuisine. Quand elle ne va pas bien elle cuisine souvent la même chose, des carbonara, et avec la bonne recette ! Et c'est ce qu'il se passe actuellement. Pourquoi ne va-t-elle pas bien ?

«-Mauvaise journée en fait hein ?, m'exprimais-je curieux de savoir ce qu'il ne va pas. »

Ma tête se pose contre son épaule, s'ensuit un petit regard lui demandant si elle voulait en parler, ce à quoi elle me répond:

«-Je crois bien que mon patron me plait..., avoua-t-elle légèrement gênée.»

Alors là pour une surprise.. Je ne m'y attendais pas..

«-Et bien.. C'est ton droit ?, répondis-je un peu étonné.

-Ça ne marche pas comme ça, m'expliqua la blonde. ça doit rester purement professionnel, on ne doit pas mélanger vie privée et vie professionnelle en même temps. Tu l'apprendras un jour.»

Elle pose le plat sur la table et je l'aide à y mettre ce dont on a besoin. Je pense que c'est la moins pire. La dernière fois qu'elle allait pas bien c'était parce que le chat du quartier est mort, et dieu c'est à quelle point tante Sally l'adorait. Il s'appelait Zelfi... repose en paix petit Zelfi.

Elle est moi vivons que tous les deux, et je sais que j'aurais l'air d'un enfant mais quand mes cauchemars sont plus poussés, je dors avec elle. C'est la seule qui arrive à me calmer et m'attendrir depuis tout petit.

Pendant le repas, j'entend mon téléphone vibrer et mes gestes se stopper net, mon sang se glaçant. Mon corps est pris de tremblement léger mais incontrôlable. C'est maintenant. Ma tante, voyant mon état, s'empare de mon téléphone pour regarder qui c'est. Heureusement que j'ai prévenu de plus m'appeler pendant quelques semaines..!

Easy Girl (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant