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J'eu un moment d'absence, le temps que l'information de Max arrive à mon cerveau ? Venait-il réellement de dire ce que je pensais qu'il venait de dire ? Il savait à qui appartenait ce journal ? Il ne m'en fallait pas plus que je le mitraille de questions.

- Oh, oh, Ash, calmes toi.

- Dis moi à qui c'est alors !

- Vendredi matin j'étais à la bibliothèque et...

- T'étais à la bibliothèque toi ? le coupais-je. Tu sais lire ?

- Je cherchais juste Meg.

- Ah, je me disais.

Meg était une déléguée d'une autre classe, nous faisions théâtre ensemble lorsque j'avais encore pour ambition de devenir acteur. Seulement pour les groupies. Il me semble que Max et elle ont une affaire, du moins c'est ce que j'ai entendu dire et disons que ce que vient de me confier Max ne fait que confirmer ces rumeurs.

- Bref, donc j'étais à la bibliothèque et j'ai vu Ruby Nichols avec ce cahier dans les mains. Tu sais la fille qui a les cheveux bl...

- Je sais qui c'est.

Et en effet, je connaissais Ruby Nichols, en tout cas de nom, c'était une fille de terminale avec les cheveux bleus et verts. D'ailleurs, tout le monde la connaissait au lycée. Elle était assez populaire. Une fille vraiment jolie mais à qui je n'avais pas encore eu l'occasion de parler car elle ne se pointait jamais à aucune soirée lycéenne pour je ne sais quelle raison. Ce serait donc à elle, ce cahier ? Cela ne m'étonnais absolument pas. Elle avait la tête d'une artiste, la tête pour bien dessiner et bien écrire. Le genre de fille qui arrive à déceler une pointe d'humanité même dans les êtres les plus froids du monde rien qu'avec sa plume. Cependant ce qui m'étonnait un peu plus c'est le fait qu'elle puisse se laisser faire comme ça par un gars. Quand on la voit, on a plutôt l'impression que dans le couple, c'est elle qui mène la danse et que tout file comme elle le décide. De plus, si le garçon ne voulait pas d'elle, c'est qu'il devait avoir un sérieux problème parce que même quelqu'un comme Sam ou moi ne pourrait pas la laisser filer. Une fille comme ça on en rencontre qu'une seule dans notre vie.

Après ça, j'attendais impatiemment que la cloche sonne pour que je puisse chercher Ruby et ainsi lui rendre son journal. J'en profiterais pour lui dire tout ce que je pense de ce garçon dont elle ne cesse de parler.

En attendant cela je me remis à ma lecture, ce devait être à la moitié du journal et elle avait dessiné une fille sur son lit qui écoutait de la musique tout en lisant L'écume des jours de Boris Vian, prenant soin de détaillé la couverture le maximum possible.

"Je continue de penser à cette façon si singulière que tu as de me toucher. Nous sommes l'un contre l'autre, peau contre peau, corps contre corps mais nous ne sommes toujours pas assez prêts. Putain, j'aimerais que tu fondes sur moi, que tu deviennes une partie de moi. Mais chaque fois que tu m'ignores dans les couloirs, je me rappelle que c'est seulement la nuit que tout ça se passe et que jamais tu n'agiras de cette manière sous les yeux d'autres personnes. Tu me dis que tu n'as pas honte de moi, tu me dis que tu veux me protéger. Mais me protéger de quoi ? La seule protection dont j'ai besoin, c'est une protection contre toi. Toi et tes yeux émeraudes qui s'enfoncent dans les miens quand seule la lune est là pour témoin."

La cloche sonna et me sortis de mon occupation en me signalant la pause de dix heures. Je remerciais encore Max avant de me mettre à la recherche de Ruby. Des cheveux bleus, ça ne doit pas être si dur à trouver après tout. Je veux dire, elle était bien la seule à avoir des cheveux pareils, elle ne pouvait pas vraiment se fondre dans la masse de cheveux blonds et bruns de la plupart des filles du coin.

Pendant que je la cherchais, je me demandais ce que je pourrais bien lui dire. "Salut, j'ai trouvé ton journal, je l'ai lu et le gars dont tu parles c'est un gros con" ? ou plus soft comme "Hey, je pense que t'as perdu ton journal et j'ai pas pu m'empêcher de le feuilleter et honnêtement, tu mérites mieux". J'avais du mal à trouver la parfaite intro et alors que j'arrivais devant elle pret du second batiment, je n'avais plus vraiment le choix et je devais improviser, n'ayant pas trouvé quoi dire à temps.

Elle était avec des amies à elle à discuter de je-ne-sais-quoi, sans doutes de trucs de filles futiles et sans interets, et je n'avais aucune envie de parler de la raison de ma présence devant toutes ses amies. Et cela m'aurait étonné que Ruby le veuille.

- Ruby ?

Elle se tourna vers moi et planta ses yeux verts sur moi afin de m'examiner de haut en bas. Elle finit par lever les sourcils en signe d'étonnement. Il est vrai que je n'avais pas pour habitude d'aller parler aux gens que je ne connaissais pas, je restais avec ma bande et cela s'arretait là. Elle devait se demander ce que je lui voulait. Et je voyais à son regard qu'elle se serait bien passer de ma présence et qu'elle n'avait aucune envie de passer la moindre seconde avec moi. Comment une personne comme ça pouvait-elle se faire manipuler par un connard qui n'en a rien à faire d'elle ?

Je lui fis un signe de la tête pour lui demander de me rejoindre un peu plus à l'écart du groupe. Elle haussa les épaules avant d'avancer vers moi en soufflant quelque chose à ses amies.

- Alors, qu'est-ce que l'incroyable Irwin me veut ? ironisa t-elle.

Si son regard antipathique et désinvolte pouvait tuer, je crois que je serais mort depuis longtemps. Jamais personne ne m'avait regardé d'une façon si perçante et désagréable. Je décidais d'ignorer ce fait et de me lancer:

- Vendredi j'ai...trouvé un journal genre intime à la bibliothèque et on m'a dit qu'il t'appartenait apparemment.

Le JournalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant